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La neuropathie sensitivo-motrice héréditaire avec agénésie du corps calleuxSevere neuropathy with agenesis of the corpus callosum[Notice]

  • Heidi C. Howard,
  • Nicolas Dupré,
  • Jean Mathieu,
  • Jean-Pierre Bouchard et
  • Guy A. Rouleau

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  • Heidi C. Howard
    Centre de recherche en neurosciences,
    Hôpital général de Montréal,
    Département de Biologie,
    Université McGill, 1650 Cedar, Montréal, Québec,
    H3G 1A4 Canada.

  • Nicolas Dupré
    Centre de recherche en neurosciences,
    Hôpital général de Montréal,
    Département de Biologie,
    Université McGill, 1650 Cedar, Montréal, Québec,
    H3G 1A4 Canada.

  • Jean Mathieu
    Hôtel-Dieu de Chicoutimi,
    Québec, Canada.

  • Jean-Pierre Bouchard
    Hôpital de l’Enfant-Jésus,
    Université Laval, Québec,
    Canada.

  • Guy A. Rouleau
    Centre de recherche en neurosciences,
    Hôpital général de Montréal,
    Département de Biologie,
    Université McGill, 1650 Cedar, Montréal, Québec,
    H3G 1A4 Canada.
    guy.rouleau@mcgill.ca

La neuropathie sensitivomotrice héréditaire avec agénésie du corps calleux (NSMH/ACC) (OMIM 218000), également connue sous le nom d’agénésie du corps calleux avec polyneuropathie (ACCPN) ou syndrome d’Andermann, est une maladie à transmission autosomique récessive de début précoce. Les patients atteints de NSMH/ACC proviennent principalement de deux régions du Nord-Est du Québec, le Saguenay-Lac-Saint-Jean (SLSJ) et le comté de Charlevoix [1]. Un effet fondateur explique cette prédominance régionale. En reconstruisant la généalogie des familles atteintes, on arrive à la conclusion que des colons venus de France au XVIIe siècle (régions du Poitou et du Perche) sont à l’origine de cet effet fondateur [1], même si aucun cas n’a été à ce jour rapporté en France. Le gène responsable de cette maladie, SLC12A6, a été identifié récemment par notre laboratoire [2]. Cliniquement, NSMH/ACC se caractérise par un retard de développement moteur, une atteinte cognitive progressive, un dysmorphisme (palais ogival, syndactylie), une hypotonie, une amyotrophie, une aréflexie tendineuse, une polyneuropathie sensitivo-motrice, et un degré variable d’agénésie du corps calleux [3]. D’un point de vue évolutif, la maladie se caractérise par un retard du début de la marche (3,8 ans), une perte de l’autonomie ambulatoire vers 14 ans, et une scoliose précoce débutant à 10,4 ans. L’âge moyen de décès se situe vers 33 ans. Chez ces patients, les fonctions cérébrales sont souvent atteintes, et 39 % développent des épisodes psychotiques vers l’âge de 15 ans [3]. Les études électrophysiologiques montrent une certaine variabilité des vitesses de conduction motrices (16-57 m/s). Les conductions sensitives sont toujours abolies, même en bas âge. L’imagerie cérébrale est normale chez environ le tiers des patients, alors que les deux tiers présentent une agénésie partielle ou complète du corps calleux (Figure 1) [3]. On note à l’examen anatomopathologique - outre l’agénésie du corps calleux - une petite quantité de gonflements axonaux dans la substance blanche cérébrale et une préservation des faisceaux de Probst (faisceau longitudinal aberrant situé sur la face interne de l’hémisphère cérébral) (Figure 2) [4]. Il ne semble y avoir aucun signe ni d’atrophie corticale ni d’atteinte de la corne antérieure de la moelle épinière. On retrouve des axones gonflés dans les 3e et 7e nerfs crâniens, ainsi que dans les racines ventrales et postérieures de la moelle épinière. La biopsie du nerf sural montre une perte axonale et des axones gonflés. L’effet fondateur présent dans la NSMH/ACC au Québec a été confirmé sur le plan moléculaire. Nous avons ainsi démontré que 64 % des patients québécois atteints partageaient le même haplotype au sein d’une région du chromosome 15 s’étendant sur 4 cM, et que 97 % d’entre eux partageaient un même marqueur microsatellite (D15S1232) [1]. Une étude des gènes candidats présents dans la région a démontré que tous les patients québécois atteints présentaient une mutation ponctuelle de l’exon 18 (2436delG, Thr813fsX813) du gène SLC12A6 codant pour le canal potassique KCC3 [2]. Un seul patient québécois est porteur de la mutation mentionnée ci-dessus sur un allèle de l’exon 18 et d’une mutation de l’exon 11 sur un autre allèle (1584-1585delCTinsG, F529fsX531) [2]. Dix patients provenant de quatre autres pays (Italie, Autriche, Tanzanie, Turquie) présentaient des caractéristiques cliniques très semblables à celles des patients québécois. Une mutation ponctuelle du gène SLC12A6, située dans des exons différents de ceux atteints chez les patients québécois, a été confirmée chez deux de ces patients (Italie, exon 15; Turquie, exon 22) [2]. À l’heure actuelle, le rôle de la protéine KCC3 dans la physiopathologie de la NSMH/ACC n’est pas bien défini. De façon générale, KCC3 est un canal ionique qui agit comme co-transporteur K+-Cl- …

Parties annexes