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Spiritualité et intervention : convergence et défis[Notice]

  • Pauline Gagné

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  • Pauline Gagné
    Soeur de la Charité d’Ottawa

La province de l’Ouest, là où j’ai travaillé pendant neuf ans, est la région la plus récente à avoir été colonisée en Papouasie. Ce qui veut dire qu’il y a quarante ans à peine, les gens y vivaient à l’état naturel, à l’écart des valeurs du monde contemporain. L’éducation en tant qu’institution n’y existait évidemment pas; l’éducation familiale et les habiletés, les moeurs et les coutumes étaient transmises de génération en génération. Chaque clan vivait de façon isolée, les seuls moyens de transport étant la marche et le canot. La jungle leur donnait tout ce dont ils avaient besoin comme nourriture, vêtements, logement et médicament. Se trouvant près de la mer, la partie sud de cette province était la seule accessible à ceux et à celles qui venaient de l’extérieur. Quelques îles sont habitées par des gens vivant de la pêche, mais cette partie est surtout marécageuse, donc inhabitable. Au centre, se trouvent les lagunes; les tribus y vivent de chasse et de pêche. Grâce à une alimentation riche en protéines, ces gens sont de bonnes tailles et de bonne constitution. Un peu plus au nord, les gens vivent surtout dans la jungle, se nourrissant de produits de la terre, d’un peu de poisson et de quelques animaux chassés dans la brousse. Ces individus tendent à être de plus petite stature. Au nord, dans les montagnes, la température est beaucoup plus froide. Faute d’animaux et de poissons dans ces régions, les gens y vivent surtout d’une sorte de tubercule et de très peu de viande. Dans ces tribus, parce qu’ils marchent constamment dans les montagnes, les gens sont courts de stature et très musclés. C’est aussi au nord que se trouvent actuellement les dernières forêts tropicales vierges du monde. Les montagnes y sont riches en minéraux. Au cours des quelque trente dernières années, les industries minières et forestières sont entrées sur le territoire, accompagnées, presque du jour au lendemain, d’une batterie de technologie moderne; quelques villes ont poussé comme des champignons, apportant toutes sortes de biens matériels, des activités de loisir, de la nourriture, des biens jamais vus auparavant. En quelques années, les gens sont passés de l’âge de pierre à l’âge « moderne ». Qui plus est, le manque d’éducation officielle a permis aux multinationales de prendre avantage de ce peuple. Voici donc le milieu dans lequel devait oeuvrer le Bureau diocésain de développement Justice et Paix. Dans la suite de cet article, je vais tenter de préciser le genre de formation nécessaire à la prise en charge d’un tel bureau par les Papous. Dans la culture papoue, le groupe (ou le clan) est de première importance. Il assure la survie de tous ses membres et, hors du clan, l’individu n’existe pas. Par contre, avec l’arrivée de l’industrie, l’individualisme commence à se développer, au détriment des valeurs traditionnelles, ce qui cause un impact négatif sur le tissu social du clan; les jeunes sont le plus affectés par ces changements. Mon travail principal consistait en la formation de Papous afin qu’ils prennent en charge le Bureau diocésain de développement Justice et Paix. Cette formation se faisait sur place, en travaillant avec une équipe de Papous. Nous préparions du matériel de formation et de conscientisation pouvant être adapté à tout le diocèse, qui est d’une étendue de 99 000 km2 et qui compte 30 000 catholiques. Notre formation et conscientisation allaient de l’alphabétisation à la conscientisation politique, de la conscientisation de ce qu’est le développement véritable à l’acquisition des habiletés nécessaires à planifier, à mettre sur pied et à administrer des petits projets de développement répondant aux besoins de la …

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