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Le 20 janvier 2020, l’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) a fait son premier appel téléphonique à la Dre Theresa Tam et à son équipe de l’Agence de la santé publique du Canada posant une question scientifique fondamentale : « Que se passe-t-il ici ? ». L’Année internationale de l’infirmière et de la sage-femme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) était commencée depuis à peine trois semaines avec de multiples rassemblements et d’heureuses célébrations prévues dans les mois suivants. Qui aurait pu imaginer qu’une pandémie mondiale serait déclarée six semaines plus tard ? Cela nous a forcés à nous mobiliser rapidement pour faire face à ce défi mondial, tout en maintenant certaines activités (webinaires) prévues pour souligner l’année internationale de l’infirmière et de la sage-femme.

Depuis mars 2020, la COVID-19 a bouleversé tous les aspects de notre vie, mettant à rude épreuve le système de santé déjà accablé. Avec autant d’attention concentrée sur les salles d’urgence et les unités de soins intensifs, les vulnérabilités et les disparités de longue date dans d’autres secteurs de notre système de santé ont été rendues évidentes pour la population en général — sans oublier la situation déplorable des soins de longue durée. Ceci est en partie le résultat de décennies de négligence et d’un décalage croissant entre le niveau de soins requis par les personnes vivant dans ces milieux et le niveau de soins disponibles. Au moment d’écrire ces lignes, les leçons tirées de la première vague n’ont pas permis beaucoup de progrès vis-à-vis des dangereux problèmes de dotation et de main-d’oeuvre dans les établissements de soins de longue durée. Et maintenant, les unités de soins intensifs risquent également d’être débordées et les professionnels de la santé, déjà complètement épuisés, ne voient pas la lumière au bout du tunnel.

Bien que 2020 n’ait certainement pas été l’Année internationale de l’infirmière et de la sage-femme que nous imaginions, elle a certainement mis les infirmières à l’avant-plan. Tout au long de la pandémie, les infirmières ont fait preuve d’une résilience et d’un leadership incroyables. Et malgré la peur et l’incertitude, elles ont continué à être présentes pour prendre soin du public en cas de besoin.

Notre équipe a également répondu à l’appel en adaptant presque toutes ses opérations pour qu’elles se concentrent sur le soutien des soins infirmiers pendant cette période très difficile. Depuis les jours qui ont précédé la déclaration de pandémie de la COVID-19 par l’OMS, l’AIIC a travaillé avec tous les niveaux de gouvernement pour s’assurer que nos membres et toutes les infirmières disposent des informations factuelles et du soutien dont elles ont besoin pour mener à bien leur travail.

Au début, nos efforts de plaidoyer visaient principalement à garantir que toutes les infirmières aient un accès adéquat à l’équipement de protection individuelle. Nous avons tenu de nombreuses réunions avec la ministre fédérale de la santé et écrit des lettres à tous les premiers ministres provinciaux et des territoires au Canada à cet égard. Alors que la situation continuait d’évoluer, l’équipe a continué d’analyser attentivement la situation pour identifier les problèmes émergents qui nécessitaient d’autres plaidoyers officiels auprès des autorités. Lorsque la pandémie a entraîné des éclosions et des décès endémiques dans les résidences de soins de longue durée au Canada, l’AIIC (2020) a formé un groupe d’experts et a répondu par un énoncé de principe faisant appel à une réforme du secteur. Aussi, en partenariat avec l’Association médicale canadienne et la Société canadienne de médecine de soins de longue durée, nous avons publié un document de travail proposant l’élaboration de normes nationales de soins de longue durée (AMC, 2020).

Nous avons comparu, en tant que témoin, dans cinq études de comités parlementaires à la Chambre des communes et au Sénat concernant la réponse du Canada à la COVID-19. Précédemment au discours du Trône en septembre 2020, nous avons rencontré 20 élus du parlement fédéral et cadres supérieurs pour présenter les enjeux importants, amplifiés par la pandémie, des infirmières de partout au Canada pour demander que ces derniers soient priorisés dans le discours. Ces enjeux portaient principalement sur la dotation du personnel infirmier et les conditions de travail dans les soins de longue durée, la santé mentale des infirmières ainsi que sur le racisme dans les soins de santé.

En prévision du budget fédéral du 19 avril 2021, les membres du conseil d’administration et la direction générale de l’AIIC ont rencontré plus de 70 élus du parlement, attachées politiques et cadres supérieurs ; de février à mars 2021, pour discuter des priorités politiques en soins infirmiers à mettre en place afin de stabiliser les systèmes de santé et soutenir le rétablissement du Canada face à la COVID-19. Les trois priorités politiques portent sur l’élaboration des normes pancanadiennes sur les soins de longue durée, l’accroissement des transferts fédéraux en matière de santé à travers le Canada pour soutenir le grand nombre de personnes âgées et le développement des infrastructures pour accélérer l’accès aux soins virtuels. Parmi ces trois priorités, le gouvernement semble avoir choisi d’aller de l’avant avec les normes pancanadiennes de soins de longue durée et l’accessibilité aux soins virtuels.

Nous avons également exhorté les parlementaires et le gouvernement à améliorer les vulnérabilités du système de santé surexposées en temps de pandémie, en particulier les soins de longue durée. Nous avons préconisé une augmentation des transferts fédéraux en matière de santé pour tenir compte des coûts croissants du vieillissement à venir et pour étendre les soins virtuels, l’accès aux soins de santé mentale et le soutien pour lutter contre le racisme systémique dans les soins de santé.

