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En septembre 2014, dans le cadre de nos fonctions au conseil de rédaction de la revue Politique et Sociétés, nous avons réalisé un court sondage auprès des 300 membres de la Société québécoise de science politique (SQSP) et, de ce fait, abonnés de Politique et Sociétés. Ce sondage avait pour objectif de nous aider à prendre certaines décisions stratégiques en vue du renouvellement du financement pour la revue auprès des organismes subventionnaires. Nous remercions ceux et celles qui ont accepté notre invitation et qui ont pris quelques minutes afin de nous faire part de leurs opinions.[1]

Nous vous présentons ici brièvement les résultats de notre enquête. Deux grandes interrogations guidaient notre questionnaire. Premièrement, comment les membres de la SQSP utilisent-ils et évaluent-ils la revue ? Deuxièmement, quelles grandes orientations la revue devrait-elle prendre pour l’avenir ?

L’utilisation et l’évaluation de la revue

Tel qu’indiqué dans le tableau 1, les abonnés de la revue, à tout le moins les répondants à notre enquête, se composent en presque totalité de chercheurs issus du milieu universitaire, soit principalement des professeurs (54 %) et des étudiants (26 %), mais aussi des chargés de cours (8 %). Ces abonnés sont aussi en grande partie francophones (79 %). Ils se situent en majorité au Québec (63 %), ainsi que dans le reste du Canada (29 %) et ailleurs dans le monde (8 %).

Tableau 1

Les abonnés de Politique et Sociétés

Les abonnés de Politique et Sociétés

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Quelle utilisation les abonnés font-ils de la revue ? Les résultats présentés dans le tableau 2 montrent que les abonnés font une utilisation de la revue qui est à la fois importante et diversifiée. Tout d’abord, les abonnés semblent utiliser également les versions papier et électronique de la revue : 40 % des répondants indiquent n’utiliser que la version papier ; 43 % indiquent n’utiliser que la version électronique ; 18 % des répondants utilisent également les deux. Ces données sont importantes puisqu’elles suggèrent que les deux formats, électronique et papier, répondent au mode d’utilisation des abonnés actuels. La version papier ne semble donc pas obsolète.

Tableau 2

Utilisation et évaluation de Politique et Sociétés par ses abonnés

Utilisation et évaluation de Politique et Sociétés par ses abonnés

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Qu’ils consultent la version papier ou la version électronique de la revue, les abonnés de Politique et Sociétés nous indiquent qu’ils utilisent la revue dans leurs activités professionnelles. Ainsi, près de neuf répondants sur dix rapportent avoir déjà cité un article de la revue et plus de la moitié (56 %) rapportent avoir assigné un article de la revue dans un plan de cours.

Les abonnés de Politique et Sociétés ne sont toutefois pas que des lecteurs, ils sont aussi des participants actifs à la construction de la revue. Ainsi, plus du tiers des abonnés (36 %) mentionnent avoir publié un article dans la revue et une proportion un peu plus élevée rapporte avoir déjà soumis un article pour évaluation (38 %). Également, plus de la moitié (52 %) indiquent avoir déjà participé à l’évaluation d’un manuscrit. Les recensions semblent, elles aussi, répondre à un besoin auprès d’une partie importante des abonnés de Politique et Sociétés puisque 54 % nous indiquent les utiliser soit fréquemment (16 %) ou occasionnellement (38 %).

Finalement, si les répondants à notre enquête nous indiquent être des lecteurs et participants actifs à la revue, est-ce à dire qu’ils sont satisfaits de la revue et de son contenu ? Il semblerait que ce soit le cas. Les données du tableau 2 indiquent que 82 % des répondants jugent que le contenu de la revue est très intéressant (27 %) ou assez intéressant (55 %).

