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La gestion des ressources humaines en France : histoire critique Par Henri Pinaud, Paris : L’Harmattan, 2008, 217 p., ISBN : 978-2-296-05574-2.[Notice]

  • Mustapha Bettache

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  • Mustapha Bettache
    Université Laval

Le livre d’Henri Pinaud traite des origines et de l’évolution de la fonction ressources humaines dans le contexte spécifique de la France. Mentionnons la richesse des informations contenues dans cet ouvrage sur les évènements politiques, économiques et sociaux qui ont influé sur l’évolution de la gestion des ressources humaines et l’orientation des relations professionnelles en France. L’ouvrage s’articule autour de quatre parties référant à des tranches d’histoire que l’auteur fait correspondre à des philosophies de gestion des ressources humaines bien distinctes. Dans son introduction, l’auteur dresse un survol historique de l’évolution de la fonction ressources humaines en France, qui sera approfondi tout au long de l’ouvrage. Dans une première partie intitulée Contexte de la Fonction personnel en France jusqu’aux années 80, l’auteur décrit les partenaires sociaux (organisations syndicales de travailleurs, organisations d’employeurs) et les modes de relations professionnelles (négociation collective, cogestion, information-consultation), mettant l’accent sur l’importance de l’État et la faiblesse de la régulation européenne en matière sociale. La négociation collective porte spécifiquement sur les salaires et les conditions de travail ainsi que sur les règles régissant les relations entre employeurs et organisations de travailleurs et s’effectue dans un cadre de régulation défini par l’État. La cogestion (ou le paritarisme) représente un sous-ensemble important des relations professionnelles et s’exprime à travers des organismes régionaux et nationaux. Le tripartisme caractérise plusieurs institutions où l’État, les représentants des employeurs et des travailleurs conviennent de se consulter régulièrement, de décider et de gérer ensemble. L’État est garant du droit du travail et exerce son influence directement (par les lois qui règlementent le travail) ou par le truchement d’une activité de contrôle (via des organismes chargés de vérifier l’application de la réglementation). Le modèle taylorien-fordien d’organisation du travail est implanté dans les grandes entreprises, et ce, dans tous les secteurs d’activités. De manière générale, la fonction personnel des années 70 se résume à opérer des recrutements, gérer la paie, élaborer et mettre en oeuvre des plans de formation, et veiller à l’application du droit du travail. En somme, la fonction personnel n’est pas considérée comme stratégique, alors que le chef du personnel apparaît comme un exécutant, étant au service des autres lignes fonctionnelles et faisant rarement partie du comité de direction. Dans les petites et moyennes entreprises, la fonction de responsable du personnel est souvent assurée par le chef comptable qui joue un rôle d’administration plutôt que de gestion de la fonction personnel. La seconde partie portant sur le thème Les années 70 et la remise en cause de l’organisation scientifique du travail (OST) et des conditions de travail suggère notamment une analyse des origines de la remise en cause de l’organisation scientifique du travail. La grève générale de 1968 qui a eu lieu en France a servi de générateur de la remise en cause de l’organisation scientifique du travail, et ce, à travers une révolte des ouvriers spécialisés qui prôneront l’autogestion. Le caractère de plus en plus compétitif du marché y a également contribué, la production de masse cédant le pas à des produits moins standardisés et plus favorables à la commercialisation. Les nouvelles techniques de production et le développement des technologies de l’information ne sont pas en reste et nécessiteront très vite un personnel plus responsable, plus autonome que l’employé taylorien. Le taylorisme est défendu par les chercheurs, universitaires et consultants en organisation, qui affirment son caractère inévitable dans un système capitaliste tant sur le plan économique (la division sociale du travail et la parcellisation des tâches favorisent l’obtention d’une meilleure productivité) que politique (maintien des producteurs dans une position subordonnée par rapport au capital). Toutefois, le développement en Europe du …