EN:

The aim of this article is to analyze and confront the two conceptions—Polish and Hungarian—of Antemurale Christianitatis developed in the late fifteenth century. It is based, in the first part, on the published correspondence between King Matthias Corvinus of Hungary (1458–90) and Pope Sixtus IV (1471–84). These documents are interesting because they allow us to follow the duplicity of the policies practised by Matthias. Taking advantage of his involvement in the struggle against the Turks, the Hungarian king sought to attain other goals. The second part of the article is based on the political works of an Italian humanist living in Poland, Philippus Buonaccorsi, called Callimachus. I compare the attitudes of two then-hostile kingdoms, which earlier (in the time of Władysław Warneńczyk, d. 1444) and later (in the time of Władysław Jagiellończyk, d. 1516, and his son Ludwik, d. 1526) were connected by personal union and dynastic ties, respectively, towards the problem of Antemurale.

FR:

Cet article se donne pour fin d’analyser et de confronter les deux conceptions – polonaise et hongroise – de l’Antemurale Christianitatis développées à la fin du XVe siècle. Il se base, dans la première partie, sur la correspondance publiée entre le roi Matthias Corvinus de Hongrie (1458-90) et le pape Sixte IV (1471-84). Ces documents sont intéressants, car ils nous permettent de suivre la duplicité des politiques pratiquées par Matthias. Profitant de son implication dans la lutte contre les Turcs, le roi hongrois cherchait à atteindre d’autres buts. La deuxième partie de l’article s’appuie sur les travaux politiques d’un humaniste italien vivant en Pologne, Philippus Buonaccorsi, dit Callimaque. Nous comparons l’attitude de deux royaumes alors ennemis, qui furent plus tôt (à l’époque de Władysław Warneńczyk, décédé en 1444) et demeurèrent plus tard (à l’époque de Władysław Jagiellończyk, décédé en 1516, et de son fils Ludwik, décédé en 1526) liés par une union personnelle et des liens dynastiques respectivement, face au problème de l’Antemurale.

EN:

This article focuses on the treatise De immortalitate animae (Paris, 1491) written by Guillaume Houppelande, one of the most famous members of the Faculty of Theology of the University of Paris in the fifteenth century. Houppelande’s treatise, which refers to ancient, patristic, and medieval sources, contains several arguments on the immortality of the soul. Special attention is first given to Houppelande’s attitude towards those philosophical and theological theories that supported his own arguments before focus is turned towards an analysis of Houppelande’s relationship to medieval philosophy.

FR:

Cet article s’intéresse au traité De immortalitate animae (Paris, 1491) rédigé par Guillaume Houppelande, l’un des plus célèbres membres de la Faculté de théologie de l’Université de Paris au XVe siècle. Le traité de Houppelande, qui renvoie à la fois à des sources anciennes, patristiques et médiévales, comporte plusieurs arguments sur l’immortalité de l’âme. Nous commençons par porter une attention particulière à l’attitude de Houppelande à l’égard des théories philosophiques et théologiques sur lesquelles se fondaient ses arguments, avant de nous concentrer sur une analyse de la relation de Houppelande avec la philosophie médiévale.

EN:

In his program for reforming Florence Dominican friar Girolamo Savonarola not only staged his famous “Bonfires of the Vanities,” but also directed his congregations to increase their alms giving, specifically for the “shamefaced poor,” respectable families in need but ashamed to beg. Not allowed by his order to administer such funds directly, Savonarola instructed that they be deposited with the Buonomini di San Martino, a confraternity specifically devoted to relieving the “shamefaced poor.” With these responsible middlemen in place, Savonarola would thus avoid any charges of financial impropriety. The alms collectors during Carnival seasons 1496 to 1498 were Savonarola’s fanciulli, youths reformed of their Carnival hijinks. The ceremonial depositing of alms at the oratory in Piazza San Martino would achieve a secondary goal for Savonarola, the sanctification of a profane performance space, the piazza being a prime venue for “bench singers” and other popular entertainers.

