Comptes rendus

Les représentations entrepreneuriales, sous la direction de Louis Jacques Filion et Christian Bourion, Paris, Eska, 2008, 262 p.[Record]

  • André Cyr

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  • André Cyr
    Institut de recherche sur les PME
    Université du Québec à Trois-Rivières

Les représentations entrepreneuriales, un collectif sous la direction de Louis Jacques Filion et Christian Bourion, présente une synthèse magistrale des différentes problématiques associées aux relations entre le projet entrepreneurial en tant que représentation mentale et sa mise en oeuvre dans ce qu’on pourrait appeler « l’univers réel ». La prémisse de départ de l’ouvrage est que les représentations mentales constituent la première étape du processus entrepreneurial. Dans cette perspective, l’opportunité perçue ou construite par l’entrepreneur est d’abord et avant tout une représentation, une vision différente du monde, tel qu’il est ou qu’il pourrait être. Dès lors, la compréhension des représentations mentales devient la porte d’entrée à la compréhension de l’entrepreneuriat en tant que processus émergent. Or, comme le souligne Louis Jacques Filion dans son éditorial, on ne retrouve dans les publications scientifiques que très peu d’études approfondies de ces représentations et de leurs liens avec la mise en oeuvre de projets entrepreneuriaux. Du point de vue d’un observateur externe, ces représentations peuvent parfois sembler irréalistes, voire chimériques mais, pour leur auteur, elles sont toujours rationnelles, la rationalité étant souvent une question de perspective. Comme le relève Christian Bourion, l’histoire de l’entrepreneuriat abonde d’exemples d’entrepreneurs qui ont changé le monde en proposant des concepts qui, en un premier temps, étaient trop novateurs pour être compris ou acceptés par leur société de référence, généralement parce que leurs représentations mentales étaient trop en avance sur ce que leurs contemporains considéraient comme faisant partie de ce qu’on pourrait appeler « l’univers du possible ». L’émergence de ces représentations est étroitement liée à l’ontologie de l’acteur entrepreneurial ainsi qu’à son espace de soi, reçu et construit. « No man is an island » disait au xviie siècle le poète anglais John Donne pour illustrer le fait que les êtres humains ne peuvent prospérer et se développer en vase clos. Dans cette optique, il ne s’agit pas de relancer le vieux débat à savoir si l’on naît entrepreneur ou si on le devient, mais plutôt de reconnaître que l’entrepreneuriat non plus ne survient pas en vase clos. À partir d’un espace de soi reçu, l’entrepreneur se construit, parfois en s’adaptant à son environnement, parfois en le modifiant, mais parfois aussi en allant chercher ailleurs un terreau plus fertile qui lui permettra de se réaliser. Dans cette optique, la transition entre une représentation mentale novatrice et sa mise en oeuvre dans un projet entrepreneurial réussi présuppose certaines dispositions chez l’acteur entrepreneurial, notamment un minimum de résilience ainsi qu’une certaine capacité de métanoïa, qui lui permettront d’affronter les inévitables difficultés de parcours, d’apprendre de ses erreurs et de réinventer en fonction de circonstances changeantes. Aux savoir-faire et savoir-être traditionnels de l’entrepreneur s’ajoute ainsi un savoir-devenir qui a souvent une influence déterminante sur la viabilité et le potentiel de croissance de l’entreprise. Dans le même ordre d’idées, le potentiel de croissance est également fonction de l’espace de soi que l’entrepreneur veut ou peut laisser aux collaborateurs de haut niveau sans qui la représentation entrepreneuriale de départ pourra difficilement se réaliser. Dans la suite de l’ouvrage, Frédéric Créplet et Babak Mehmanpazir présentent d’abord une recension des publications parues avant l’an 2000 sur les représentations mentales, pour ensuite illustrer comment le succès de l’entreprise en tant que « processeur de connaissance » dépend largement de sa capacité à générer, recueillir et exploiter les multiples connaissances pertinentes à son champ d’activité. À partir des représentations mentales de plus de 400 entrepreneurs, Marie-Josée Bernard montre comment la capacité de résilience permet à l’entrepreneur d’affronter l’adversité et de se reconstruire en apprenant de ses erreurs. Cette étude permet notamment de mieux comprendre …

Appendices