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FALSETTO, Mario, Stanley Kubrick : A Narrative and Stylistic Analysis, Westport/London, Praeger, 2001, 205 p.[Record]

  • Philippe D. Mather

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  • Philippe D. Mather
    University of Regina

L’auteur de 2001 : A Space Odyssey (1968), Stanley Kubrick, n’aura pas survécu au xxe siècle. Malgré la sortie en 2001 du film A.I., réalisé par Steven Spielberg à partir d’un traitement de quatre-vingts pages par Kubrick, la carrière du cinéaste anglo-américain s’est terminée le 7 mars 1999. Plusieurs maisons d’édition en ont profité pour offrir des bilans critiques de l’oeuvre kubrickienne, le plus souvent des mises à jour d’études ayant été publiées dix ou vingt ans auparavant. C’est dans ce cadre que s’inscrit la nouvelle édition du livre de Mario Falsetto, Stanley Kubrick : A Narrative and Stylistic Analysis. Dans son compte rendu pour Cinémas, David Douglas (1996) souligne bien les forces et les faiblesses de la première édition du livre de Falsetto, parue en 1994. L’adoption par Falsetto d’une approche évaluative combine des qualités apparemment contradictoires. Sa passion pour les films de Kubrick confère au livre un ton positif qui ne manquera pas de nourrir l’enthousiasme des cinéphiles et des étudiants du septième art. En revanche, la présence de jugements esthétiques fondés sur une conception relativement traditionnelle de l’art (le modèle romantique et la politique des auteurs) compromet parfois l’apport scientifique de cette étude, du point de vue de la production de sens au cinéma. La principale force du livre réside dans la qualité de ses analyses descriptives. En effet, la majorité des ouvrages consacrés à l’oeuvre de Kubrick se penchent principalement sur la dimension thématique des films, tandis que les questions de style filmique, y compris la structure narrative, sont mises de côté. À cet égard, il faut reconnaître que le livre de Thomas Allen Nelson (2000) intitulé Kubrick, Inside a Film Artist’s Maze, est plutôt brillant, mais insuffisant pour ceux qui s’intéressent au montage, à la mise en scène, à la bande son, bref à l’énonciation filmique en général. Le seul autre livre qui fait exception à cette règle est celui de Luis M. García Mainar (1999), dont le titre, Narrative and Stylistic Patterns in the Films of Stanley Kubrick, rappelle celui de Falsetto. Cependant, García Mainar met à profit ses analyses par le biais d’un certain nombre de théories poststructuralistes, tandis que Falsetto s’en tient à une exploration des intentions de l’auteur, étayée par des descriptions formelles aussi rigoureuses qu’utiles d’un point de vue pédagogique. La rigueur analytique de Falsetto se manifeste dans la structure de son étude. Plutôt que d’offrir un essai pour chacun des treize films de Kubrick, en ordre chronologique, les chapitres se concentrent sur six composantes formelles : la structure narrative, l’esthétique du plan-séquence, les mouvements d’appareil, la voix off, la subjectivité énonciative et le jeu des acteurs. Ce dernier thème distingue nettement la recherche de Falsetto des autres études kubrickiennes. Cependant, on peut regretter l’absence de la bande-son dans cette analyse, surtout lorsqu’on considère le rôle considérable que la musique en particulier joue dans les films de Kubrick. La structure globale du livre de Falsetto demeure donc une force, malgré une tendance à analyser les films séparément au sein de chaque chapitre. La comparaison entre les films demeure parfois implicite. Les présupposés auteuristes de Falsetto semblent lui imposer certains choix discutables. Des treize longs métrages de fiction réalisés par Kubrick, trois ne sont pas analysés. Fear and Desire (1953) fut retiré de la distribution peu de temps après sa sortie, et n’est donc pas disponible, mais une seule page est consacrée à Killer’s Kiss (1955), sous prétexte que Kubrick lui-même considérait ce film comme un travail d’apprenti. Quant à Spartacus (1960), Falsetto le passe sous silence puisque Kubrick n’en avait pas rédigé le scénario …

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