Le Dossier

Globalisation, délocalisation des entreprises et travail des femmesL’exemple de l’entreprise hollandaise T.K. Fish à Tétouan dans le nord du Maroc[Record]

  • Nadia Naïr

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  • Nadia Naïr
    Administratrice – Université Abdelmalek Essaadi

À la fin du siècle dernier, l’économie mondiale a connu un de ses changements les plus profonds: la globalisation, dont l’aspect fondamental consiste en la consolidation du modèle néolibéral au niveau mondial. Dans les pays du Tiers Monde, les institutions internationales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont joué un rôle important dans la diffusion du modèle néolibéral à travers les Politiques d’ajustement structurel (PAS) appliquées à des pays affectés par la crise de la dette extérieure. Ce modèle considère la croissance économique comme objectif du développement, en accordant de l’importance aux indicateurs macroéconomiques, sans prendre en considération les coûts sociaux et écologiques ni, par conséquent, les effets négatifs sur la population. Pour réduire l’inflation et le déficit du gouvernement et favoriser la croissance économique, les PAS emploient des mesures comme la réduction des dépenses publiques, la réforme fiscale, la dévaluation de la monnaie nationale et la réduction des barrières commerciales. Cela entraîne des conséquences sociales graves, spécialement pour les couches les moins favorisées de la société, surtout pour les femmes, car ces politiques renvoient aux foyers toute la charge de la reproduction sociale. Les Politiques ou Programmes d’ajustement structurel ont comme éléments essentiels l’ouverture de l’économie nationale à l’extérieur (libéralisation des importations et promotion des exportations) et l’encouragement de l’investissement étranger. Le modèle économique néolibéral implique une forte compétitivité au niveau international qui, avec la facilité des mouvements du capital, lance ce dernier à la recherche de coûts de production les plus bas. Ce qui a comme conséquence le transfert de la production industrielle à base de travail intensif des pays industrialisés vers des pays à bas salaires et avec peu de réglementations du travail. La recherche des aires sans contrôle environnemental et surtout de la main d’oeuvre à bon marché, abondante, peu exigeante et habituée à des tâches routinières, a donné lieu à des politiques de délocalisation des entreprises vers des pays en voie de développement et surtout à une « nouvelle préférence de l’emploi féminin, spécialement dans les processus de travail intensif où les coûts de la main d’oeuvre représentent une proportion importante du total des coûts de production» (Beneria, 1991). Pourquoi cette nouvelle préférence de la main d’oeuvre féminine? L’emploi des femmes, malgré les différences qui puissent exister selon les cas, présente des caractéristiques semblables. Le transfert de la production à d’autres pays et la réorganisation du processus de travail qui l’accompagne entraînent l’emploi d’une main d’oeuvre: Selon L. Beneria, une première explication du pourquoi de cette nouvelle préférence réside dans le fait qu’il s’agit de la force de travail la moins coûteuse qu’on puisse trouver dans chaque pays (quand la comparaison est nationale) ou au niveau global (quand on compare différents pays). Une deuxième explication consiste en l’analyse des caractéristiques de genre ou les qualités prétendues ou vraies attribuées aux femmes. Ces caractéristiques se réfèrent à différents facteurs : Une question s’avère nécessaire face à ce processus de féminisation de la force de travail d’une partie importante de la production transnationale : ce nouvel emploi représente-t-il une source d’émancipation et d’autonomie face aux institutions patriarcales propres à chaque pays ou au contraire une source d’exploitation et de discrimination? L’évaluation de ce processus doit tenir compte du moment et des conditions de chaque pays. J’ai essayé, pour ma part, de donner quelques éléments d’évaluation concernant les ouvrières interviewées. Pour faciliter et attirer l’investissement étranger, les gouvernements des pays en voie de développement créent des zones franches et/ou accordent des licences et privilèges aux entreprises comme, par exemple, l’exonération fiscale ou la réduction des impôts à un minimum, la suppression des tarifs douaniers, certaines …

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