Aspects bibliographiques du paratexte chez Mme de Graffigny – 2[Notice]

  • David Smith

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  • David Smith
    Université de Toronto

Des trois catégories de paratexte établies par Gérard Genette dans son ouvrage pionnier intitulé Seuils, le paratexte bibliographique, ensemble hétéroclite d’aspects, n’est sans doute pas le moins utile aux chercheurs, même s’ils ne sont pas bibliographes. J’ai choisi d’examiner de manière systématique les aspects bibliographiques du paratexte de Mme de Graffigny, comme il est naturel pour quelqu’un qui a consacré plus de trente ans à préparer une bibliographie de ses oeuvres. Le premier volet de mes remarques a fait l’objet d’une communication que j’ai faite il y a deux ans à Vancouver et qui a été publiée dans Lumen. J’y ai traité de certains aspects tels que reliure, ex-libris, faux-titre, page de titre, dédicace, format, signatures et réclames. Le présent article constitue le second volet de mes remarques. J’y étudie le frontispice, les préfaces, la distribution des rôles, les ornements, les estampilles, le papier, l’approbation, le privilège, l’errata, les éditions révisées et les traductions. Un autre but de cette préface est de préparer le lecteur à sa lecture du roman. L’auteure veut profiter de l’exotisme du roman, mais démontrer en même temps que les Péruviens sont des êtres humains comme nous ; par exemple, elle parle de « la sagacité de leur esprit ». Elle doit expliquer également que Zilia a employé des quipos (ou des noeuds de laine) pour écrire les premières lettres, mais qu’elle les a traduites lorsqu’elle a appris le français. (Il est fâcheux que la première lettre de Zilia, écrite en quipos, ait été dénouée par Aza, qui a ensuite utilisé les mêmes quipos pour écrire sa réponse. Mais n’en parlons pas – Zilia savait sans doute sa lettre par coeur). Cette préface est atypique dans la mesure où Graffigny, volontiers moralisatrice d’ordinaire, ne proteste pas ici de la valeur morale de son roman. On s’attend enfin à ce qu’elle explique en quoi son roman ressemble à d’autres romans tels que les Lettres persanes. Elle cite sans contexte la question « Comment peut-on être Persan ? », et mentionne un « crayon des moeurs indiennes dans un poème dramatique », ce qui est, selon une note ajoutée à l’édition de 1752, une allusion à Alzire de Voltaire. Cette préface, révisée pour l’édition de 1752, est généralement conservée dans les traductions. La fin du siècle a témoigné de la quasi-disparition des ornements. On trouve des éditions de luxe de la Péruvienne imprimée sur du papier vélin. Le tirage de ces éditions, dont le papier coûtait cher, était généralement assez limité et le prix relativement élevé. L’émission Bleuet-Didot de 1797 (P.79) sur papier vélin coûtait 12 livres, alors que la même chose sur papier ordinaire ne coûtait que 6 livres. Le filigrane indique parfois le lieu de sa fabrication. Par exemple, un papier avec le filigrane de DUVAL, GÉNÉRALITÉ DE ROUEN est nécessairement rouennais, même si l’on trouve sur la page de titre l’adresse d’Amsterdam (voir P.25, P.27, P.30, P.38, P.41 et P.43). Duchesne a eu du mal à écouler son stock, car de nouvelles émissions, identiques sauf pour le changement de date sur la page de titre gravée, sont publiées en 1753, 1754, 1755 et 1756. On aurait donc tort de croire que ces cinq émissions indiquent la grande popularité de cette édition ; c’est plutôt le contraire. La nouvelle édition de 1760 comporte une Vie anonyme de Mme de Graffigny, dont les auteurs sont multiples – Devaux, Duclos, La Touche, etc. Comme je l’ai dit, on y corrige le plus grand nombre des erreurs figurant dans l’errata de 1752. Cet article n’a ni thèse, ni fil conducteur, ni conclusion. Dans …

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