Recensions hors thème

Les défis québécois : conjonctures et transitions, sous la dir. de Robert Bernier, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2014, 543 p.[Record]

  • Jérôme Couture

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  • Jérôme Couture
    Postdoctorant, Institut national de la recherche scientifique, Urbanisation Culture et Société
    jerome.couture@pol.ulaval.ca

L’ouvrage collectif Les défis québécois : conjoncture et transition propose d’explorer différents enjeux actuels pour le Québec selon les trois perspectives que sont l’administration publique, l’économie et la société. Une enquête d’opinion qui sert d’assises à l’ouvrage est présentée au dernier chapitre. Elle montre que les Québécois perçoivent un essoufflement de leur modèle de gouvernance et un problème de finances publiques. En préface, Nelson Michaud soutient que des choix doivent être faits à partir d’une analyse scientifique des problèmes. En introduction, le directeur, Robert Bernier, présente l’ouvrage comme une réponse à cette crise structurelle qui remet en cause les fondements de l’État québécois. Le premier chapitre de Pierre Cliche et Mathieu Carrier aborde le thème de la taille de l’administration publique québécoise. Les auteurs comparent l’emploi public et le panier de services des provinces canadiennes. L’emploi public au Québec est équivalent à la moyenne canadienne. Toutefois, à service comparable, le Québec offre un panier de services plus étendu. Les effectifs d’emploi public seraient similaires à ceux de l’Ontario. La croissance de l’emploi public provient surtout des secteurs municipaux et parapublics. Pour ce qui est de la fonction publique, bien que le nombre d’emplois y ait diminué depuis 2004, le gouvernement n’a pas atteint ses cibles de réduction. Marie-Claude Prémont explore, dans le chapitre suivant, la relation entre Hydro-Québec et les régions productrices d’électricité. Elle soutient qu’Hydro-Québec ne profite pas autant aux régions ressources que le laisse croire le mythe entourant sa création, avançant que la situation des centrales dans les territoires non organisés s’assimile à un évitement de paiement de la taxe foncière. De plus, les projets hydroélectriques n’ont pas freiné la délocalisation de la grande industrie en région. Luc Bernier, pour sa part, retrace l’évolution des activités d’Hydro-Québec (chap. 3). Il présente la progression dans la vente d’électricité hors Québec. Il rappelle que la commercialisation n’est pas la privatisation. Selon l’enquête d’opinion, les Québécois y sont d’ailleurs fortement opposés. La commercialisation et la mise en concurrence avec le secteur privé s’avèrent des mécanismes utiles pour améliorer la performance d’une entreprise publique comme Hydro-Québec. Isabelle Lacroix (chap. 4) présente le cursus éducatif au Québec et la gouvernance, pour chacun des paliers scolaires. Elle fait le point sur trois enjeux que sont la persévérance scolaire, le financement des universités et la gestion des infrastructures éducatives. Yves Boisvert (chap. 5) s’intéresse aux infrastructures d’éthique développées au gouvernement du Québec, ce qui l’amène à faire quatre constats. La compétence éthique des agents publics est déficiente. La transgression de la norme éthique est un élément structurant de la culture organisationnelle. Les dispositifs de contrôle sont dysfonctionnels pour freiner les dérapages éthiques. Finalement, les dispositifs de régulation qui fonctionnent sont liés à des organismes indépendants, au Parlement ou à la société civile. Pierre Cliche signe le chapitre 6 (un des plus longs du livre). Il creuse le thème de la gestion et de la budgétisation axées sur les résultats. La Loi sur l’administration publique adoptée en 2000 proposait une telle stratégie pour améliorer la production de l’État québécois. L’auteur retrace de façon précise les différents volets de la mise en oeuvre des objectifs de la loi. Il soutient que cette stratégie propose un cadre favorable à l’innovation du secteur public et que l’intensification de son implantation est incontournable. Benjamin Lefebvre quant à lui fait, au chapitre 7, une mise en parallèle de l’évolution des politiques agricoles canadiennes et québécoises. Le Québec, dit-il, a maintenu une stratégie priorisant les productions à fort potentiel de développement. De son côté, le gouvernement fédéral s’est engagé sur la voie du soutien aux revenus agricoles. Depuis 2005, des pressions s’exercent …