Abstracts
Résumé
Les études en histoire de l’art ont eu jusqu’à présent tendance à analyser la représentation des Premières Nations dans l’art canadien en se référant au large concept romantique du « bon sauvage ». Cette généralisation, cependant, risque d’obscurcir la façon, dans l’histoire canadienne, par laquelle on a imposé aux Premières Nations des stéréotypes concurrents et parfois même contradictoires. En se concentrant sur les premières expositions de la « Ontario Society of Artists », ainsi que sur une série spécifique de paysages exposés à cet endroit, dont l’oeuvre Lords of the Forest (1874) de Lucius O’Brien, nous examinerons dans cet article la représentation de l’autochtone comme un exemple d’une race « à l’agonie » ou « en voie de disparition ». Nous amenons ici l’argument que le stéréotype d’une race « à l’agonie », bien qu’aussi courante dans une vision européenne que nord-américaine en général, revêtait une signification particulière au sein de la colonie canadienne à la fois avant et après la Confédération. L’article présente comment tant le stéréotype que l’image visuelle qui l’évoquait constituaient des éléments importants dans le mythe de l’identité nationale au cours des années suivant la Confédération. Nous verrons que le concept d’une nation « à l’agonie » s’associait à des idéologies spécifiquement canadiennes quant à la colonisation, au développement et au progrès culturel. Celles-ci en retour pouvaient être invoqueés pour démontrer la supériorité du nouveau dominion par rapport à ses voisins républicains du sud, les États-Unis.