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L’organisation de la production et du travail : vers un nouveau modèle ? sous la direction de Gregor Murray, Jacques Bélanger, Anthony Giles et Paul-André Lapointe, Québec : Les Presses de l’Université Laval, 2004, 262 pages, ISBN 2-7637-8048-2.[Notice]

  • Normand Laplante

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  • Normand Laplante
    Université du Québec en Outaouais

Le modèle productif du travail fondé sur la production de masse est en crise et les paramètres des systèmes de gestion et de l’organisation du travail qui ont fait la force du modèle fordiste lors de ce que l’on a appelé les « trente glorieuses » ne permettent plus de rencontrer l’efficacité d’autrefois. Sous les forces de la mondialisation des économies, des transformations technologiques, des exigences de flexibilité pour répondre aux besoins des clients ou encore des aspirations nouvelles des travailleurs, le travail est ainsi en mutation. Mais, s’agit-il réellement d’un nouveau modèle ? Si oui, quelles en sont les formes ? Quels en sont les impacts pour les travailleurs ? Quels sont les paramètres pouvant favoriser sa diffusion et son institutionnalisation ? Voilà autant de questions auxquelles s’intéressent ce livre qui comporte cinq chapitres rédigés par des auteurs différents. Après avoir examiné la montée et le déclin du modèle fordiste, le premier chapitre, rédigé par Jacques Bélanger, Anthony Giles et Gregor Murray, trace les grandes lignes d’un nouveau modèle qui se dessine et en examine les possibilités de consolidation. Les auteurs situent leur analyse à un niveau d’abstraction permettant une généralisation du modèle de production selon trois sphères en interaction, soit la gestion de la production, l’organisation du travail et les relations d’emploi. Le nouveau modèle de production qui se dessine se base sur les principes de flexibilité de la production et la standardisation des processus (plutôt que des produits) pour la première sphère; l’augmentation des compétences et des savoirs ainsi que de l’autorégulation et de la polyvalence pour la deuxième et d’un transfert des risques vers les employés (plus grande flexibilité d’emploi associée à une réduction de la sécurité d’emploi) et de la promotion de l’adhésion sociale pour la troisième. Le nouveau modèle est porteur de nombreuses tensions entre ces principes entraînant une instabilité de celui-ci. Ces tensions internes associées à un faible encadrement institutionnel retardent la diffusion du nouveau modèle productif. De plus, la faiblesse du mouvement ouvrier ne favorise pas un renforcement de cet encadrement institutionnel. Dans le second chapitre, Paul Edwards, John Geary et Keith Sisson s’intéressent à la portée des nouvelles formes d’organisation du travail basées sur la participation des travailleurs dans la définition de la nature de leurs tâches et la manière de les exécuter. Après avoir traité de questions méthodologiques devant être prises en considération dans les études comparatives (définition, taux de réponse, échantillonnage, etc.), les auteurs présentent l’étendue des nouvelles formes d’organisation du travail à partir d’études nationales aux États-Unis, en Europe et au Japon, pour ensuite examiner les conditions favorables à leur expansion à partir d’études de cas. L’intérêt pour les nouvelles formes d’organisation du travail est répandu, mais les formes les moins radicales sont les plus utilisées. Les formes plus avancées de participation associées au modèle suédois constituent l’exception. Dans leur analyse, les auteurs concluent que l’on n’est pas passé d’un modèle de contrôle et de rigidité à un modèle de responsabilisation et de flexibilité. Les nouvelles formes d’organisation du travail ne constituent pas la fin de la régulation, mais une nouvelle forme de celle-ci alors q’une plus grande autonomie des travailleurs peut aller de pair avec un contrôle accru exercé de façon plus distante et moins immédiate. Les nouvelles formes d’organisation du travail devraient perdurer tant que les bénéfices dépasseront les coûts, mais il n’est pas certain qu’elles deviennent des figures emblématiques de la période actuelle. Le troisième chapitre, par Eileen Appelbaum, traite des aspects des modèles de travail à haute performance, ainsi que des effets contradictoires de ces modèles sur le travail et des incidences sur les …