DocumentationComptes rendus

Sumillera, Rocío G., Surman, Jan et Kühn, Katharina (2020) : Translation in Knowledge, Knowledge in Translation. Amsterdam/Philadelphie : John Benjamins, 272 p.[Notice]

  • Anne-Marie Gagné

…plus d’informations

  • Anne-Marie Gagné
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Alors que, d’un point de vue descriptif et interprétatif, la traduction mobilise l’attention d’un nombre croissant de traductologues depuis le début des années 2000 (Montgomery 2000 ; Simeoni 2001), le présent ouvrage adopte la perspective plus large des liens entre traduction et savoir. Plus précisément, Translation in Knowledge, Knowledge in Translation se positionne à l’intersection de la traductologie et de l’histoire et la philosophie des sciences, un domaine où jusqu’à tout récemment les traductions étaient perçues comme des productions secondaires peu significatives au regard de la création de nouveaux savoirs (p. 1). Ce recueil interdisciplinaire, qui découle de la conférence internationale du même nom qui s’est tenue en 2017 à la Justus Liebig-Universität Gießen, a été dirigé par Rocío G. Sumillera, professeure titulaire de littérature anglaise (Universidad de Granada), Jan Surman, historien des sciences (chercheur indépendant) et Katharina Kühn, doctorante en études culturelles (Justus Liebig-Universität Gießen). Translation in Knowledge, Knowledge in Translation est divisé en trois parties de quatre chapitres chacune. La première est axée sur la dimension agentive de la traduction et des transferts, la deuxième traite avant tout du contenu linguistique et visuel et la dernière est orientée vers la dimension structurelle de ces phénomènes. Les douze chapitres, s’ils se limitent aux espaces européen et eurasien (à l’exception d’un chapitre portant sur l’Inde coloniale), couvrent cependant une période très large allant du xvie siècle au début du xxie, et mobilisent des vues très variées sur la traduction. Dans « Reading scientific translations in the first half of sixteenth-century Europe through Hernando Colón’s library », Rocío G. Sumillera cartographie le savoir relatif aux traductions interlinguistiques du début de la modernité en prenant appui sur la collection d’imprimés scientifiques d’Hernando Colón, fils de Cristóbal. Ce travail descriptif et interprétatif analyse les titres, les traducteurs, les langues, les foyers de publication et de commerce du livre, de même que les éditeurs et les facteurs qui ont façonné les catalogues de ces derniers. Le chapitre de Simon Dagenais, « Jérôme Lalande, Giuseppe Toaldo and the translation of astronomical works for a wider public in the 1700s », documente les motifs historico-culturels et plus personnels derrière les traductions interlinguistiques vulgarisées d’un ouvrage d’astronomie en italien et d’un ouvrage d’astrométéorologie en français, au xviiie siècle. Laura Meneghello, dans « Travelling knowledge in nineteenth-century science : Jacob Moleschott and materialism in translation », explore le rôle de la traduction bien au-delà d’une simple dissémination des savoirs, à partir du travail de traducteur de Jacob Moleschott, de son travail dans le transfert de concepts scientifiques vers le domaine politique, de la traduction de ses propres travaux en italien et de l’influence de son expérience de traducteur sur sa carrière transnationale. Dans « Translating the Iron Curtain : A translational perspective on the epistemic dimension of Radio Free Europe », Simon Ottersbach examine différents processus de transferts du savoir à l’intérieur de la station Radio Free Europe pendant la guerre froide. Ceux-ci comprennent la traduction vers l’anglais des nouvelles locales, de même que leur transmédiation et adaptation pour de nouveaux auditeurs ; la transformation d’objectifs politiques propagandistes en programme d’action convenant aux bailleurs de fonds et gestionnaires états-uniens ; et la transformation des besoins de la station en recherches scientifiques, elles-mêmes ensuite vulgarisées. Saskia Metan, dans « Paratexts in sixteenth-century editions and translations of Maciejz Miechowa’s Tractatus de duabus Sarmatiis », explore les changements de fonction qui marquent les traductions et éditions de Tractatus de duabus Sarmatiis mis en évidence dans les modifications apportées aux paratextes. Dans « The Latin Translation of Philosophical Transactions (1671-1681) », Pablo Toribio revisite l’histoire des …

Parties annexes