L’avenir de la revue

Les abonnés de Politique et Sociétés semblent globalement intéressés par son contenu. Néanmoins, certains enjeux se dessinent à l’horizon auxquels il est important de répondre. Un premier enjeu concerne la fréquence de publication de la revue. La revue offre-t-elle (avec trois numéros par année) un nombre de numéros adéquat pour répondre aux attentes de ses abonnés ? Cette question a non seulement des implications financières pour la revue mais elle a aussi un impact important quant au nombre d’articles qui sont publiés annuellement. Comme rapporté dans le tableau 3, environ les deux tiers des abonnés de Politique et Sociétés (66 %) sont satisfaits du rythme de publication actuel, soit trois numéros par année. Par contre, un peu plus du quart (28 %) des répondants voudraient voir un plus grand nombre de numéros publiés annuellement.

Tableau 3

Préférences quant à la forme et au contenu de Politique et Sociétés

Préférences quant à la forme et au contenu de Politique et Sociétés

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Qu’en est-il du format de ces numéros ? Comme les abonnés ont pu le constater, Politique et Sociétés publie en alternance des numéros thématiques et des numéros réguliers. Globalement, cette formule semble répondre aux attentes des abonnés puisque les deux tiers de ceux-ci souhaitent conserver le rythme actuel d’alternance (65 %). Par contre, si cette alternance devait être modifiée, il semble que la tendance devrait être à un plus grand nombre de numéros réguliers, une opinion exprimée par plus du quart des répondants (26 %).

Un second défi concerne le format de publication. Comme la plupart des revues scientifiques, la revue Politique et Sociétés n’échappe pas à la mouvance vers une diffusion de plus en plus électronique de son contenu et vers un libre accès. Dans ce contexte, le conseil de rédaction s’est posé les questions suivantes : Politique et Sociétés devrait-elle continuer d’offrir une édition papier de la revue ? Quelles seraient les conséquences d’offrir la revue en libre accès ? Qu’en pensent ses abonnés ? Comme indiqué dans le tableau 4, environ les deux tiers des répondants (65 %) ont exprimé l’opinion qu’il n’est pas important pour Politique et Sociétés de conserver une édition papier. Et si Politique et Sociétés était offerte en libre accès, cela aurait-il un effet sur l’usage que ses abonnés actuels en font ?

Tableau 4

Impact d’une transition vers la publication électronique et en libre accès

Impact d’une transition vers la publication électronique et en libre accès

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Tout d’abord, le libre accès aurait-il un impact sur le volume de manuscrits soumis pour publication à la revue ? Seulement 5 % des abonnés actuels affirment qu’ils seraient moins portés à soumettre un manuscrit pour publication à Politique et Sociétés si celle-ci était publiée en libre accès. Par comparaison, 15 % des répondants ont indiqué qu’ils seraient plus enclins à soumettre un article pour publication à la revue si celle-ci était en libre accès.

Qu’en serait-il de la consultation du contenu ? Les abonnés seraient-ils plus ou moins portés à consulter le contenu de la revue si elle était offerte en libre accès ? Seulement 3 % des répondants ont affirmé qu’ils seraient moins portés à consulter le contenu de la revue si elle était offerte en libre accès. À l’opposé, 18 % des répondants affirment qu’ils seraient plus portés à consulter le contenu de la revue. Pour la vaste majorité des répondants (79 %), cela n’aurait aucun effet.

Finalement, le libre accès à la revue compromettrait-il l’abonnement à la SQSP ? Il est important ici de rappeler qu’un abonnement à la SQSP offre automatiquement un abonnement à la revue Politique et Sociétés. Dans la même foulée que les deux questions précédentes, 5 % des répondants ont indiqué qu’ils ne renouvèleraient pas leur abonnement à la SQSP si la revue Politique et Sociétés était offerte en libre accès. Fait important, par contre, si les trois quarts des répondants ont affirmé qu’ils renouvèleraient leur abonnement à la SQSP, 20 % des répondants ont néanmoins répondu qu’ils ne savaient pas s’ils renouvèleraient leur abonnement à la SQSP advenant le libre accès à la revue Politique et Sociétés.

