RecensionsBook reviews

Sociologie des relations professionnelles, Par Michel Lallement, Nouvelle édition, Paris : La Découverte, collection Repères, 2008, 121 p., ISBN 978-2-7071-5446-0.Sociologie du travail : les relations professionnelles, Par Antoine Bevort et Annette Jobert, Paris : Armand Collin, collection U, 2008, 268 p., ISBN 978-2-200-34571-6.[Notice]

  • Reynald Bourque

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  • Reynald Bourque
    Université de Montréal

La parution en 2008 de deux ouvrages en langue française arborant des titres quasi- identiques pourrait laisser croire qu’ils s’adressent à un même lectorat, mais une lecture attentive révèle qu’ils sont davantage complémentaires que redondants. Le premier peut être considéré à plusieurs égards comme une introduction au second qui pousse beaucoup plus loin l’analyse du système français de relations professionnelles et de la construction d’un système de relations professionnelles au niveau européen. L’ouvrage de Michel Lallement, sociologue du travail et auteur prolifique, constitue la nouvelle édition d’un ouvrage publié pour la première fois en 1996 dans la même collection. Fidèle à la vocation de cette collection qui vise à présenter une synthèse des connaissances sur un sujet, l’ouvrage décline en cinq chapitres une présentation sommaire des fondements théoriques d’une sociologie des relations professionnelles, et de leur évolution récente principalement en France mais également aux plans européen et international. Le premier chapitre présente un bref historique des principaux systèmes nationaux de relations professionnelles nés de l’industrialisation en Europe et aux États-Unis, et de leur diffusion au siècle dernier à travers la domination politique et économique exercée par les principaux pays industrialisés à l’échelle mondiale. Au deuxième chapitre, l’auteur passe en revue les travaux canoniques qui ont contribué selon lui à l’élaboration d’une sociologie des relations professionnelles. Cette liste sélective (Marx et Durkheim, les Webb, Commons et Perlman, Dunlop, l’école d’Oxford, Kochan, Katz et McKersie, Touraine, Reynaud) témoigne de la volonté de l’auteur d’intégrer les traditions anglo-saxonnes et françaises d’analyse sociologique des relations professionnelles. Le troisième chapitre analyse l’évolution des stratégies et des structures organisationnelles des trois acteurs centraux – employeurs, syndicats, États – des systèmes de relations professionnelles des pays industrialisés au cours des trois dernières décennies. Les principaux constats dégagés par l’auteur sont la crise récente et la recomposition du syndicalisme tant au plan international qu’en Europe, aux États-Unis, et au Japon, l’hétérogénéité des organisations d’employeurs au niveau européen, et le recul des interventions économiques et réglementaires de l’État dans le champ des relations professionnelles. Les deux derniers chapitres sont consacrés aux principales fonctionnalités des systèmes de relations professionnelles. Le quatrième chapitre intitulé « Conflits et négociations » fait état de deux tendances fortes caractérisant l’évolution récente des principaux systèmes nationaux de relations professionnelles, soit le déclin des taux de syndicalisation et des conflits de travail, et la décentralisation vers l’entreprise des négociations collectives. L’auteur souligne au passage l’émergence, du moins en France, de nouvelles formes de conflictualité dans les relations du travail et il clôt ce chapitre par une brève analyse de la consolidation depuis le début des années 1970 d’un système européen de relations professionnelles. Le dernier chapitre consacré au rôle des relations professionnelles dans la régulation des marchés du travail emprunte tant aux travaux de Weber et de Piore en sociologie économique qu’à ceux de Clegg sur les déterminants institutionnels de l’action syndicale et de Freeman et Medoff concernant l’impact du syndicalisme sur les conditions de travail des salariés et la productivité des entreprises. L’auteur constate l’émergence récente de nouvelles régulations dans les pays industrialisés pour accroître la flexibilité du travail, qui se manifestent notamment par une déréglementation et une privatisation des entreprises publiques, des restructurations industrielles et une délocalisation des emplois, des négociations de concessions, des nouvelles formes de coopération patronale-syndicale qui coexistent avec des stratégies patronales d’évitement syndical. Antoine Bevort et Annette Jobert signent un ouvrage plus approfondi que le précédent au plan de l’analyse des relations professionnelles en France et en Europe. L’ouvrage est divisé en deux parties, la première consacrée aux acteurs et aux institutions du système français de relations professionnelles, tandis que …