Depuis le Siècle des lumières, l’Occident s’est tourné vers la science pour résoudre ses problèmes les plus complexes, expliquer l’évolution du monde, conquérir l’espace, guérir les gens. Dans le domaine des communications interpersonnelles et dans celui de la psychothérapie, le même phénomène peut être observé : la confiance en la science, une science basée sur le rationnel, le mental, l’intellect, s’est instaurée et a supplanté des traditions millénaires établies sur des valeurs, pratiques et principes tels l’intuition, la télépathie, le rêve ou l’astrologie, pratiques qui sont d’ailleurs mieux acceptées de nos jours dans les sociétés traditionnelles et les milieux populaires que par le monde intellectuel, scientifique, universitaire. C’est ainsi que se sont développées, au cours de l’époque dite moderne, des théories explicatives de l’univers et, en contrepartie, des façons de penser et d’intervenir qui sont témoins de cette logique de la suprématie de la science et de l’intellect. De telle sorte que, de nos jours, la très grande majorité des disciplines proposent des théories ou interprétations des faits basées sur l’observable, le quantifiable, l’analyse, la raison. Or, la spiritualité ne fait à peu près pas partie de cet univers, de cette vision des choses, sans doute parce que non mesurable selon les principes de cette science ou, tout simplement, parce que considérée par d’aucuns comme dépassée. La suprématie scientifique que nous observons depuis un siècle en particulier fait en sorte que des concepts tels la compassion, la solidarité, le pardon, la conscience sociale, la transcendance, se trouvent marginalisés dans la littérature et dans les pratiques des sociétés basées sur les impératifs du marché. Pourtant, certains scientistes de renom, Einstein entre autres, nous ont prévenus des limites d’une science basée sur l’intellect humain : Dans la foulée de ce mouvement de primauté intellectuelle, d’aucuns prétendent que la théorie darwinienne de l’évolution aura consolidé une rupture importante entre le spirituel et l’intellectuel (Coquin : 48), puisqu’elle a instauré une science où non seulement prime la raison, mais d’où, par ricochet, le sacré est évacué. Plus près de nous, sur le plan des professions vouées à l’aide, Freud s’est imposé comme celui qui pouvait expliquer les causes profondes de nos malaises et de nos problèmes. Bien que Gustav Jung, un penseur beaucoup plus spirituel, se soit fortement dissocié de l’analyse proposée par son collègue et ami d’un moment, les fondements de la psychologie, de la psychanalyse et de la psychiatrie modernes ont davantage retenu les théories freudiennes que celles proposées par Jung. Ce dernier insistait, entre autres, sur l’importance de la dimension spirituelle de l’être humain (Nash : 135). En effet, à l’opposé de Freud pour qui à peu près tout tournait autour du rêve et de la sexualité, Jung osa parler de « la métamorphose de l’âme » (1976). Son intérêt pour les cultures et l’histoire, son esprit ouvert à la dimension spirituelle des problèmes de l’existence (Jung 1998) ont fait de lui une personnalité de premier plan en ce qui a trait à l’analyse holistique, bien plus que Freud dont l’analyse était tout aussi pointue que basée sur des principes observables. Qui plus est, l’analyse des problèmes sociaux a vite fait d’adopter, au XXe siècle en particulier, un raisonnement classique, basé sur les enseignements de Freud et sur des approches à caractère médical, de sorte que nous nous retrouvons aujourd’hui avec un foisonnement de théories fondées sur un modèle palliatif de l’aide, limité à sa dimension logique, mesurable, d’où est évacué le volet spirituel. Mises à part quelques approches structurelles, peu de théories du social se montrent intéressées aux dimensions globales des problèmes auxquels nous faisons face (pauvreté, violence, inégalités, …
Appendices
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