Recensions

Gender, Conflict, Peace, and UNSC Resolution 1325, sous la dir. de Seema Shekhawat, New York, Lexington Books, 2018, 278 p.[Record]

  • Gauthier Mouton

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Faisant suite aux trois premières conférences mondiales sur les femmes organisées par les Nations Unies (Mexico en 1975, Copenhague en 1980, Nairobi en 1985), la Déclaration et le Programme d’action de Beijing en 1995 ont marqué un véritable tournant pour l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes à l’échelle internationale. Depuis, la littérature scientifique sur la question de la participation et de la représentation des femmes en politique s’est substantiellement enrichie. Force est de constater le rôle primordial joué par l’Organisation des Nations Unies pour établir la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes comme un objectif majeur de la communauté internationale et d’inscrire celles-ci dans les thématiques de la guerre et de la paix. Adoptée le 31 octobre 2000 par le Conseil de sécurité (CSNU–UNSC), la Résolution 1325 reconnaît non seulement l’impact particulier des conflits sur les femmes, mais aussi le besoin de considérer celles-ci comme parties prenantes à la prévention et à la résolution des conflits. De plus, la Résolution 1325 « sur les femmes, la paix et la sécurité » souligne la nécessité d’intégrer la notion de genre et d’inclure les femmes dans les approches relatives à la sécurité et à la construction de la paix, et d’assurer la protection et le respect du droit des femmes et des filles pendant les conflits. L’ouvrage Gender, Conflict, Peace, and UNSC Resolution 1325, dirigé par Seema Shekhawat, apporte une contribution significative en examinant les principaux défis posés par la mise en oeuvre de la Résolution 1325 à travers les plans nationaux d’action (PNA). Face à cette initiative onusienne unanimement acclamée, les différents auteurs du collectif interrogent aussi de manière critique l’écart entre la théorie et la pratique. En juin 2018, seuls 74 des 192 États membres des Nations Unies ont appliqué un PNA. Shekhawat regrette par exemple que sur les 664 accords de paix conclus entre 1990 et 2000, à peine 73 (moins de 11 %) aient inclus une référence aux femmes (p. 6). Tel est le point de départ de l’ouvrage : malgré toutes les bonnes intentions avancées par la Résolution 1325, celle-ci n’a pas engagé la révolution sociale et politique espérée, voire le changement de paradigme – au sens khunien du terme –, puisque les études sur le genre constituent encore un objet de recherche périphérique en Relations internationales, discipline toujours marquée par la figure du white (American) male. Dès les premières pages se voit déconstruite l’idée selon laquelle les femmes forment un groupe monolithique. Pourtant, bien qu’elles ne constituent pas une minorité démographique, les femmes demeurent toutefois les moins privilégiées et les plus vulnérables. L’hyper-masculinité et le patriarcat sont encore intrinsèquement liés aux dynamiques de pouvoir qui structurent les opérations de maintien et de consolidation de la paix. L’ambition de cet ouvrage consiste donc à participer de manière qualitative aux échanges actuels sur l’intersection du genre avec la paix et la sécurité en se concentrant sur la Résolution 1325. Bien sûr, les auteurs ne considèrent pas cette résolution comme une fin en soi, mais plutôt comme un levier devant permettre de rendre crucial le genre – c’est-à-dire ce qui construit socialement et culturellement la différence entre les sexes – dans la formulation et l’implantation des opérations de paix. Au fil des quatorze chapitres que compte l’ouvrage, les différentes études de cas cherchent à démontrer que l’inclusion des femmes dans les processus de paix ne doit plus relever du symbole, d’une obligation normative ou d’une simple tendance (p. 18). Veronica Fynn Bruey analyse l’importance du Liberian Women Mass Movement et notamment le parcours de deux femmes dans la reconstruction du Libéria, un …