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Quand les organisations internationales se mettent au vertActeurs, instruments et effets de l’appropriation de la question environnementale[Record]

  • Lucile Maertens and
  • Marieke Louis

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  • Lucile Maertens
    Fonds national suisse (Allocation de mobilité avril 2016 - septembre 2017)
    King’s College London, Department of War Studies, Strand, Londres, WC2R 2LS, Royaume-Uni
    Centre de recherches internationales de Sciences Po, 56, rue Jacob, 75006 Paris, France
    Lucile.maertens@sciencespo.fr

  • Marieke Louis
    Institut d’Études Politiques de Grenoble, Domaine universitaire, 1030 avenue centrale, 38400 Saint Martin d’Hères, France
    Centre de recherches internationales de Sciences Po, 56, rue Jacob, 75006 Paris, France
    Marieke.louis@iepg.fr

Au lendemain de la COP21, la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (ccnucc), est-il encore aujourd’hui une organisation – locale, nationale ou internationale – ou un champ de l’action publique qui ne soit pas soumis à une forme d’« impératif écologique » (Bourg 2009) ? C’est, brièvement résumé, l’angle choisi par ce numéro spécial qui interroge les modalités de la rencontre entre la « question environnementale » et des organisations internationales a priori très éloignées de ces préoccupations : l’Union Internationale de Secours fondée sous les auspices de la Société des Nations (sdn) et ses homologues dans le cadre de l’onu, l’Organisation Internationale du Travail (oit), le Département des Opérations de Maintien de la Paix de l’onu (domp) et le Département de l’Appui aux Missions (dam), et l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (ocde). Mais que recouvre l’environnement dans les organisations internationales (oi) – définies au sens large comme des configurations d’acteurs multiples (Devin et Smouts 2011 : 15-16) – et en quoi remet-il en cause, voire nécessite, une adaptation des actions de ces dernières ? Les travaux sur les oi se sont multipliés ces cinquante dernières années, d’abord sous l’impulsion du courant néo-fonctionnaliste (Haas 1964), l’institutionnaliste libéral (Keohane et Nye 1989), de l’économie politique internationale (Cox 1992 ; Strange 1996 ; Graz 2006), et puis de l’essor du courant constructiviste (Barnett et Finnemore 2004) ; cela permit l’éclosion, notamment en Europe, d’une sociologie des oi diversifiée (Reinalda et Verbeek 1998 ; Devin et Smouts 2011 ; Nay et Petiteville 2011 ; Critique internationale 2011a, 2011b, 2012). Cette analyse sociologique a, entre autres, mis en lumière les capacités d’adaptation des oi (Nay 2011 ; Nay et Petiteville 2011 ; Schemeil 2013), qui sont régulièrement confrontées à des modifications de leur environnement externe et interne. Néanmoins, la question du rapport entre oi et environnement y reste paradoxalement encore peu étudiée. Alors que le thème de la gouvernance globale de l’environnement est, depuis les années 2000, au coeur de nombreux débats politiques, médiatiques et académiques, les travaux à ce sujet aspirant à théoriser la gouvernance et son évolution (Bodansky 2001 ; Dimitrov 2006 ; Young 2008, Andonova et Mitchell 2010 ; Keohane et Victor 2011 ; Devin et Smouts 2011 ; Aykut et Dahan 2015), ou à analyser les projets de réforme (Najam 2003 ; Le Prestre 2008), ne proposent qu’un regard limité sur la place des oi dans ce processus d’appropriation des enjeux environnementaux à l’international. Les travaux sur le traitement de l’environnement par les oi s’interrogent principalement sur l’histoire et les activités des organisations explicitement mandatées à se saisir de ces enjeux – comme le Programme des Nations Unies pour l’environnement (pnue) ou Greenpeace, pour citer deux cas connus (Tamiotti et Finger 2001 ; Andresen et Rosendal 2009 ; Ivanova 2009) –, ainsi que sur leur efficacité (Moltke 2001 ; Ivanova 2009). Si ces différentes études nous éclairent sur les activités des oi en matière d’environnement et sur les grands défis de la mise en oeuvre de leur mandat, les travaux qui traitent simultanément et de manière problématisée de l’environnement et des organisations internationales au-delà des institutions spécialisées dans ce domaine sont plus limités. Depuis les années 1990, différentes études ont soulevé la question du verdissement des oi à partir de cas précis, plus particulièrement sur la Banque mondiale (Goldman 2005 ; Keck et Sikkink 1998 ; Park 2007 ; Wade 1997), sur l’Organisation Mondiale du Commerce (omc) (Anderson …

Appendices