Recensions

Les conditions de l’unité politique et de la sécession dans les sociétés multinationales : Catalogne, Écosse, Flandre, Québec, sous la dir. de Jean-François Caron, Québec, Presses de l’Université Laval, 2016, 189 p.[Record]

  • Gustavo Gabriel Santafé

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Sous la direction de Jean-François Caron, Les conditions de l’unité politique et de la sécession dans les sociétés multinationales : Catalogne, Écosse, Flandre, Québec rassemble douze auteurs qui s’intéressent aux différentes formes de diversité qui caractérisent maints États contemporains. Se concentrant sur la diversité nationale comme sujet d’étude, dans l’introduction Jean-François Caron expose deux thèses fondamentales qui recouperont l’ensemble des contributions. Premièrement, il souligne que la diversité nationale est une réalité sociologique que l’on devrait reconnaître par le prisme de la justice sociale. Deuxièmement, il indique qu’en accordant le degré de reconnaissance approprié à cette forme de diversité, il nous sera possible de penser l’idée d’une société multinationale. À une époque où les mouvements sécessionnistes menacent l’intégrité des États, tel que le démontre présentement l’exemple catalan, le débat sur les facteurs de l’unité étatique ou de son implosion est loin d’être résolu. Cet ouvrage collectif acquiert en ce sens une pertinence considérable, puisqu’il propose une analyse des facteurs politiques susceptibles de réduire la potentialité du phénomène de la fragmentation étatique. C’est donc à travers la reconnaissance, comme norme de justice, que les minorités nationales doivent être respectées dans leur intégrité culturelle et politique. Le livre est divisé en sept chapitres, chacun portant sur une analyse des possibles déterminants de l’unité et de la désintégration de l’Espagne, du Royaume-Uni, de la Belgique et du Canada. Tout d’abord, en raison de la thèse portant sur l’endiguement du gouvernement espagnol au sujet d’un nouveau statut d’autonomie qui reconnaîtrait la spécificité de la Catalogne, Ferran Requejo et Marc Sanjaume (chap. 1) proposent une opérationnalisation des théories de la sécession – de la cause juste et du droit élémentaire – qui vient soutenir l’argumentaire de l’option indépendantiste pour le mouvement nationaliste catalan. Ensuite, Ailsa Henderson (chap. 2) propose la thèse selon laquelle l’autonomie gouvernementale, qui s’exprime par le moyen d’une reconnaissance et d’une différenciation institutionnelles, contribue à renforcer de manière importante le sentiment nationaliste de l’Écosse, au point de faire naître le désir de faire l’indépendance. L’auteure constate qu’avant les années 1990 il n’y avait pas de confrontation directe entre les identités nationales écossaise et britannique. La dévolution, pratiquée au Royaume-Uni depuis une vingtaine d’années, représente alors l’élément déclencheur d’un long processus qui mènera à l’indépendance de l’Écosse. En contrepartie, au chapitre suivant Murray Pittock avance l’idée que cette importante reconnaissance de l’identité écossaise ne puisse que venir renforcer l’identité britannique. En empruntant une approche historique, l’auteur parvient à montrer que depuis l’époque coloniale, l’Empire britannique a réussi à se consolider en tant qu’État de différentes unions et non comme État-nation. Toutefois, après 1945, les politiques centralisatrices qui émanaient de Westminster ont eu pour conséquence la montée du mouvement nationaliste-indépendantiste en Écosse. Ce mouvement, qui a pris de l’ampleur dans les dernières décennies, aurait en fait pour objectif réel de raviver une « britannité » fondée sur les arrangements de 1707. Cela implique de repenser l’identité britannique d’une manière essentiellement multinationale. Marc Verdussen (chap. 4) souligne pour sa part que le mouvement nationaliste-indépendantiste flamand est le principal moteur du processus de transformation politique, observable depuis 1830, et qui a permis à la Belgique de passer d’État unitaire à État fédératif en 1993. À travers des revendications linguistico-culturelles – pour ensuite prendre des allures principalement politiques et économiques –, les nationalistes flamands proposent ainsi les premières bases d’une Belgique marquée par une attribution toujours plus croissante de pouvoirs aux régions et aux communautés linguistiques. Cela permet à l’auteur de conclure par une réflexion autour de la crédibilité et des possibilités de partition de la Belgique, option qu’il croit envisageable, mais qui soulève aussi plus de …