Lu pour vous

CORIN, Ellen, et Louise BLAIS (dires.) (2019). Les Impatients : un art à la marge, Éditions Somme Toute, 184 p.[Record]

  • Nérée St-Amand

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  • Nérée St-Amand
    Professeur émérite, École de service social, Université d’Ottawa

Les Impatients, un lieu unique d’expression, de créativité, de possibles, à travers l’art et la création! Initié en 1989, ce projet devait au départ durer trois jours. Or, il poursuit toujours son bonhomme de chemin et au fil des années, il s’est même multiplié : plusieurs autres ressources similaires à celle débutée à Saint-Jean-de-Dieu ont vu le jour en différents endroits du Québec. Un des points forts du mouvement survint en mai 2019, avec le lancement du volume intitulé justement Les Impatients : un art à la marge. L’ouvrage comprend des articles de seize chercheuses ou chercheurs, intervenantes ou intervenants et personnes victimes de la psychiatrie, toutes et tous intéressés à comprendre autrement la santé mentale et ses expressions. Elles et ils proviennent de parcours très variés, comme Migicontée (Ginette Vallée), Jean Brassard, et Michel Roy, qui ont trouvé un lieu d’expression grâce aux Impatients. Des chercheuses, chercheurs, professeures, professeurs, une femme médecin, une conservatrice d’art moderne, une psychanalyste, une spécialiste de l’art brut, une clinicienne, un conservateur de musée, voici un aperçu de la brochette d’autrices et d’auteurs signant les seize chapitres de l’ouvrage, tout aussi original que chaleureux. « Ici, si tu veux mettre juste du noir sur ta feuille, confie José en décrivant le lieu de rassemblement des personnes désirant s’exprimer grâce à l’art, tu peux mettre juste du noir. Y a personne qui t’en empêche! » (p.177). En plus, l’ouvrage comprend plusieurs illustrations d’oeuvres de personnes participant au programme. Cette initiative, cet espace où se côtoient des personnes abordant l’art sous toutes sortes de coutures, se reflète dans cet ouvrage qui, lui aussi, grâce à ses autrices et auteurs, présente de nombreuses façons tout aussi créatrices qu’uniques de concevoir et de valoriser l’art. C’est ainsi que ce volume ouvre la porte à une redéfinition de l’artiste et de l’oeuvre, tout en mettant en valeur l’unicité et les talents des personnes participant aux Impatients. Il s’agit d’un espace à découvrir, d’un lieu riche de possibles, et en fin de compte, de formes d’intervention qui remettent en question les approches thérapeutiques basées sur le diagnostic professionnel et le traitement pharmacologique. Un lieu de révélation aux autres et à soi-même, un lieu où le temps n’est pas pressé, où les personnes créatrices peuvent se montrer réellement, être vues et reconnues dans plein de formes de création artistique, voilà la mission de ces ressources présentées dans Les Impatients : un art à la marge. L’ouvrage porte un double intérêt, à savoir, le vécu de souffrances de la part des Impatients et une occasion de reconnaissance envers les personnes qui se sont penchées sur le sort de ces artistes de la souffrance. En introduction, Rober Racine explore le concept de « presque » en suggérant qu’il faut justement Lorraine Palardy pour sa part présente l’ouvrage en effectuant un retour dans le temps. Elle se remémore les débuts de cette unique histoire d’amour et de reconnaissance de la diversité et de la richesse de l’art au Québec. C’est ainsi que nous nous retrouvons en 1992 dans un recoin de l’hôpital Louis-H Lafontaine à Montréal où elle organise pour quelques jours une collecte de fonds pour la Fondation des maladies mentales. Il s’agit simplement d’un atelier improvisé ou elle invite une vingtaine de « patients » à dessiner un morceau de leur vie (p. 13). Mais ce projet qui devait durer quelques jours ne peut s’arrêter : lorsqu’elle ferme les portes à la fin de la période prévue de collecte de fonds, les « patients » attendent dans le corridor que l’atelier reprenne… Ce sera un point tournant pour elle : « …

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