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L’état des associations après la crise[Notice]

  • Viviane Tchernonog,
  • Lionel Prouteau,
  • Muriel Tabariés et
  • Erika Flahault

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La dernière édition de l’enquête Paysage associatif français, conduite en 2011 et 2012, a été menée dans un contexte marqué par des mutations importantes et par la crise économique. Le processus de décentralisation se poursuit, et avec lui le transfert de compétences et de ressources de l’Etat vers les collectivités locales qui explique une part des tendances observées depuis une dizaine d’années, avec une baisse progressive du poids du premier et une montée en charge des secondes. Le déficit public n’est pas récent, mais il se manifeste aujourd’hui avec plus d’acuité. Il explique par ailleurs l’accélération du recul de l’Etat dans le financement des associations et contraint désormais les marges de manoeuvre des collectivités locales. La période récente est aussi marquée par la professionnalisation des associations, nécessaire dans les contextes de technicisation croissante de leur action et de concurrence dans lesquels elles sont placées. Les normes législatives et réglementaires contribuent à accélérer ce processus, en encadrant de plus en plus l’activité des associations. Le besoin en compétences de ces dernières concerne à la fois le travail salarié et le travail bénévole. En matière d’emploi salarié, la professionnalisation implique de rémunérer à leur niveau les compétences des travailleurs, mais elle est rendue plus difficile par la contraction des financements. Dans ce contexte de mutations, la crise économique de 2009 a pour conséquence d’amplifier la raréfaction des ressources publiques et privées et de générer des besoins croissants de solidarité. L’objectif du programme d’enquête (lire l’encadré 1, en page suivante) conduit est double : construire les indications chiffrées sur l’activité des associations et repérer les grandes évolutions intervenues depuis 2005, année du dernier état des lieux . Le nombre d’associations vivantes a été estimé à 1 300 000, parmi lesquelles près de 183 000 ont recours à l’emploi de professionnels salariés, les autres ne s’appuyant que sur le travail bénévole pour mettre en place leur projet. Le nombre de structures continue d’augmenter : le secteur associatif en compte en moyenne 33 000 de plus chaque année sur la période 2005-2011. Ce chiffre, représentant le solde des naissances et des disparitions d’associations, est nettement inférieur à celui des enregistrements de création d’associations, qui s’établit sur la période à 67 000. Cet écart tient au fait qu’au renouvellement normal du tissu associatif s’ajoutent des phénomènes liés au niveau élevé de mortalité des très jeunes structures et aussi qu’un certain nombre d’organisations enregistrées en préfecture ne voient jamais le jour. Le taux annuel d’augmentation du nombre d’associations s’établit ainsi à 2,8 % et indique une légère décélération comparativement à la période précédente, où ce chiffre s’élevait à 4 %. Cette hausse du nombre de structures résulte de l’accroissement de celui des petites associations de bénévoles animant la vie locale, qui a augmenté à un rythme de 3,1 %, nettement plus rapide que celui des associations employeuses, qui s’est élevé durant la période à seulement 1,9 %. Le secteur associatif reste composé d’un très grand nombre de petites structures : 22 % des associations gèrent un budget annuel inférieur à 1 000  euros, mais ne réalisent que 0,2 % du budget cumulé du secteur. Elles fonctionnent à partir du seul travail bénévole. Leur nombre a augmenté à un rythme particulièrement rapide, de 9 % par an en moyenne. A l’opposé, 2 % des associations gèrent un budget annuel supérieur à 500 000 euros, mais concentrent 70 % du budget cumulé du secteur (graphique 1, en page suivante). Ce dernier apparaît dominé par les associations sportives, culturelles et de loisirs, qui représentent près de 66 % du total. Souvent actives au niveau local (quartier, commune) et …

Parties annexes