Recensions

Voice and Inequality: Poverty and Political Participation in Latin American Democracies, de Carew Boulding et Claudio A. Holzner, New York, Oxford University Press, 2021, 244 p.[Record]

  • Étienne Sinotte

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Dans Voice and Inequality: Poverty and Political Participation in Latin American Democracies, Carew Boulding et Claudio A. Holzner effectuent une analyse empirique à grande échelle de la participation politique des personnes défavorisées en Amérique latine, présentant les tendances de participation de ces individus dans chaque pays et comparant celles-ci aux tendances des citoyens plus favorisés. À travers cette analyse, les auteurs soutiennent que la participation politique des personnes démunies en Amérique latine est très élevée, mais qu’il y a beaucoup de variations dans le degré de participation de ces individus à différents actes politiques : ceux-ci votent et manifestent moins que les personnes plus aisées, mais ils sont plus susceptibles de contacter les fonctionnaires ou les représentants de l’État. Les auteurs soutiennent également que la propension à participer des citoyens est plus grande si ceux-ci sont engagés dans des organisations communautaires, connectés à des partis politiques, ou vivent dans des démocraties où les élections sont libres et équitables et dont le système politique protège les droits démocratiques. Ils soulignent que ces facteurs sont particulièrement importants pour la classe populaire, puisque la capacité de participation de ses membres dépend davantage d’efforts de mobilisation externes, étant donné que ceux-ci ont moins de probabilités de surmonter seuls des obstacles à la participation. Boulding et Holzner commencent l’ouvrage en traitant de la littérature sur la participation politique. Celle-ci, remarquent-ils, est principalement basée sur les démocraties stables et se concentre souvent sur un petit nombre de cas. Elle met l’accent sur les désavantages individuels et structurels auxquels font face les citoyens les plus démunis, théorisant qu’en raison de ces inégalités, la classe populaire participe moins que les classes plus favorisées. Or, les auteurs soulignent que les citoyens défavorisés, en Amérique latine, semblent participer à de très hauts niveaux, et que différents facteurs ont pu influencer leur degré de participation de manière positive – la vague rose, la multiplication des organisations non gouvernementales et communautaires – ou négative – les thin democracies issues des transitions démocratiques, l’érosion des syndicats et l’instabilité des partis politiques. Dans le but de démêler les conséquences de ces forces concurrentes sur la participation politique de la classe populaire en Amérique latine, les auteurs ont utilisé les données du sondage AmericasBarometer du Latin American Public Opinion Project (LAPOP), portant sur les opinions et la participation politique des citoyens de l’hémisphère ouest. Dans le cadre de cette étude, les auteurs ont uniquement pris en considération les sondages nationaux représentatifs conduits tous les deux ans, entre 2006 et 2014, dans 18 États latino-américains. L’analyse de ces données révèle que la vaste majorité des personnes en Amérique latine, peu importe leur niveau de richesse, participent à au moins l’un de trois actes de participation politique, soit le vote, la participation aux manifestations et le contact de fonctionnaires. En comparant les comportements politiques des citoyens les plus démunis et ceux du reste de la population, il est possible de constater qu’en général, les premiers votent et manifestent moins, mais contactent davantage les fonctionnaires que les seconds. De plus, en contrôlant d’autres facteurs explicatifs, tels que l’éducation, l’âge et le genre, les auteurs démontrent que, étonnamment, les plus démunis sont plus politiquement actifs que les plus nantis, malgré les défis auxquels ils font face en raison de leur statut socioéconomique. Se concentrant sur des facteurs institutionnels et contextuels, Boulding et Holzner identifient quatre éléments qui sont susceptibles d’expliquer le niveau de participation politique improbablement haut de la classe populaire latino-américaine. Le premier est la participation aux organisations communautaires. À travers leur analyse, les auteurs démontrent qu’une grande majorité des personnes démunies en Amérique latine font partie …