FR:

Dans son programme de réforme de Florence, le frère dominicain Jérôme Savonarole a non seulement organisé son célèbre « bûcher des vanités », mais il a également enjoint les fidèles réunis autour de lui à augmenter leurs aumônes, en particulier pour les « pauvres honteux », de respectables familles réduites à la misère mais ayant honte de mendier. N’étant pas autorisé par son ordre à administrer directement ces fonds, Savonarole ordonna qu’ils soient déposés chez les Buonomini di San Martino, une confrérie spécifiquement vouée au secours des « pauvres honteux ». Ces intermédiaires en place, Savonarole éviterait ainsi toute accusation de malversations financières. Les collecteurs d’aumônes durant les périodes de carnaval de 1496 à 1498 étaient les fanciulli de Savonarole, des jeunes hommes repentis de leurs frasques de carnaval. Le dépôt cérémoniel des aumônes à l’oratoire de la Piazza San Martino permettrait à Savonarole d’atteindre un objectif secondaire, la sanctification d’un espace de représentation profane, la Piazza étant un lieu privilégié pour les chanteurs de moindre talent et autres artistes populaires.

EN:

This article addresses two questions: “When did the King James Bible gain a foothold of popularity among the English people?” and “How did the Geneva Bible lose its popularity to the King James Bible?” By reviewing the post-1611 printing of these two versions of the Bible and examining the texts of the Paul’s Cross sermons and the parliamentary sermons between 1612 and 1643, I find that the King James Bible was already more popular than the Geneva Bible by 1620, and that the rising trend of the popularity of the King James Bible had become irreversible by 1630. By 1640, the battle of the two Bibles was long over. I also refute the assumption that the political authorities’ suppression of the Geneva Bible caused its defeat. Rather, I argue that the decrease in consumer demand for exegetical notes led to the demise of the Geneva Bible.

FR:

Cet article répond à deux questions : quand la Bible du roi Jacques a-t-elle gagné en popularité parmi les Anglais et comment la Bible de Genève a-t-elle perdu sa popularité au profit de la Bible du roi Jacques ? En passant en revue les éditions de ces deux versions de la Bible postérieures à 1611 et en examinant les textes de la prédication de la Croix de saint Paul et les sermons parlementaires de 1612 à 1643, nous constatons que la Bible du roi Jacques était déjà plus en vogue que la Bible de Genève en 1620, et que la montée en popularité de la Bible du roi Jacques était devenue irréversible en 1630. En 1640, la bataille des deux Bibles était terminée depuis longtemps. Nous réfutons également l’hypothèse selon laquelle l’interdiction de la Bible de Genève par les autorités politiques aurait entraîné sa chute. Nous soutenons plutôt que la diminution de la demande des consommateurs pour les notes exégétiques a conduit à la disparition de la Bible de Genève.

EN:

The present article explores how William Shakespeare’s King Lear thoughtfully challenges the primacy of sight among the senses, with implications for our understanding of the play’s relationship both to its immediate political context and to the history of ocularcentrism in early modern England. Adopting a new historicist approach, this article claims that writing King Lear in the midst of heated debates on the Anglo-Scottish Union was both a reaction to any possible ocularcentric behaviour by King James and a part of active criticism against the ocularcentrism of the period. Regardless of his personal opinion on James’s plan for the Union, Shakespeare was worried that the king would act according to his ocularcentric understanding of the two countries under his rule. Therefore, King Lear can be read as an advance warning to King James, who needs to be wary of superficial, sight-centred behaviours so as not to suffer the same fate as Lear.

FR:

Cette étude explore comment Le Roi Lear de William Shakespeare remet judicieusement en question la primauté de la vue parmi les sens, ce qui a des implications pour notre compréhension de la relation que cette pièce entretient à la fois avec son contexte politique immédiat et avec l’histoire de l’oculocentrisme dans l’Angleterre de la première modernité. Adoptant une approche empruntée au « New Historicism », cette étude soutient que l’écriture du Roi Lear, en plein débat sur l’Union anglo-écossaise, fut à la fois une réaction aux éventuels comportements oculocentriques du roi Jacques Ier et une véritable critique de l’oculocentrisme de l’époque. Indépendamment de son opinion sur le plan de Jacques Ier pour l’Union, Shakespeare craignait qu’il n’agisse selon sa compréhension oculaire des deux pays sous son autorité. Par conséquent, Le Roi Lear peut être lu comme un avertissement au roi Jacques Ier de se méfier des comportements superficiels centrés sur la vue afin d’éviter de subir le même sort que Lear.