Comptes rendus

Madeleine Gauthier (dir), Regard sur… La Jeunesse au Québec, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 2003, 155 p.[Record]

  • Paul Grell

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  • Paul Grell
    École de travail social,
    Université de Moncton.

Si vous découvrez le Québec, voici un ouvrage collectif qui vous intéressera, comme il pourra par ailleurs intéresser les étudiants novices en sciences humaines. Pour sa part, la communauté scientifique restera sur sa faim. En effet, comme le signalent plusieurs auteurs, leur texte est essentiellement descriptif : « Ce portrait, tracé à grands traits » (Madeleine Gauthier, p. 22), « Pour les fins de ce texte, nous avons procédé à d’importantes généralisations » (Gilles Pronovost et Chantal Royer, p. 153), « Ce chapitre présente un survol des données et recherches » (Marc Molgat et Johanne Charbonneau, p. 73). Composé de neuf chapitres, l’ouvrage présente des résultats de recherches sur différents thèmes (migration régionale, santé, scolarisation, loisir, insertion professionnelle, etc.) en rapport avec la jeunesse, plus exactement en rapport avec des tranches d’âge. Seule exception notable, le chapitre traitant des jeunes « en marge ». Ici, Michel Parazelli ne se contente pas d’affirmer comme plusieurs que les profils, cheminements, parcours sont variés, il donne à voir et analyse différentes configurations de la marginalité. C’est le seul article qui n’est pas désespérément banal. Les autres alignent des données, sous forme de statistiques (le plus souvent sans analyse ni raisonnement tant soit peu multivariés) ou sous forme de descriptions s’apparentant aux publications gouvernementales. C’est un livre qui se décline sous le registre de l’énumération. Les auteurs sont issus d’institutions et de disciplines diverses. Claire Boily de l’Institut national de la recherche scientifique aborde les loisirs, caractérisés par l’importance accordée aux pairs. Johanne Charbonneau (Institut national de la recherche scientifique) et Marc Molgat (Service social, Université d’Ottawa) traitent des relations sociales : relations aux parents (cohabitation prolongée), aux amis (importance de la sociabilité juvénile, colocation), au conjoint (union libre) et à l’enfant (souvent unique). Serge Côté (Sciences humaines, Université du Québec à Rimouski) étudie les migrations régionales. Antoine-Lutumba Ntetu (Sciences infirmières, Université du Québec à Chicoutimi) dresse un « portrait-synthèse » de l’état de santé des 15-24 ans. Michel Parazelli (Service social, Université du Québec à Montréal) cherche à comprendre des pratiques marginales en fonction du sens qu’y attachent leurs auteurs, « établir un lien social véritable en dehors du monde institutionnel ». Gilles Pronovost, Chantal Royer et Sarah Charbonneau, tous trois du Département des sciences du loisir et de la communication sociale de l’Université du Québec à Trois-Rivières, se penchent sur les valeurs. Claude Trottier et Claire Turcotte des sciences de l’éducation (Université Laval) traitent des taux de diplomation. Mircea Vultur (Institut national de la recherche scientifique) suit l’évolution des taux d’activités, de chômage, etc., rappelle la place centrale du travail bien que les jeunes accorderaient une importance « accrue aux autres dimensions de leur vie ». En présentation de l’ouvrage, Madeleine Gauthier (responsable de l’Observatoire Jeunes et Société, Institut national de la recherche scientifique) ne présente ni ne contextualise les auteurs et leur contribution à l’ouvrage. Si certaines formulations sont alléchantes à l’exemple du titre (« La jeunesse, au coeur des changements de la société québécoise »), ou à l’exemple de certains intitulés de paragraphe (« De victime à acteur ») ou encore de phrases (« les jeunes Québécois ne sont pas d’abord des héritiers générationnels, mais des héritiers institutionnels »), il est toutefois désespérant de trouver peu de concordance entre l’effet d’annonce de telles formulations et le contenu développé à leur suite. Arrêtons-nous un instant sur l’attitude caractérisée d’« ambiguë » de la jeunesse québécoise face à l’éducation (p. 11-12). Après un rappel des « efforts collectifs déployés » depuis les années 1960, Madeleine Gauthier note « qu’il existe encore des différences d’accès aux études supérieures …