Introduction : défendre la méthodologie de la théorisation enracinée (MTE) ou défendre les conclusions d’une démarche mobilisant la MTE?[Notice]

  • Jason Luckerhoff et
  • François Guillemette

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  • Jason Luckerhoff
    Université du Québec à Trois-Rivières

  • François Guillemette
    Université du Québec à Trois-Rivières

Ce numéro de la revue Approches inductives, le deuxième sur la méthodologie de la théorisation enracinée (MTE), est publié dans la continuité du colloque international qui a eu lieu il y a un peu plus d’un an et qui a été présenté en simultané à l’Université de Mons, en Belgique, et à l’Université du Québec à Trois-Rivières, en visiocolloque. Ce colloque, comme les deux précédents (Lille, 2009 et UQTR, 2013) a permis de faire le point sur l’évolution du recours à la MTE dans la recherche francophone. Dans cette introduction, nous proposons une réflexion sur cette évolution, notamment pour situer le contexte actuel de la présence de la MTE dans la recherche francophone. La MTE est apparue dans les publications francophones au cours des années 1980, notamment grâce à deux publications de Anne Laperrière (1982 et 1985), une sociologue québécoise spécialiste de la sociologie de l’École de Chicago. En 1997, elle a publié un autre texte sur la Grounded Theory sous la forme d’un chapitre dans un ouvrage collectif francophone sur la recherche qualitative. Dans les dernières décennies du XXe siècle, on trouve des traces d’une connaissance des publications de Glaser et de Strauss sur la Grounded Theory dans les universités francophones, entre autres, en sociologie, en sciences infirmières, en sciences de l’éducation et en sciences de l’administration. Les deux publications de Pierre Paillé, dans les années 1990 (1994 et 1996), ont fait connaître la Grounded Theory non seulement parce qu’il se réfère à l’ouvrage fondateur de 1967 (Glaser & Strauss, 1967), mais aussi parce qu’il propose des procédures d’analyse inspirées de l’approche proposée par ces deux auteurs. De nombreux étudiants à la maîtrise et au doctorat ont suivi sa proposition de théorisation à partir des données. D’autres chercheurs francophones ont fait connaître la Grounded Theory dans les années 1990, notamment Lorraine Savoie-Zajc (2000), en sciences de l’éducation, Francine Gratton (2001), en sciences infirmières, de même que Gérald D’Amboise et Nkongolo-Bakenda (1992) et Claire Gauzente (1995) en sciences de l’administration. L’ouvrage de Demazière et Dubar, en 1997 (1997a), sur l’analyse des entretiens biographiques, consacre une partie importante de son contenu à intégrer la Grounded Theory dans les démarches analytiques proposées. La même année, ces deux sociologues ont publié un article sur l’École de Chicago et la Grounded Theory (Demazière & Dubar, 1997b). À notre connaissance, la première traduction française d’un texte de Glaser et Strauss sur la Grounded Theory est celle que l’on trouve dans un livre consacré à l’oeuvre de Anselm Strauss, édité par Isabelle Baszanger, en 1992. Il s’agit d’une traduction du chapitre du livre de 1967 – Discovery of Grounded Theory – , chapitre dont le titre est The constant comparative method of qualitative analyses. En français, le titre est La méthode comparative continue en analyse qualitative (Glaser & Strauss, 1992). Un autre chapitre du livre fondateur de 1967 a été traduit en français en 1995 dans la revue Enquête, anthropologie, histoire, sociologie. Il s’agit du chapitre intitulé Generating theory, traduit par le titre La production de la théorie à partir des données (Glaser & Strauss, 1995). Par la suite, en 2003, un article de Corbin et Strauss a été traduit dans l’ouvrage de Cefaï L’enquête de terrain (Corbin & Strauss, 2003). Puis, en 2004, la deuxième édition du livre de Strauss et Corbin, Basics of qualitative research, a aussi été traduit (Strauss & Corbin, 2004). Finalement, en 2010, le livre fondateur de 1967, Discovery of grounded theory, a été publié en français (Glaser & Strauss, 2010). En 2006, François Guillemette dépose sa thèse de doctorat en éducation dans laquelle …

Parties annexes