Comptes rendus

Bonnot-Courtois, Chantal, Caline, Bruno, L’Homer, Alain et LeVot, Monique (édit.), 2002. La Baie du Mont-Saint-Michel et l’estuaire de la Rance : environnements sédimentaires, aménagements et évolution récente. (The Bay of Mont-Saint-Michel and the Rance estuary. Recent development and evolution of depositional environments). Bulletin du Centre de recherche Elf Exploration et Production, Pau, Mémoire 26, 256 p., 158 fig., 9 tabl., 1 planche couleurs, 27,5 x 21,5 cm, 37 € (env. 60 $ CAD). ISBN-2-901-026-53-2.[Notice]

  • Jean-Claude Dionne

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  • Jean-Claude Dionne
    Université Laval

Vient de paraître un très bel ouvrage sur la baie du Mont-Saint-Michel, une région célèbre non seulement pour son monastère ancien perché sur un piton rocheux en pleine zone intertidale et pour ses succulents fruits de mers, mais aussi pour l’histoire quaternaire de son bassin sédimentaire macro-tidal. Il s’agit d’un ouvrage collectif rédigé par une vingtaine d’auteurs de diverses spécialités du domaine des sciences de la Terre et des littoraux. L’ouvrage comprend trois parties : une introduction composée de trois chapitres, puis deux autres parties respectivement consacrées à la baie du Mont-Saint-Michel et à l’estuaire de la Rance, comportant chacune quatre chapitres. Sans doute pour assurer une plus grande diffusion et permettre aux unilingues anglophones de le lire, l’ouvrage a été traduit. Le texte français apparaît sur la colonne de gauche, le texte anglais, sur celle de droite. L’édition sur papier glacé est soignée et de très bonne qualité. La plupart (85 %) des illustrations (figures, cartes et photos) sont en couleurs. Riche et diversifié, le contenu donne un aperçu fort satisfaisant de l’état des connaissances sur ce vaste bassin sédimentaire. L’objectif de l’ouvrage est d’analyser le fonctionnement sédimentaire de deux systèmes macro-tidaux voisins (la baie et l’estuaire) fortement modifiés par l’homme. Deux grandes formations sédimentaires occupent l’ensemble de la baie du Mont-Saint-Michel : des sables bioclastiques anciens, fortement concentrés en zone infratidale et prélittorale, et des vases silto-argileuses, en milieu intertidal et littoral. Dans le détail, ces formations présentent des faciès variés liés à l’action des courants et des vagues, ainsi qu’à celle des organismes et de l’homme dont les activités depuis plusieurs siècles ne sauraient être ignorées dans l’évolution de ce milieu complexe. Rappelons, à titre d’exemple, le barrage hydraulique (usine marémotrice) de la Rance, construit au début de la décennie 1960, les divers aménagements pour la conchyliculture, la mytiliculture, l’ostréiculture et les pêcheries, ainsi que le broutage des herbus par les moutons (agneaux de pré-salé de grande renommée). Le plan général des deux parties principales consacrées respectivement à la baie du Mont-Saint-Michel et à l’estuaire de la Rance est similaire. On parle d’abord du cadre physique, des milieux sédimentaires, de l’influence des aménagements sur ces milieux et de leur évolution à l’Holocène. Le chapitre consacré aux milieux sédimentaires de la baie du Mont-Saint-Michel (p. 45-97) retiendra tout particulièrement l’attention de ceux qui s’intéressent aux littoraux. Il traite notamment des bancs coquilliers de la batture, du banc des hermelles (vers sédentaires : Sabellaria alveolata), des herbus (schorres), des rythmites tidales dans la tangue ainsi que du cordon littoral sableux du Bec d’Andaine. Le lecteur notera l’emploi, dans la version anglaise, du terme « schorre » à la place de « tidal marsh ». Bien que d’origine néerlandaise, ce vocable, très utilisé en francophonie, l’est rarement, sinon jamais, dans le monde anglophone. On le trouve pourtant dans le Glossary of Geology de l’American Geological Institute et dans l’Encyclopedia of Beaches and Coastal Environment. L’évolution des vastes (2 415 ha) herbus de la baie du Mont-Saint-Michel au cours des dernières décennies a été étudiée par Chantal Bonnot-Courtois et Jeannine LeRhun, toutes deux rattachées au Laboratoire de géomorphologie et environnement littoral, à Dinard. Il est beaucoup question des processus et de la dynamique d’évolution des herbus qui tantôt prennent de l’expansion, tantôt reculent. La période 1947-1980 a été caractérisée par une progression importante de la surface des herbus alors que, durant la période 1980-1996, le taux d’expansion a considérablement diminué. À quelques endroits, sur de courtes distances, l’érosion récente (1980-1996) a fait reculer le schorre à un taux compris entre 4 et 12,5 m par année. Ce taux …