Au printemps 2021, nous vivons avec une troisième vague de pandémie au Canada qui menace d’être pire que les deux premières. En effet, une grande partie de cette vague est alimentée par des variants du virus et elle frappe désormais plus durement les personnes âgées de moins de 60 ans. Bien que le développement rapide de vaccins efficaces soit très prometteur, le déploiement inégal des vaccinations à travers le Canada et dans le reste du monde peut signifier qu’il est déjà trop tard pour éviter le pire.

La pandémie et ses conséquences éventuelles façonneront les soins infirmiers, les soins de santé et la société tout entière, pour les années à venir. L’équipe continuera à travailler avec les gouvernements et nos partenaires de la société civile pour répondre à l’évolution des problèmes de santé et apporter des solutions à mesure que nous façonnerons l’économie et la société canadiennes d’après pandémie. En terminant, l’AIIC fait aussi un travail colossal en vue de remanier ses structures de gouvernance et d’adhésion afin que l’organisation puisse soutenir le plus efficacement possible les infirmières de toutes les catégories et régions du pays, dans un monde post-COVID.

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Sylvain Brousseau, inf., Ph. D.


On January 20, 2020, the Canadian Nurses Association (CNA) made its first call to Dr. Theresa Tam and her team at the Public Health Agency of Canada, asking the grounding question of science, “What is going on here?” We were barely three weeks into the World Health Organization’s (WHO) Year of the Nurse and the Midwife, with many happy gatherings and celebrations planned for the ensuing months. Who could have imagined that a global pandemic would be declared six weeks later? This forced us to mobilize quickly in order to face this global challenge, while maintaining some activities (webinars) planned to celebrate the International Year of the nurse and the midwife. Since March 2020, COVID-19 has caused upheaval to every aspect of our lives, putting significant strains on the already burdened health-care system. With so much of our attention focused sharply on emergency rooms and intensive care units, longstanding vulnerabilities and disparities in other parts of our health systems were laid bare —none more haunting than residential long-term care. This is in part a result of decades of neglect of the sector and a growing mismatch between the level of care required by people living in those settings and the level of care available. At the time of this writing, lessons learned from the first wave have not made much of a dent in the dangerous staffing and workforce issues in long-term care settings. But now, critical care units also are at risk of being overwhelmed and health care workers who are already utterly exhausted see no end in sight.

Although 2020 was certainly not the Year of the Nurse and the Midwife any of us imagined, it certainly put nurses in the spotlight. Throughout the pandemic, nurses have displayed incredible stamina and leadership. And despite fear and uncertainty, they continued to show up to take care of the public in their times of need. The CNA team has also answered the call, shifting nearly all our operations to focus on supporting nursing through this very challenging time. Since the days before the WHO declared COVID-19 a pandemic, CNA has worked with all levels of government to ensure our members and all nurses have the evidence-based information and supports they need to carry out their jobs.

In the beginning our advocacy efforts largely focused on ensuring all nurses had adequate access to personal protective equipment. We held numerous meetings with the federal Minister of Health and wrote letters to all of Canada’s provincial and territories First Ministers in that regard. As the situation continued to evolve, the team watched closing to identify emerging issues that required our formal advocacy efforts. When the pandemic brought rampant outbreaks and deaths to long-term care homes in Canada, CNA (2020) struck a panel of long-term care experts and responded with a brief calling for reform of the sector. And in partnership with the Canadian Medical Association, and the Canadian Society for Long-Term Care Medicine, we released a discussion paper on development of long-term care standards (CMA, 2020).

We appeared as a witness in five parliamentary committee studies in the House of Commons and Senate related to Canada’s response to COVID-19. Leading up to the Speech from the Throne in September 2020, we met with 20 elected members of the federal parliament and senior staff to present issues of importance to nurses across Canada that had been amplified by the pandemic and ask that they be prioritized in the Speech. These issues are nursing workforce and working conditions in long-term care, the mental health of nurses, as well as racism in health care.

Ahead of the federal budget coming on April 19, 2021, CNA’s Board and staff met with over 70 elected members of the parliament, political attachés, and senior executives; through February and March 2021, to discuss policy priorities in nursing to stabilize health systems and support Canada’s recovery from COVID-19. The three top priorities are: Development of long-term care pan-Canadian standards, increasing federal health transfers across Canada to support the large number of older people and supporting the development of infrastructure to accelerate the move to more virtual care. Of these three, the government appears to have chosen to move forward with pan-Canadian standards for long-term care and accessibility to virtual care.

We also urged parliamentarians and the government to improve on health system vulnerabilities exposed by the pandemic such as long-term care. We advocated for increased federal health transfers to account for the rising costs of aging lying ahead, and to scale up virtual care, access to mental health care, and support to tackle systemic racism in health care.

In Spring 2021 we are living with a third wave of the pandemic in Canada that threatens to be worse than the first two. Much of this wave is being fuelled by variants of the virus and now hitting those under age 60 the hardest. While the rapid development of effective vaccines holds great promise, the uneven rollout of vaccinations across Canada and the world, may mean we are too late to avoid the worst of a damaging third wave—not enough people are vaccinated to avoid huge rises in cases.

The pandemic and its eventual fallout will shape nursing, health care, and society for years to come. The team will continue to work with governments and our civil society partners to respond to evolving health care issues and to contribute solutions as we shape Canada’s economy and society going forward. And CNA is doing its own internal work to redesign its governance and membership structures so the organization can most effectively support all categories of nurses across the country, into a post-COVID world.

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Sylvain Brousseau, RN., Ph.D.