Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

De Koninck, Rodolphe et Jean-François Rousseau, Les poids du monde. Évolution des hégémonies planétaires, coll. Géographie contemporaine, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2006, 237 p.[Notice]

  • Laurence Basset

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  • Laurence Basset
    École des hautes études internationales, Paris

Pour trouver un renseignement précis sur l’évolution d’une question géopolitique donnée, il faut avoir une bibliothèque savamment garnie d’ouvrages de référence, à la fois bien documentés et méthodologiquement efficace. C’est dans cette catégorie que se situe l’ouvrage de R. de Koninck et J.-F. Rousseau : il permet d’accéder rapidement à une information claire et précise. Cela tient à la méthodologie mise en oeuvre : les auteurs ont opté pour une mise en avant d’indicateurs fondamentaux, permettant de cerner l’évolution de notre monde ainsi que des hégémonies qui le construisent et le font fonctionner. Face à la complexification des phénomènes mondiaux, il est devenu essentiel de tenter de comprendre les destins respectifs des nations et des régions du monde, puisque ces destins restent soumis au poids relatif des unes et des autres sur la scène internationale. En choisissant quelque quatre-vingt indicateurs, coordonnés sur des échelles géographiques et temporelles, les deux auteurs réussissent à nous faire parvenir un état des lieux de la situation mondiale dans toute sa complexité. S’il peut apparaître un brin inopportun de recourir systématiquement à l’outil cartographique, cela se justifie pourtant dans la majorité des cas étudiés et permet une meilleure appréhension des situations et des enjeux. Afin de faciliter la lecture de ces éléments cartographiques, il a également fallu restreindre le nombre de pays étudiés. Les auteurs ont donc choisi à la fois d’identifier « les quinze poids du monde », parce qu’ils sont généralement responsables de plus de 80 % des flux, et de procéder par une régionalisation de certains phénomènes. L’ouvrage débute par un rappel historique des évolutions du monde ces dernières décennies, notamment de la chute de l’ex-urss et de la naissance de quinze nouveaux États, du processus de démembrement en Europe centrale, des indépendances africaines et des sécessions asiatiques, montrant ainsi l’apparition de certaines zones d’influence réciproques, de liens particuliers entre nations, de création d’organismes et systèmes communs… ainsi que de l’ensemble des facteurs (parfois de décomposition) influençant la structure des régions du monde. Les auteurs procèdent à une mise en exergue des logiques qui ont prévalu dans l’émergence de certaines régions sur la scène internationale, comme l’intérêt grandissant que le monde développe à l’égard des pays d’Asie centrale ou le décollage économique de certains pays asiatiques. Cette étude prend pour référence deux périodes historiques : 1980 et 2000. Les auteurs ont choisi six clefs d’entrée thématiques, en écartant délibérément certaines questions vitales. Dans une première partie qui considère les territoires et les populations, les auteurs constatent les inégalités de répartition qui frappent certaines régions du globe. Superficie, croissance de la population, vieillissement, densité, taux d’urbanisme et partage des richesses sont autant de thèmes qui permettent de caractériser les pays et les régions à notre époque. Dans la section agriculture et pêcheries, les cartes s’attachent à montrer la production et l’exportation céréalière, de blé, de sucre, de caoutchouc ainsi que des autres denrées qui se transforment en indicateurs (vin, thé, café, cacao, poisson, bovins, etc.) La troisième partie, pivot du livre, est consacrée à l’énergie : consommation, production, exportations et importations. En identifiant les principaux pôles de la planète, ces cartes permettent de visualiser les grandes tendances et les différents flux. Le chapitre quatre quant à lui, est consacré à l’industrie : productions brutes, transformation industrielle, croissances continues et émergences très rapides, asiatiques ou australes. Le Brésil et l’Australie rejoignent le Canada, la Russie et les États-Unis au premier rang des pays riches en matières premières industrielles. D’autre part se constituent des pôles de croissance : l’acier en Chine, le cuivre dans les Amériques, le bois aux États-Unis et au Canada. L’industrie …