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Histoire de la littérature japonaise par Jean Guillamaud se présente sous la forme d’un guide concis (158 pages) s’adressant clairement aux non-spécialistes, retraçant selon une chronologie classique les courants, les styles et les auteurs marquants de la littérature japonaise, de ses premières manifestations (VIIIe siècle) à l’époque contemporaine (le dernier auteur traité dans l’ouvrage étant Haruki Murakami). Pour chacun de ses sept principaux chapitres, l’auteur reprend globalement le schéma suivant : une très brève description sociohistorique de l’époque ou de la période historique dont il est question, quelques considérations sur le contexte culturel et littéraire et une description succincte, en plusieurs sous-chapitres, des différents courants et typologies, de même que de quelques auteurs phares de la littérature, de la poésie et du théâtre en vogue au cours de ces mêmes périodes. La division des chapitres se présente ainsi : le siècle de Nara, la période Heian, le Moyen-Âge, l’époque Edo (1603-1867), la littérature à l’époque de Meiji, de l’ère Taishô à la guerre, la littérature contemporaine.

Le guide qui, de l’aveu de l’auteur, ne se veut […] ni, un tableau exhaustif, ni un manuel destiné aux spécialistes (p. 3) s’adresse davantage à un public néophyte intéressé à parcourir en surface les grands traits de l’histoire de la littérature japonaise. L’universitaire ou le connaisseur, en quête d’articles spécialisés ou même d’un aperçu intéressant devra, sans l’ombre d’un doute, chercher ailleurs. En effet, Histoire de la littérature japonaise dresse ce qu’on pourrait appeler une bibliographie commentée sur le mode des Que sais-je ? L’absence d’analyse, la légèreté des commentaires, de même que l’omission de certains auteurs – surtout contemporains – ou encore l’extrême brièveté des explications les concernant (quelques lignes seulement parfois pour des auteurs aussi importants que Dazai Osamu) rebuteront les lecteurs plus exigeants. Au total, on constate que le guide souffre de sa brièveté : en effet, par souci de concision, l’auteur a grugé la chair sur l’os, laissant entre les mains du japonophile une liste informative, parfois ennuyeuse, d’auteurs, de titres de livres et de descriptions d’actions (ces dernières étant néanmoins utiles lorsqu’il s’agit de livres plus anciens dont le contenu est parfois moins accessible).

Cependant, la quasi absence d’ouvrages récents en français sur l’histoire de la littérature japonaise – on trouve surtout des dictionnaires, des articles et des monographies qui concernent plus spécifiquement une époque ciblée – justifie à elle seule la présence du livre sur le marché. On déplore toutefois que cet effort reste embryonnaire : le lecteur plus consciencieux devra se tourner vers les tentatives similaires, anglophones ou germaniques, afin de satisfaire sa curiosité. L’intérêt principal du livre reste donc de donner un aperçu très rapide de l’univers de la littérature japonaise et pourrait intéresser les étudiants collégiaux ou en première année de BAC soucieux d’obtenir un fond de connaissances et une brève bibliographie. Les amateurs de poésie classique y trouveront peut-être quelque intérêt, l’auteur accordant à celle-ci une place prépondérante dans son ouvrage.