Recensions

Éric Boulanger, Éric Mottet et Michèle Rioux, DIR, Mondialisation et connectivité : les enjeux du commerce, de l’investissement et du travail au XXIe siècle, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2019[Notice]

  • Laurie Trottier

Laurie Trottier est étudiante au baccalauréat en relations internationales et droit international à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM).

Une littérature abondante s'est accumulée au fil des années au sujet de la mondialisation. Si le sujet a fait couler autant d'encre, c'est que le phénomène se retrouve plus que jamais au coeur des échanges, du commerce, des sciences sociales, économiques et politiques, de la technologie et même du quotidien de la civilisation. Toutefois, certains auteurs estiment que la mondialisation est trop souvent encastrée dans des prémisses et associations menant parfois à une vision étroite et linéaire des enjeux, plutôt que globalisante. C'est un des nombreux constats des auteurs de l'ouvrage collectif Mondialisation et connectivité : les enjeux du commerce, de l'investissement et du travail au XXIe siècle, sous la direction du codirecteur de l’Observatoire de l’Asie de l’Est de l’UQÀM, Éric Boulanger, le professeur de géopolitique, Éric Mottet, et la directrice du Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation de l'UQAM, Michèle Rioux. Cet ouvrage ne prétend pas brosser le portrait complet de la mondialisation, mais cherche plutôt à dresser les résultats de recherches approfondies et à laisser au lecteur le soin de faire ses propres liens entre les nombreux enjeux liés à ce phénomène. Ce recueil aborde néanmoins un large éventail de thèmes : la place de l'État dans un monde globalisé, la politique commerciale américaine, les défis de la régulation, les dynamiques commerciales et les firmes transnationales en passant par l'émergence de nouveaux joueurs. Cet ouvrage puise son intellection à travers l'histoire, les outils économiques et les relations internationales pour s'inscrire ainsi comme une lecture essentielle afin de formuler un jugement critique de la mondialisation, exempt de raccourcis de pensée. L'ouvrage se divise en vingt-quatre chapitres articulés autour de cinq parties qui permettent une juste compréhension de la mondialisation, bonifiée par la contribution d'auteurs aux bagages différents, mais complémentaires. C'est sur certaines propositions avancées à travers ceux-ci qu'on se concentre. La première partie tente de qualifier ce phénomène et jette les premières pistes d'analyse en y intégrant beaucoup de faits historiques. Le premier chapitre élabore les différentes transformations de l'économie mondiale, dont la montée en puissance de la Chine, l'organisation de la production des entreprises à l'ère de leur externalisation et l'apparition de nouveaux réseaux marchands. À cette enseigne, les auteurs Christian Deblock et Michèle Rioux expliquent que le capitalisme en tant que nouvelle dynamique de production est désormais empreint de production transnationale, ce qui laisse transparaître la volonté des États de rivaliser à l'international afin d'obtenir des contrats. Le chapitre 2 s'articule plutôt autour de la nécessité de sécurité économique internationale qui s'installe dans les rapports interétatiques. Si Christian Deblock souligne au passage le progrès réalisé afin d'arriver à un nouvel ordre économique international, il formule également quelques critiques. Il indique notamment que le projet est « tronqué » par la volonté même des États, ce qui fait en sorte que les institutions économiques sont condamnées à n'avoir qu'un mandat sommaire en matière de multilatéralisme. De plus, l'ouvrage traite à répétition du rôle de l'État dans le développement économique international, et le chapitre 3 ne fait pas exception. L'analyse de Dorval Brunelle, bien qu'elle remonte à plus de quinze ans, reste néanmoins pertinente, puisqu'on y traite de la reconversion de l'État après un questionnement sur sa possibilité de réguler les conflits économiques dans un monde où la classe politique et celle des affaires évoluent parfois en symbiose. Le constat formulé en 2003 par le chercheur n'est donc en rien caduc : les institutions, l'État en premier, se retrouvent bouleversés par la globalisation. Le postulat comme quoi l'heure n'est pas à la condamnation de l'État, mais plutôt à un changement de paradigme, se poursuit dans le …

Parties annexes