Dossier

LITTÉRATURE, MÉDIAS ET DISCOURS CULTUREL[Notice]

  • Caroline Loranger,
  • Chantal Savoie et
  • Olivier Lapointe

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  • Caroline Loranger
    Université du Québec à Montréal/(CRILCQ)

  • Chantal Savoie
    Université du Québec à Montréal/(CRILCQ)

  • Olivier Lapointe
    Université du Québec à Montréal

Depuis une quinzaine d’années, les genres et les supports médiatiques suscitent un intérêt soutenu de la part des chercheuses et chercheurs s’attachant à l’étude de l’histoire de la littérature et de la vie culturelle. À même leurs travaux, qui ont d’abord en commun une relative synchronie, deux tendances plus saillantes se profilent. La première s’arrime au renouvellement de l’histoire de la presse, dont l’un des fers de lance est de considérer la dimension proprement poétique de l’appareil médiatique lui-même, en tant que matrice agissante et signifiante. On pensera notamment aux travaux de Marie-Ève Thérenty en France ainsi qu’à ceux, au Québec, de Micheline Cambron et de Guillaume Pinson, ce dernier proposant l’émergence d’un imaginaire médiatique. La deuxième tendance comprend pour sa part des travaux qui s’intéressent aux pratiques culturelles de grande consommation et à la culture médiatique en allant au-delà de la question de leur altérité par rapport à la culture légitime, dans le sillage d’Éric Macé notamment ; et pour la culture populaire médiatique au Québec, à partir de certaines propositions formulées par Danielle Aubry. En examinant la forme de différents objets culturels (corpus de presse, productions radiophoniques et télévisuelles, chansons, etc.), ces études les appréhendent comme des dispositifs reposant sur la répétition et l’hybridation, dispositifs qui en viennent à constituer les codes contribuant à leur spécificité. Le fait que les corpus médiatiques, souvent difficiles d’accès, soient depuis quelques années (en partie et à certaines conditions, parfois assez contraignantes) remis en circulation dans le contexte de vastes projets de numérisation d’archives n’est certes pas étranger à l’intérêt renouvelé pour ces objets d’étude et au recadrage des rapports qu’entretiennent la littérature, les médias et les discours culturels. Si les corpus médiatiques s’ajoutent aux sources usuelles (livresques et écrites) à partir desquelles on a écrit l’histoire de la littérature et de la culture, leur considération fait davantage qu’éclairer des angles morts dont l’élucidation permettrait l’ajout de chapitres séparés et autonomes à cette histoire littéraire et culturelle. Le geste même de rendre compte de ces pans médiatiques de la vie littéraire fait surgir tout un ensemble de questions qui nous invitent et nous incitent à constamment recadrer les savoirs, à interroger les frontières et les hiérarchies au sein des champs littéraires et médiatiques, à concevoir un système d’interactions culturelles dont la portée est encore plus vaste. Cette analyse découle de travaux qui la précèdent et la surplombent. Différentes propositions ont en effet essaimé dans ce contexte de (re)découverte des corpus médiatiques pour nourrir notre réflexion, depuis les perspectives d’une « histoire culturelle du contemporain » et celles des approches intermédiales jusqu’aux très sagaces expérimentations « indisciplinées » de l’équipe du projet « Penser l’histoire de la vie culturelle » (Cambron, Lefebvre, Robert, Saint-Jacques). Il nous semble qu’après l’euphorie ressentie devant les corpus médiatiques « retrouvés », ainsi que l’enthousiasme épistémologique et le vertige devant la quantité de sources à embrasser pour mesurer leur impact, les choses ne font que commencer. Nos connaissances sur plusieurs des genres médiatiques restent soit embryonnaires, soit morcelées. Si les oeuvres radiophoniques et télévisuelles ont déjà pour leur part fait l’objet de travaux fondateurs qui demeurent essentiels à leur compréhension (nous pensons ici à ceux de Renée Legris, qui a établi le corpus radiophonique québécois, présenté ses principaux auteurs et principales autrices, décrit les genres desquels il relève et accordé une attention particulière à certains de ses modes, humoristique notamment), il reste qu’en plus des genres fictionnels, et en dehors du radioroman et du téléroman en particulier, la littérature dans les médias électroniques se présente suivant une pluralité de modes et de genres qui méritent eux aussi qu’on …

Parties annexes