Comptes rendus

Jean Dubé, Jean Mercier et Emiliano Scanu (dir.), Comment survivre aux controverses sur le transport à Québec? Québec, Septentrion, 2021, 220 p.[Record]

  • Dominique Morin

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Cet ouvrage est paru en septembre 2021, dans l’actualité de la première vision du Réseau express de la Capitale (REC) présentée en avril par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ). Le REC marie deux projets d’infrastructures de transport jusqu’alors indépendants et opposés dans leur promotion : le troisième lien entre Québec et Lévis (alors un tunnel routier contenant six voies, long de 8,3 km et large de 19,4 m, au coût estimé de 9,45 G$) qui doit faciliter la circulation automobile, mais qui risque d’en induire, ainsi que de l’étalement urbain; et le Réseau structurant de transport en commun (RSTC), qui mise sur une ligne de tramway pour accroître la qualité et l’usage du transport en commun à Québec, notamment afin de réduire la circulation automobile. Un réseau de voies réservées était aussi ajouté dans le plan du REC, par l’élargissement d’autoroutes sur la Rive-Nord, avec d’autres projets en transport sur la Rive-Sud à la suite d’une critique du premier ministre Legault ayant jugé que le RSTC ne desservait pas assez bien les banlieues. Promoteur du RSTC, Régis Labeaume restait réservé quant au projet du troisième lien. Le gouvernement des Libéraux de Justin Trudeau s’inquiétait pour sa part du prix, de la pertinence et des conséquences environnementales du troisième lien qu’il était appelé à financer en partie. Dans les médias, les opinions exprimées apparaissaient divisées entre pro-RSTC et pro-troisième lien, respectivement confrontées par des critiques anti-RSTC ou anti-tramway et anti-troisième lien. En novembre, Labeaume a terminé son mandat en publiant une lettre contre le troisième lien, qui suggérait notamment l’alternative d’ajouter une voie dans le sens du trafic matin et soir sur le pont Pierre-Laporte. Le nouveau maire de Québec, Bruno Marchand, a rapidement fait sienne la promotion du tramway et du RSTC, auquel il a ajouté, sur les territoires de banlieues moins bien desservies, le déploiement du service de transport sur réservation Flexibus échelonné jusqu’en 2025. Les lecteurs trouveront une mise à jour sur l’évolution du projet de tramway et les dernières nouvelles qui s’y rapportent sur la page Internet Où en est le projet de tramway de Québec? créée par Radio-Canada (réactions aux sondages d’appui, aux voies partagées, à la coupe d’arbres, à des procédures judiciaires d’opposants au tramway contre la Ville de Québec et le Gouvernement du Québec, etc.). En avril, le Gouvernement de la CAQ a quant à lui annoncé une révision de sa vision du REC, remplaçant son tunnel par un bitube pour réduire les coûts et les risques associés à sa construction : une paire de tunnels de moindre diamètre contenant au total quatre voies, dont une réservée dans la direction du trafic. « Rééquilibrer » le développement de la région métropolitaine vers l’Est, faciliter l’accès à la propriété d’une maison pour les familles, prévenir les conséquences d’une fermeture éventuelle du pont Pierre-Laporte dont les suspentes sont usées et augmenter la productivité des travailleurs de la région se sont ajoutés à la liste des arguments controversés des promoteurs du troisième lien. Par ailleurs, au moment d’écrire ces lignes, l’expérience de la pandémie de COVID-19 et du télétravail ne semblent plus rendre les projets du RSTC et du troisième lien moins urgents pour leurs promoteurs, ce que soulevaient comme possibilité les auteurs de l’ouvrage. Leur écrit de circonstance reste intéressant pour certaines propositions d’analyses devant aider à comprendre les fondements de positions opposées dans les polémiques sur le développement des transports, ainsi que pour leurs critiques de la validité de quelques arguments. À l’effort de la CAQ pour associer le développement du transport collectif à l’élargissement et l’ajout d’autoroutes, le chapitre 3 et …