Chronique bibliographique

Ivan Tchotourian, Entreprises et responsabilité sociale. La gouvernance en question, Québec, Presses de l’Université Laval, 2019, 447 p., ISBN 978-2-7637-4575-6.[Record]

  • Alexis Langenfeld and
  • Loïc Geelhand de Merxem

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  • Alexis Langenfeld
    Université Laval

  • Loïc Geelhand de Merxem
    Université Laval

Comme son titre l’indique, Entreprises et responsabilité sociale. La gouvernance en question étudie la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) à travers le prisme de la gouvernance de l’entreprise. Chacun des billets retranscrits a trouvé sa causa proxima dans l’actualité d’une gouvernance d’entreprise désormais sommée d’oeuvrer sans cesse pour la responsabilité sociale. L’ouvrage et chacun des billets qui le composent trouvent cependant leur causa causans dans les thématiques de recherche chères à l’auteur où les concepts théoriques abondent et les règles de droit amènent à se poser des questions. Ici, l’on part donc des faits qui ont suscité les billets pour en arriver à la théorie et aux questionnements juridiques, et non l’inverse. De ce fait, ce livre n’est nullement un traité. Il ne contient pas non plus de « thèse », c’est-à-dire de proposition résolument originale s’appuyant sur un long travail de démonstration. Sa force se trouve finalement ailleurs. Premièrement, elle se trouve dans l’illustration des enjeux de RSE soulevés par l’entreprise et sa gouvernance au moyen d’exemples concrets et (malheureusement) bien réels et souvent trop vite oubliés. Deuxièmement, l’ouvrage accole à ses exemples des développements renvoyant aux différentes théories incontournables en la matière et au droit applicable. Sur ce point, l’ouvrage rassemble les deux rives de l’Atlantique en mobilisant des travaux nord-américains comme européens. Un ouvrage de droit et de doctrine comparés donc. D’une lecture rapide et agréable, l’ouvrage saura donc être particulièrement utile aux étudiants et à celles et ceux souhaitant approfondir leurs connaissances en la matière. Ils y trouveront le droit positif, les concepts et la doctrine nécessaires à la compréhension et à l’analyse critique du droit. Mais pourquoi se le procurer plutôt que de consulter directement les billets qui lui servent de support ? Tout d’abord, l’ouvrage ne consiste pas en un simple « copier-coller » des billets. Chacun des billets transposés de l’ouvrage trouve sa valeur ajoutée dans le « retravail » qu’un tel exercice impose : ils ont été « revus et augmentés ». Des développements (le plus souvent théoriques) ont été ajoutés. Certains billets ont également été actualisés quand les affaires traitées ont connu des suites. D’autres ont été fusionnés pour plus de cohérence. En droite ligne, plutôt que d’organiser les développements de l’ouvrage autour de l’ordre chronologique de publication des billets, l’auteur a choisi de les regrouper en fonction des thématiques abordées dans huit chapitres différents. Chacun des chapitres compte sur sa propre bibliographie, ce qui en fait sur ce point une porte d’entrée idéale pour amorcer une première recherche. La richesse des avant-propos, préfaces et postfaces, tous signés de la main d’auteurs et de praticiens spécialistes des thèmes abordés, fait également partie de l’intérêt de l’ouvrage. Toutes et tous, pourtant souvent non-juristes, y soulignent l’importance du rôle du droit pour s’assurer de la vertu des normes entourant la gouvernance d’entreprise et la RSE. Comme l’indique l’auteur dans le prologue de l’ouvrage, « [c]et ouvrage se veut une invitation à la lecture avec un objectif simple : faire réagir et lancer le débat » (p. 7). C’est tout l’intérêt ici : le contenu, qui est très accessible et toujours d’actualité, est en réalité le fruit d’une réflexion rythmée par une actualité faite de scandales, de projets réglementaires et d’évolutions marquant la gouvernance d’entreprise. L’ouvrage se veut donc volontairement concis et a le mérite de ne laisser personne indifférent. En contrepartie, il est facilement possible d’en déceler les limites. Les réflexions s’articulent surtout autour de cette actualité, limitant ainsi de facto le panorama et l’angle des problématiques abordées. Certains points, comme la finance, la divulgation ou encore l’outil qu’est la sanction de réputation, …

Appendices