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Discours de réception du prix Rolf Schock (2018)[Record]

  • Barbara Hannigan

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Princesse Christina, Vos Excellences, Honorables Lauréats, Membres des Académies, Mesdames et Messieurs, bonjour. Je vous remercie de m’avoir invitée aujourd’hui. Je suis ravie et honorée d’être ici. Monsieur Branzi, Monsieur Coifman, Monsieur Shelah, mes distingués collègues lauréats, c’est avec humilité que je me retrouve aujourd’hui en votre compagnie. En préparant la rédaction de ce bref discours, j’ai tenté de m’informer sur chacun de vos travaux et de réfléchir aux liens que nous partageons peut-être. M. Branzi, je connaissais déjà vos conceptions innovantes, alchimiques et aventureuses, et en lisant l’entretien que vous avez accordé au Corriere della Sera, j’ai pu constater que vous concevez la recherche comme étant, en partie, une activité créatrice apparemment sans but. Cela s’est fortement apparenté à ma propre façon de travailler et d’étudier la musique. En effet, nous cherchons, mais, parfois, nous ne nous attendons pas à trouver quoi que ce soit… Nous prenons simplement plaisir à la recherche ! Et cela peut nous conduire aux découvertes les plus inattendues. Dans votre cas, M. Coifman, lorsque ces prix ont été annoncés, le communiqué de presse faisait référence à votre travail en analyse harmonique pure et appliquée, et j’ai pensé : « L’harmonie, voilà une chose que je connais bien ! » Bon, j’ai réalisé assez rapidement que nous avons affaire à des harmonies différentes dans nos domaines respectifs, quoique toutes deux sont certainement belles et pures. M. Shelah, j’ai tenté de lire l’un de vos articles en ligne, publié par l’American Mathematical Society. Il n’est pas surprenant que la compréhension de ce texte par une profane telle que moi ait été impossible, mais je dois dire que j’en ai adoré le titre ! « Logical Dreams ». En effet, nous avons tous en commun le fait que nos chemins ont été forgés par la poursuite de nos rêves. Logiques ou illogiques, ces rêves et la passion qui les a alimentés ont scellé notre engagement de toute une vie dans nos vocations respectives. J’emploie le mot vocation, par opposition à profession, car j’aime qu’à la racine étymologique de « vocation » se trouve l’utilisation de la voix : être appelée. Dans mon cas, faire de la musique était mon rêve. Quand j’étais enfant, dans le village de Waverley, en Nouvelle-Écosse, la musique m’appelait. Mes parents ont élevé une petite fille qui aimait chanter, ils m’ont appris à travailler de manière constante et disciplinée, m’ont encouragée à faire mes heures de répétition, selon un horaire minutieux, même lorsque je ne me sentais pas inspirée, et m’ont aidée à trouver les bons professeurs et mentors qui m’aideraient à développer mes compétences. Plus récemment, la direction d’orchestre a pris une place particulière aux côtés du chant. Dans ces deux rôles, je me joins à mes collègues musiciens pour entrer en résonance avec ce qu’un compositeur a écrit, en nous écoutant profondément les uns les autres au service de la partition, et en attestant et partageant cette concentration sonore avec ceux qui écoutent. Il a été particulièrement enrichissant de travailler avec des compositeurs vivants. Après avoir donné des créations mondiales pendant 30 ans, je suis très reconnaissante de continuer à me produire sur scène – à l’âge de 47 ans, ce qui commence à être tardif pour une chanteuse d’opéra. Pourtant, je suis un peu surprise quand je constate que je suis l’une des chanteuses les plus âgées d’une production d’opéra, plutôt que d’être la plus jeune. Il y a quelques années, je discutais avec un collègue, remarquant que nous nous ressemblions… et il m’a dit… « OUI ! Vous ressemblez à ma mère ! » Ce …

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