Comptes rendus bibliographiques

SCIOLDO-ZÜRCHER, Yann, HILY, Marie-Antoinette et MA MUNG, Emmanuel (dir.) (2019) Étudier les migrations internationales. Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 388 p. (ISBN 978-2-86906-695-3)[Notice]

  • Dominique Soulancé

…plus d’informations

  • Dominique Soulancé
    Labo Passages UMR 5319 CNRS Bordeaux, Université de Lille

Depuis 30 ans, les migrations se sont intensifiées, mondialisées, complexifiées en même temps que de nouvelles destinations et de nouvelles formes de mobilité se faisaient jour. On parle aujourd’hui de près de 250 millions de migrants sur la planète (chiffre de l’Organisation des Nations Unies [ONU]), soit plus de 3 % de la population mondiale. Les migrations internationales sont devenues un enjeu fondamental dans chacune des sociétés qu’elles concernent, celles de départ comme celles d’arrivée, en passant par les espaces de transit. Dans cet ouvrage de 388 pages, Yann Scioldo-Zürcher, Marie-Antoinette Hily et Emmanuel Ma Mung exposent le fruit d’une expérience collective de recherches : une trentaine de chercheurs, géographes, sociologues, anthropologues, démographes, historiens, juristes et mathématiciens, membres pour la plupart du réseau MIGRINTER (laboratoire spécialisé sur les migrations internationales), proposent un condensé de leurs travaux issus de multiples enquêtes, dans le but de donner au lecteur des pistes d’analyse, d’étude et de compréhension des migrations internationales. Les quatre parties de cet ouvrage sont divisées en quatorze chapitres agrémentés d’une multitude de références bibliographiques et de douze pages d’une solide bibliographie. Chaque chapitre consiste en une lecture chronologique de l’évolution des recherches sur les migrations internationales. La première partie « Espaces migratoires et territoires circulatoires » traite de la manière dont on est passé du concept de champ migratoire aux notions de circulation migratoire, territoire migratoire et projet migratoire. Les termes « immigré » et « émigré » laissent place à « migrant ». Une attention particulière est réservée à l’expérience migratoire des personnes mineures. L’analyse de leurs récits et les mots de leurs langages ont donné vie à l’élaboration d’un lexique et d’une cartographie. La carte intitulée « Carnets de route des mineurs » (p. 91) spatialise leurs trajectoires migratoires avec, pour chacune, la configuration du parcours, les ressources mobilisables et les terrains de vulnérabilité, donnant ainsi une excellente image des travaux en cours. Dans la seconde partie « Migrations et dynamiques urbaines, habiter la ville », les auteurs nous présentent une lecture des recherches sur les migrations et la ville. « La ville est considérée comme un lieu de concentration d’une grande diversité d’expériences migratoires en lien avec une grande diversité des manières d’habiter » (p. 196). Ils s’interrogent aujourd’hui sur le migrant utilisateur et créateur de l’urbain, sur sa contribution spécifique et sur la transformation de l’espace dans lequel il est impliqué. Les auteurs nous font partager leur conviction que l’étude des migrations est un révélateur efficace des mutations urbaines. L’échelle du quartier et de la rue commerçante est alors privilégiée. Le dernier chapitre, « La santé en ville », pose la question de la santé comme révélatrice de façons de pratiquer et d’habiter la ville pour les migrants. Un groupe de chercheuses analyse, aux échelles internationale, locale et microlocale, la place qu’occupe la santé dans les expériences migratoires : effets des migrations sur la santé, recours et accès aux soins pour les migrants. Les trois chapitres de la troisième partie, « Migrations et sociétés d’origine », rendent compte des effets des migrations sur les sociétés de départ. Sont discutées les questions du retour et du rôle des associations de migrants. Un accent particulier est mis sur l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication sur la vie des migrants, nouveau lien entre ces derniers et leur société d’origine comme celle d’accueil, pratiques de communication transnationales devenues facilement accessibles et donc plus fréquentes. À l’échelle mondiale, les demandeurs d’asile et les réfugiés sont comptabilisés parmi les migrants. Ils font l’objet de la quatrième partie, « Des réfugiés aux politiques d’asile ». Le passage de leur …

Parties annexes