Introduction

Les identités professionnelles dans le miroir du discoursConcepts, méthodes et valorisation des rôlesThe professional identities Throught the lens of discourseConcepts, methods and valorization of specific roles concepts, methods and valorization of specific roles[Notice]

  • Jean-Claude Kalubi

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  • Jean-Claude Kalubi
    Chaire de recherche sur les identités et les innovations professionnelles en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement, Université de Sherbrooke, 2500 boul. de l’université, Sherbrooke, Québec, Canada, J1K 2R1

Depuis quelques décennies, le discours académique présente l’identité professionnelle comme étant d’abord un construit social. Il met en évidence des phases de socialisation vécues en milieu professionnel et explore les tendances de développement permettant aux acteurs de se maintenir ou de se renforcer. Le discours relatif aux identités professionnelles suscite des réflexions concernant les représentations, les savoirs, les compétences, les valeurs et les attitudes. Il traite aussi des transformations des relations de travail. Il offre des pistes d’analyse en rapport avec les mouvements d’émancipation, de revendication ou de quête de reconnaissance. Il énonce une série d’exigence en matière de respect de la dignité des travailleurs. Dans d’autres contextes, ce discours aborde les difficultés de certains professionnels à se définir, à présenter leurs caractéristiques personnelles et à maintenir leurs spécificités (Varghese, Morgan, Johnston & Johnson, 2005). Il témoigne des incertitudes relevées sur le terrain. Plusieurs études ont récemment rappelé l’importance du discours des identités professionnelles. Ainsi, comme le montre Sachs (2001, 2005), dans ses écrits consacrés à l’identité professionnelle de l’enseignant, le discours relève d’une construction visant à mettre en évidence les conditions de changement, les aspirations individuelles et les préoccupations professionnelles. Il permet de découvrir les tensions entre acteurs autour des injonctions administratives, des ajustements structurels, ainsi que des aspirations démocratiques. En partant des rapports journaliers des médecins stagiaires, des chercheurs (Apker et Eggly, 2004; Jarvis-Selinger, Pratt & Regehr, 2012) parlent du poids de l’idéologie dans la construction d’une nouvelle identité professionnelle. Ils mettent en évidence des stratégies de reproduction d’un système élitiste. Ils soulignent aussi l’existence des tensions entre deux modèles de développement professionnel. Le premier est traditionaliste; il valorise les approches humanistes et socialisantes. Le second est suprémaciste; il prône une affirmation identitaire accentuée et l’expansion des privilèges socioéconomiques. Dans le domaine de la formation en sciences infirmières, les thèmes ci-dessus ont été relevés dans le discours éditorial de la revue professionnelle L’infirmière du Québec. Le discours des éditorialistes (1993-2003) planche sur les conditions de travail; il traite des relations entre l’élite professionnelle et les infirmières de chevet. D’après Nazon (2015), ce discours est discriminatoire au détriment de la majorité des infirmières, dont il occulte les problèmes quotidiens. Il est plutôt orienté vers la promotion de la vision scientifique des soins infirmiers permettant de répondre non seulement aux critères de modernité, d’excellence et d’innovation, mais aussi aux qualités de responsabilité, de planification et de gestion favorable aux politiques de virage ambulatoire. Plusieurs dimensions de l’identité sont évacuées des éditoriaux. Il en est ainsi des stratégies d’insertion des jeunes infirmières, de leur appartenance à ce domaine, de leur adaptation aux changements sociétaux ou à l’évolution de la population. Tout cela est mis en berne au profit d’une expression politique et d’un renforcement de l’affirmation collective. Dans le domaine de la déficience intellectuelle et des troubles du spectre de l’autisme, des intervenants venant de plusieurs régions du Québec (Kalubi, 2011) ont été consultés dans le cadre des sessions de leurs conseils multidisciplinaires. Leurs préoccupations touchaient la transformation des services offerts. Le discours consigné témoigne de plusieurs questions et réponses, renvoyant à la transformation des conditions de travail, à l’évolution des caractéristiques des personnes, ainsi qu’aux défis propres à leurs identités professionnelles. Il étale des réflexions formulées au cours des rencontres. Il montre que le quotidien des intervenants se veut un laboratoire clinique et en même temps un contexte propice au développement des compétences professionnelles. Le discours de ces intervenants attire aussi l’attention sur des facilitateurs et obstacles en lien avec le processus de transformation de l’offre de services. Par ailleurs, la diversité des catégories de représentants (éducateurs spécialisés, psychologues, …

Parties annexes