DocumentationComptes rendus

D’hulst, Lieven, Mariaule, Mickaël et Wecksteen-Quinio, Corinne, dir. (2019) : Au coeur de la traductologie. Hommage à Michel Ballard. Arras : Artois Presses Université, 344 p.[Record]

  • Alexandra Hillinger

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  • Alexandra Hillinger
    Université Laval, Québec, Canada

Comme l’indique la quatrième de couverture « [c]e volume se veut un hommage au regretté Michel Ballard, qui a contribué à fonder la traductologie et à faire de l’étude de la traduction une discipline à part entière ayant peu à peu gagné son autonomie. » Les dix-huit articles qu’il contient ne sont pas consacrés au traductologue lui-même, mais s’inscrivent dans les champs d’intérêt et les travaux de ce dernier, à savoir l’histoire de la traduction, les théories traductologiques et la didactique de la traduction. Rappelons que l’ouvrage fait suite à un colloque organisé en juin 2016 en l’honneur de Michel Ballard. L’introduction est articulée en trois sous-sections, dans lesquelles les responsables de l’édition présentent tour à tour une des facettes de Michel Ballard : l’historien (Lieven D’hulst), le théoricien (Mickaël Mariaule) et le pédagogue (Corinne Wecksteen-Quinio). Premièrement, en tant qu’historien, Michel Ballard se méfiait des idées reçues, considérant avoir la tâche d’analyser et de recontextualiser les sources et les événements. Deuxièmement, en tant que théoricien, il a placé le sujet traduisant au centre de ses préoccupations, c’est-à-dire que le produit fini permet de mieux comprendre la personne qui traduit et sa pratique. Troisièmement, en tant que didacticien, il s’est toujours efforcé de défendre l’importance d’enseigner la traduction à l’université en plus de contribuer à cet enseignement par la production de divers manuels pratiques. Les différents articles du collectif suivent également cette progression de l’histoire vers la didactique, en passant par la théorie. Alors qu’il est évident que le premier article se consacre à la pensée historique de Michel Ballard et le dernier s’interroge sur l’enseignement de la traduction, il n’est pas nécessairement utile de chercher à enfermer chacun des articles de l’ouvrage dans une catégorie bien définie ; la traductologie ne s’épanouit-elle pas dans le tiers-espace où se brouillent les frontières ? Cette multitude de sujets et d’objets d’études est à la fois le point fort et le point faible de l’ouvrage : chaque personne l’approchant y trouvera certainement un article digne d’intérêt, mais cette multiplication produit un collectif quelque peu hétéroclite. Dans les lignes qui suivent, nous nous efforcerons de présenter brièvement chaque article afin que la personne consultant ce compte rendu puisse déterminer quels articles sont les plus susceptibles de contribuer à sa propre réflexion traductologique. En effet, nous sommes d’avis que la forme de l’ouvrage se prête davantage à une lecture ponctuelle des articles qu’une lecture d’un couvert à l’autre. Dans le premier article, l’historien Claude Bocquet explique que Michel Ballard est le premier historien de la traduction à avoir appliqué une méthodologie scientifique dans le cadre de son travail en s’efforçant de réunir les sources de manière critique et en interprétant ces sources pour produire un discours. Le deuxième article, rédigé par Fernando Navarro-Domínguez, est une étude cas portant sur Juan Luis Vives qui se déploie en trois temps : une synthèse des publications à son sujet ; une analyse de De ratione dicendi (Sur l’art de parler) ; une étude de sa visibilité dans les anthologies et histoires de la traduction. Le troisième article porte sur les missions de Dominicains en Amérique au XVIe siècle (Mexique, Amérique centrale, Amérique du Sud). Antonio Bueno García examine, entre autres, l’importance de la langue dans l’évangélisation ; d’ailleurs ce n’est pas le latin, mais bien le castillan qui sera enseigné aux Autochtones. Le lecteur francophone sera peut-être surpris de lire le terme « indien » employé par l’auteur. Quoique d’usage courant en espagnol et bien que correct d’un point de vue historique, le terme « autochtone » aurait peut-être été préférable. Dans le quatrième article, Christian Balliu …