Comptes rendus bibliographiques

DABLANC, Laëtitia et FRÉMONT, Antoine (dir.) (2015) La métropole logistique. Le transport de marchandises et le territoire des grandes villes. Paris, Armand Colin, 320 p. (ISBN 978-2-20028-767-2)[Notice]

  • Nicolas Paquet

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  • Nicolas Paquet
    École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional, Université Laval

L’ouvrage dirigé par Laëtitia Dablanc et Antoine Frémont est un bilan des recherches récentes sur les flux de marchandises au sein des espaces métropolitains. Les contributions qu’il rassemble montrent que le fonctionnement de la métropole logistique est lié à sa dimension spatiale. Ce fonctionnement renvoie à des choix d’aménagement et d’urbanisme qui impliquent l’avenir. Les contributions – 11 au total – y abordent le lien, peu exploré dans la littérature de langue française, entre métropoles et logistique. Elles soulignent, d’une part, que les métropoles sont à la recherche d’une logistique de plus en plus efficace pour mieux s’intégrer à la mondialisation et, d’autre part, qu’elles en redoutent aussi les conséquences. Étonnant paradoxe, qui constitue le point de départ des chercheurs. L’objectif des auteurs est de montrer que cette relation entre métropoles et logistiques est un aspect méconnu, mais un aspect-clé de notre économie. Aborder cette relation exige de maîtriser une multitude de sous-problématiques : insertion dans l’économie mondiale, reconversion des espaces industriels, prépondérance du système routier, report modal, reformulation des liens entre urbanisation, transport maritime et ferroviaire, étalement urbain, pouvoir des acteurs transnationaux de l’immobilier logistique et fragmentation institutionnelle. Pour les directeurs de l’ouvrage, le fait significatif est que la logistique est une fonction métropolitaine majeure. Selon eux, l’organisation logistique contemporaine montre que l’économie est loin d’être dématérialisée – au contraire. Si le système de distribution des marchandises est déployé pour rendre les services attendus, cela se fait aussi au détriment des milieux urbains, de l’environnement et de la santé publique. Livre collectif, La métropole logistique rassemble des contributions de professeurs, de chercheurs, de chargés de cours et de postdoctorants. La première partie, constituée de trois chapitres, vient cadrer la problématique: la logistique métropolitaine (chapitre I) ; les portes internationales que sont les ports et les aéroports (chapitre II) ; et la mégarégion comme échelle de référence (chapitre III). La deuxième partie, constituée de quatre chapitres, porte sur le cas de l’Île-de-France : la région logistique (chapitre IV) ; la messagerie comme segment particulier du transport de marchandises (chapitre V) ; la grande distribution (chapitre VI) ; et le cybercommerce (chapitre VII). La troisième partie, constituée de deux chapitres, présente des cas internationaux : Atlanta et Los Angeles comme centres de distribution (chapitre VIII) et les villes et la logistique chinoise (chapitre IX). La quatrième partie, comptant également deux chapitres, traite des enjeux politiques et de gouvernance : émergence d’une industrie immobilière logistique (chapitre X) et questions d’aménagement et d’urbanisme (chapitre XII). Dans l’ensemble, les auteurs nous entraînent dans un tour d’horizon, à la fois théorique et empirique, montrant la diversité d’articulations métropoles-systèmes logistiques. Cinq hypothèses sont avancées, en introduction, par les directeurs de l’ouvrage : 1) la logistique est fondamentale au fonctionnement des villes (les flux permettent l’approvisionnement, nécessitent de l’organisation et de l’espace de stockage) ; 2) les entrepôts s’imposent comme le coeur de l’organisation logistique (ils permettent le tri, la transformation et le regroupement ou l’éclatement des flux) ; 3) la logistique participe au processus de métropolisation (elle renforce le processus d’agglomération et favorise la compétitivité) ; 4) la morphologie urbaine est façonnée par la logistique (la périphérie est remodelée en pôles qui contribuent à effacer la distinction entre le rural et l’urbain) ; enfin, 5) l’activité logistique se fait dans des territoires habités et administrés (les métropoles, les villes et les quartiers). Quatre chapitres retiennent l’attention. Le chapitre I constitue une analyse du rôle des zones logistiques comme lieu de création de la valeur ajoutée. Ces zones sont décrites comme des espaces planifiés visant à regrouper certains facteurs de succès : insertion internationale, géographie urbaine avantageuse, …