Le troisième défi a trait à la vocation de la revue et à son contenu. Les résultats de la section précédente concernant le grand intérêt pour le contenu de la revue sont impressionnants puisque celle-ci semble devoir répondre à des conceptions différentes quant à sa vocation. Comme le tableau 5 le démontre, si la grande majorité des répondants (82 %) s’entendent pour dire que Politique et Sociétés est une revue généraliste, ils sont divisés sur sa vocation « géographique ». Effectivement, 49 % des répondants qualifient Politique et Sociétés de revue « francophone internationale » et 45 % la qualifient plutôt de revue « québécoise ». Le troisième défi de la revue concerne donc la conciliation de deux visions divergentes quant à sa vocation.

Tableau 5

La vocation et le contenu de Politique et Sociétés

La vocation et le contenu de Politique et Sociétés

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Il apparaît important de prendre note de ce clivage au niveau de la vocation de la revue puisqu’il sous-tend possiblement des attentes distinctes des abonnés quant au contenu de la revue. Nous notons d’ailleurs clairement cette tension lorsque nous interrogeons les abonnés quant à l’importance du contenu québécois dans la revue. Ainsi, les données du tableau 5 indiquent que pour 30 % des répondants il est très important d’offrir du contenu québécois. À l’inverse, 32 % des répondants indiquent qu’il est peu ou pas important d’offrir du contenu québécois dans la revue. Finalement, un dernier tiers (38 %) indique qu’il est assez important d’offrir du contenu québécois.

Cette tension quant à la vocation et au contenu de la revue s’exprime aussi par les commentaires volontaires exprimés par nos répondants à la fin du sondage. Près de 40 % des participants ont choisi de nous faire part de commentaires détaillés et la grande majorité de ceux-ci exprimaient clairement une polarisation entre, d’une part, le besoin de se recentrer sur une perspective et un contenu québécois et, d’autre part, le besoin de cibler un lectorat international. La vocation et le contenu de la revue (québécois ou international) constituent donc des enjeux importants auxquels le conseil de rédaction devra répondre dans les années à venir.

Conclusion

Comment les abonnés de Politique et Sociétés utilisent-ils et évaluent-ils la revue ? Comment entrevoient-ils l’avenir de la revue et certains défis auxquels la revue devra faire face ? Le bref sondage que nous avons effectué l’automne dernier nous permet de développer un début de réponse à ces questions.

Dans l’ensemble, notre coup de sonde auprès des abonnés de la revue nous suggère que Politique et Sociétés semble répondre à leurs besoins. Non seulement les abonnés nous ont indiqué que le contenu leur paraissait intéressant et qu’ils lisent et utilisent les articles de la revue dans leur vie professionnelle, mais les membres sont aussi activement impliqués dans la construction de la revue, soit en tant qu’auteur ou évaluateur. La revue semble donc atteindre son objectif, soit être un lieu de diffusion et d’échanges pour la recherche francophone en science politique du Québec et d’ailleurs dans le monde.

Cela ne signifie pas pour pourtant que Politique et Sociétés ne fait face à aucun défi. Plusieurs enjeux importants se posent pour l’avenir. Politique et Sociétés doit-elle abandonner son édition papier ? Doit-elle donner le libre accès à son contenu ? Si oui, quelles seront les conséquences de ces changements pour la publication et la consultation de la revue ? Notre brève enquête suggère que la majorité des membres sont prêts pour de tels changements. Par contre, ces derniers pourraient avoir des conséquences importantes sur le nombre d’abonnés et donc, aussi sur les finances de la revue.

Autrement, quelle est la vocation de la revue ? Politique et Sociétés est-elle d’abord et avant tout une revue québécoise ou une revue francophone ? Ces deux vocations trouvent écho également au sein de nos abonnés actuels. La conciliation de ses deux visions divergentes sera un enjeu important pour les années à venir.

Ces questions concernant l’accès à la revue et sa vocation sont importantes, car les réponses ne sont pas sans conséquence. En effet, les organismes subventionnaires des périodiques scientifiques tels que le Fonds de recherche du Québec – société et culture (FRQSC) s’attendent de plus en plus à ce que les résultats de la recherche soient accessibles au grand public et que le contenu de la revue ait une saveur locale.