Introduction : les approches inductives dans la collecte et l’analyse des données[Notice]

  • Jennifer Denis,
  • François Guillemette et
  • Jason Luckerhoff

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  • Jennifer Denis
    Université de Mons

  • François Guillemette
    Université du Québec à Trois-Rivières

  • Jason Luckerhoff
    Université du Québec à Trois-Rivières

Depuis plusieurs décennies, les approches qualitatives ont pris une place de plus en plus importante dans des domaines de recherche tels que les sciences humaines et sociales, les sciences psychologiques, les sciences de l’éducation, l’anthropologie, la sociologie, les sciences infirmières, les sciences administratives, l’économie, les sciences politiques, etc. L’objectif de ces approches est de générer une compréhension approfondie de la complexité d’un phénomène. Venant ainsi répondre, entre autres, à la nécessité de pallier certaines limites des approches expérimentales, l’ensemble des méthodes que recouvrent les approches qualitatives a vu apparaître – face au paradigme positiviste pour lequel tout est donné par la réalité – le paradigme interprétatif. L’interprétation, au nom de la rigueur scientifique la plus fondamentale et la plus universelle, doit nécessairement être fondée sur les données et non sur des savoirs déjà constitués. La perspective interprétative de type inductif donne à voir comment un phénomène humain se développe dans les vécus. Elle s’intéresse donc aux expériences subjectives en recueillant des données auprès de témoins privilégiés sélectionnés minutieusement pour la recherche et en tenant compte des contextes variés dans lesquels se déploient ces expériences. L’ensemble des phénomènes et des relations humaines possède des caractéristiques qui rendent complexe – mais non impossible – l’application d’une approche réaliste à visée compréhensive (Miles & Huberman, 2003). En d’autres termes, une approche qui viserait l’objectivité en excluant toute subjectivité conduirait le chercheur à passer à côté des spécificités liées à des actions, à des processus et à des interactions humaines qui sont au coeur des phénomènes étudiés par la recherche inductive. Dans cette visée fondamentale, une recherche inductive de qualité requiert souvent de la part du chercheur une immersion dans certains aspects de la vie sociale des participants à la recherche, et ce, dans le but de capturer le plus d’aspects possible des expériences vécues subjectivement et des phénomènes étudiés. C’est pour cette raison que ce type de recherche est souvent qualifié de naturaliste. En effet, par un contact prolongé avec un terrain d’étude, le chercheur aborde intensivement les données relatives aux représentations et aux vécus d’acteurs sociaux. Il ne se tient pas à distance de son objet d’étude. Bien au contraire, il adopte une identification empathique aux personnes qui vivent le phénomène à l’étude et aux contextes de ce phénomène. En quelque sorte, on peut dire que le chercheur s’immerge dans le phénomène pour en faire émerger les données et les compréhensions pertinentes. Cette manière d’aborder un phénomène permet au chercheur de se poser des questions tant d’un point de vue épistémologique que d’un point de vue méthodologique. Dans le premier cas, il s’agira de se questionner à propos des possibilités d’explorer un phénomène spécifique. Dans le second cas, les questions du chercheur s’orienteront vers la manière d’accéder à la compréhension de ce phénomène et sur les procédures à utiliser pour collecter et analyser les données. Plus spécifiquement, les démarches inductives ont tout leur intérêt puisqu’elles consistent à recueillir un corpus de données et à en tirer, de manière itérative, des compréhensions qui permettent non seulement de rendre compte de la complexité d’un phénomène, mais aussi de s’engager dans sa transformation. À partir de l’observation empirique des situations où se trouvent les phénomènes à l’étude, les démarches inductives construisent du sens dans le but de générer des théorisations ou des modélisations. Ces théorisations et modélisations originales tentent de rendre compte de manière approfondie des phénomènes processuels ou subjectifs tout aussi complexes les uns que les autres. Ainsi, le chercheur devient un « dessinateur du vécu » (Vermersch, 2005). Modéliser ou théoriser, c’est tenter de rendre compte de manière aussi intelligible que possible des …

Parties annexes