Comptes rendus bibliographiques

MÉRENNE-SCHOUMAKER, Bernadette (2020) Atlas mondial des matières premières. Incertitudes et défis. Autrement (3e édition), 95 p. (ISBN : 978-2-8107-0683-9)[Notice]

  • Steve Déry

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  • Steve Déry
    Université Laval

Après une courte introduction, l’ouvrage est divisé en 5 grands thèmes qui, à défaut de donner une cohérence à l’ensemble, permettent tout de même d’aborder, en 35 dossiers, les différents « produits miniers », les « autres matières premières », les produits « stratégiques », des « enjeux économiques majeurs » et des thèmes « géopolitiques ». Sur le plan terminologique et conceptuel, l’auteure, dans son introduction, distingue les « ressources naturelles », utilisant la définition de l’Organisation mondiale du commerce, des « commodités » (définition de Chalmin) et des « matières premières », avec sa propre interprétation. L’ennui, c’est qu’aucun effort n’est fait pour aider le lecteur à distinguer les unes des autres. En particulier, les matières premières ne sont pas vraiment différenciées des ressources naturelles, et des utilisations qui portent à confusion dans le reste de l’atlas n’aident pas, comme à la page 11 où le terme « ressources naturelles » est employé dans une portion de texte, alors que, selon l’introduction, il aurait fallu parler de matières premières. Peut-être vaut-il la peine de rappeler que le géographe Claude Raffestin avait bien distingué les deux dès 1980 : 1) il n’y a pas de ressources naturelles ; 2) une ressource, c’est une matière première qui a été transformée par le travail (Raffestin, 1980 et 2019). Cela étant dit, tous les dossiers combinent des données mises à jour par rapport aux éditions précédentes avec des analyses ajustées s’appuyant sur des résumés historiques anciens (les métaux), des définitions spécifiques (minerai, métal), ainsi que des graphiques présentant des évolutions récentes ou de quelques décennies (production d’argent, de zinc, de cuivre et d’or depuis 1970). Parfois, des études de cas ponctuent les dossiers, notamment pour présenter les rendements et la production de blé et de riz en Inde (p. 26), la présence des compagnies pétrolières en Afrique (p. 59), le cas des mines en Afghanistan (p. 65), les gaz de schistes aux États-Unis (p. 71) ou la production d’éthanol et de biodiésel au Brésil (p. 77). Parfois, l’auteure manque d’esprit critique alors qu’elle affirme qu’il « faudra continuer à accroître la production [céréalière] pour faire face à l’augmentation de la population et du niveau de vie » (p. 37), reprenant ainsi les crédos des grandes agences internationales, alors que de nombreux auteurs ont démontré que ce n’était pas la bonne voie à suivre (par exemple, De Koninck, 2015). Inversement, à d’autres endroits, elle adopte un ton critique, nuancé et bien documenté, par exemple lorsqu’elle présente une analyse de l’aquaculture et de ses enjeux (p. 34-35). En complément, des « verbatims » ponctuent chacun des dossiers, sauf qu’on ne sait pas trop si ce sont de vraies citations, car les sources n’apparaissent à aucun endroit, et comme certaines affirmations sont parfois critiquables, des sources auraient au moins permis de savoir qui doit être critiqué. Trois annexes complètent l’ouvrage : on y trouve une bibliographie fort utile qui, en plus d’articles et d’ouvrages généraux sur le sujet, renvoie, surtout par thèmes, à des références où l’on peut trouver des données statistiques et des dossiers détaillés sur les produits agricoles, l’énergie, l’eau, le bois, etc. Les annexes sont complétées par un index et un glossaire d’une quinzaine de termes. Au total, malgré les quelques éléments soulevés, l’atlas de Mérenne-Schoumaker reste un très bon outil de référence pour comprendre l’évolution récente des enjeux autour des matières premières.

Parties annexes