RECENSIONS DE LIVRES

Sigman, M. (2017). The secret life of the mind. New York. NY : Little Brown[Record]

  • Léandre Bouffard

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  • Léandre Bouffard
    Université de Sherbrooke

Mariano Sigman est un neuropsychologue argentin (Buenos Ayres) qui a obtenu son doctorat à New York et a effectué des études postdoctorales à Paris. Il a également de nombreuses publications à son crédit, et ce, dans les revues scientifiques les plus prestigieuses de la neuroscience. Son ouvrage a pour objectif de faire voir comment notre esprit pense, décide, apprend et éprouve des émotions. Bref, comment fonctionne notre cerveau et finalement qui nous sommes? En effet, l’écrivain portugais José Saramago n’a-t-il pas écrit : « Nos décisions nous définissent ». Au chapitre premier, l’auteur démontre que les bébés humains sont capables de représentations mentales et qu’ils disposent d’intuitions innées qui structurent ce qu’ils apprendront plus tard. À titre d’illustration, retenons l’expérimentation de Karen Wynn qui se déroule comme une pièce de théâtre en trois actes. Au premier acte, les bébés âgés entre 9 et 12 mois voient une marionnette qui essaie d’ouvrir une boite pour prendre un jouet. Arrive une autre marionnette gentille qui aide la première à prendre le jouet. Dans une autre scène survient une marionnette antisociale qui saute malicieusement sur la boite, prend le jouet et l’emporte. Dès qu’on lui en offre la possibilité, le bébé choisit la marionnette gentille. Au deuxième acte, cette même marionnette gentille échappe une balle. Arrive un bon samaritain qui la lui rapporte. Dans un autre cas, l’arrivant prend la balle et l’emporte. Le bébé choisit le premier. L’affaire se corse au troisième acte. Voilà que revient la marionnette antisociale du début qui perd la balle. Une autre arrive et la lui rapporte. Dans un autre cas, l’arrivant vole la balle. Quelle marionnette choisira cette fois le bébé? Il choisit celle qui a volé la balle. Ainsi les bébés donnent le change au mauvais garçon au lieu de choisir l’aidant. Plusieurs études comme celle-ci ont démontré que des bébés qui ne parlent pas sont néanmoins capables de représentations mentales abstraites. Dans le présent cas, ils ont fait un choix plutôt sophistiqué. Le deuxième chapitre porte sur la prise de décision. La recension de la littérature scientifique dans le domaine amène l’auteur à conclure que « nos décisions sont toujours basées sur des informations incomplètes et des données imprécises » (p. 47). Dans son examen de la question, il considère plusieurs types de décisions : les choix de la vie quotidienne, le choix d’un partenaire sexuel, la prise de risque chez les adolescents, les biais qui s’introduisent dans nos décisions et même dans celles des juges, les grands dilemmes moraux, la sagesse d’Ulysse, la confiance à l’endroit de nos décisions, la confiance envers autrui dans les échanges et enfin les décisions que prennent les joueurs au casino. On peut conclure avec l’auteur que la question de la prise de décision ratisse large. Comment se fait-il alors qu’un circuit neural commun explique une telle variété de décisions? C’est qu’interviennent des facteurs génétiques et sociaux (toujours le couple nature-culture). Sigman explique cette variété par l’analogie avec un engin dont les boulons sont inégalement serrés. « Un petit changement dans l’équilibre entre le cortex frontal latéral et le cortex frontal médian nous rend froids et calculateurs ou émotionnels et sensibles » (p. 97). Si certaines de nos décisions sont rationnelles, la plupart sont intuitives. Au chapitre trois, l’auteur se demande : « Que se passe-t-il dans le cerveau quand nous sommes conscients d’un processus? » À peu près la même chose que lorsqu’un tweet devient viral; il se répand rapidement dans le réseau. Lorsqu’un stimulus qui frappe la rétine atteint un certain seuil, une seconde vague d’activités se produit 300 millisecondes plus tard. L’activité n’est plus limitée …

Appendices