RECENSIONS DE LIVRES

Lukianoff, G. & Haidt, J. (2018). The coddling of american mind. How good intentions and bad ideas are setting up a generation for failure. New York, NY : Penguin Press[Record]

  • Léandre Bouffard

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  • Léandre Bouffard
    Université de Sherbrooke

Gradué de l’École de droit de l’Université Stanford, Greg Lukianoff est PDG de la Foundation for Individual Rights in Education (FIRE). Il a publié Unlearning liberty (New York : Encounter Books, 2014) qui défend la liberté d’expression sur les campus universitaires. Jonathan Haidt a gradué en psychologie à l’Université de Pennsylvanie et est professeur d’éthique à l’Université de New York. Il a publié The happiness hypothesis (Basic Books, 2006) et The rightheous mind (Phantheon, 2012). Ces deux chercheurs s’intéressent ici aux étudiants du premier cycle universitaire. Débutons par un exemple de ce qui se passe sur bien des campus universitaires américains. Comme pour bien des universités, le programme de cours de l’Université Columbia pour les étudiants du premier cycle comprend l’étude des « grands textes » de la littérature et de la philosophie occidentales; par exemple : Ovide, Homère, Dante, Saint Augustin, Montaigne, Virginia Wolfe et bien d’autres. L’objectif est de traiter des « questions les plus difficiles relatives à l’expérience humaine ». Il s’agit donc d’un programme disons « classique » qui existe depuis des générations. En 2015, quatre étudiants ont publié un essai dans le journal de l’Université stipulant que les étudiants « ont besoin de se sentir en sécurité dans la classe » alors que plusieurs textes du programme présentent « des histoires d’exclusion et d’oppression » qui sont « offensants et marginalisent l’identité des étudiants ». Certains d’entre eux trouvent donc émotionnellement difficile de lire et de discuter de certains textes. En conséquence, les professeurs devraient fournir des « avertissements » et offrir du soutien aux étudiants affectés ou en détresse. Voilà une réaction nouvelle et surprenante. Les auteurs, Lukianoff et Haidt, se demandent si les thèmes de la sécurité et du danger constituent un cadre approprié pour discuter de littérature et de philosophie. Pourquoi parler de « menace » et de « stress »? Une réaction semblable - et même beaucoup plus forte, tournant parfois à la violence – s’est souvent manifestée sur les campus des universités américaines, surtout depuis 2014-2015, face à des conférenciers invités que certains ont considérés comme non désirés et se sont efforcés alors de faire annuler l’événement. Les protestations ont souvent pris une telle ampleur que le boycottage a obtenu gain de cause dans 46 % des cas (sur 379 événements). Les manifestations étudiantes ne surprennent personne; elles ont toujours existé. Ce qui est nouveau, c’est leur fréquence, leur impact et les raisons qui les ont déclenchées. Des événements comme ceux-là se multiplient, surtout depuis 2014-2015, comme je l’ai mentionné. Ils sont apparus avec l’arrivée de la génération qui suit les « milléniaux » et que Twenge (2017) appelle iGen (internet generation) et que d’autres nomment « génération Z ». Ils arrivent à l’université vers 17-18 ans. Ces jeunes ont grandi avec le développement faramineux des médias sociaux et sont rivés sur l’écran de leur téléphone intelligent. Ils sont, selon Lukianoff et Haidt, « obsédés par leur sécurité » physique et émotionnelle. « Ils se doivent d’être protégés non seulement des accidents de voiture et du harcèlement sexuel, mais aussi des gens qui sont en désaccord avec eux » (p. 31). Lukianoff et Haidt ont décelé que, depuis quelques années, trois faussetés circulent et font grand tort sur les campus. Lukianoff et Haidt ont identifié « six tendances explicatives interreliées » pour expliquer cette culture récente centrée sur la sécurité. Les nombreuses solutions proposées découlent de ce qui a été présenté dans l’ouvrage. Voici quelques exemples tirés des trois derniers chapitres. Lukianoff et Haidt auscultent les étudiants du premier cycle universitaire depuis quelques années et sont surpris eux-mêmes …

Appendices