Comptes rendus

Randall E. Auxier, Douglas R. Anderson et Lewis Edwin Hahn (dir.), The Philosophy of Hilary Putnam, Chicago Ill, Open Court, 2015, 948 p.[Record]

  • Pierre-Yves Rochefort

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  • Pierre-Yves Rochefort
    Cégep de l’Outaouais

Cet ouvrage, consacré à la philosophie d’Hilary Putnam, est le tout dernier volume de la prestigieuse collection The Library of Living Philosophers lancée par Paul Arthur Shilpp en 1939. L’objectif de cette collection est de permettre à des philosophes ayant marqué l’histoire récente de leur discipline de réagir de leur vivant à la réception de leur oeuvre par leurs contemporains. Comme l’indique l’introduction générale de la collection, c’est d’abord et avant tout la compréhension de la pensée du philosophe qui est visée, plus que l’exacerbation des controverses qu’elle peut susciter (p. 68). Évidemment, la compréhension doit parfois passer par la polémique, et c’est pourquoi l’on retrouve une part d’essais critiques au sein de ce collectif. Comme son objectif principal réside davantage dans l’élucidation que dans la mise en question des thèses du philosophe à l’étude, c’est dans cette optique que nous aborderons cet ouvrage. Il ne s’agit pas de nier la pertinence de sa dimension critique. Mais si chaque essai qui y est présenté peut mériter la considération du spécialiste intéressé par la problématique particulière qu’il aborde, l’intérêt premier d’un tel ouvrage, envisagé dans sa globalité, réside davantage dans l’éclairage qu’il peut apporter à la lecture de l’oeuvre d’un penseur que dans son apport direct aux différents domaines de la pensée philosophique qui y sont abordés. Pour atteindre l’objectif mentionné plus haut, les éditeurs ont privilégié une stratégie consistant à établir un dialogue entre le philosophe à l’étude et ses plus importants commentateurs contemporains. Pour cette raison, le coeur de l’ouvrage est constitué d’une série d’essais sur la pensée de Putnam, chacun suivi des réactions de ce dernier. L’ensemble des contributions est précédé d’une autobiographie intellectuelle de la main du philosophe et suivi de la bibliographie complète de son oeuvre. Compte tenu de l’étendue du champ d’investigation de Putnam, la deuxième partie de l’ouvrage ne compte pas moins de vingt-six essais répartis en cinq sections portant respectivement sur la philosophie et les mathématiques, la logique et le langage, l’être et la connaissance, la philosophie pratique et l’influence du pragmatisme sur la pensée de Putnam. Si l’on y additionne l’autobiographie, les commentaires du penseur, deux introductions et une préface, nous avons affaire à une publication volumineuse de 948 pages. La densité du propos de chacun des essais rend impossible un commentaire détaillé de l’ouvrage. Pour cette raison, nous nous contenterons d’indiquer brièvement les éléments qui nous semblent mériter l’attention. Il est évident qu’une telle publication s’adresse au lecteur averti, nous présupposerons donc pour cette recension une connaissance préalable de la pensée de Putnam. On connaît bien les difficultés de l’oeuvre de Putnam. D’abord, la subtilité de certains de ses arguments, mais surtout le caractère avant-gardiste de ses thèses ont bien souvent eu pour effet de susciter la polémique lors de leur publication, même si plusieurs d’entre elles obtiennent aujourd’hui l’adhésion d’une majorité de philosophes. Une autre difficulté de l’oeuvre de Putnam réside dans l’étendue du territoire philosophique qu’elle couvre. Ce dernier a apporté, tout au long de sa carrière, d’importantes contributions à autant de domaines que la philosophie de la logique et des mathématiques, la philosophie de l’esprit, la philosophie du langage, l’épistémologie générale, l’éthique, la philosophie de la religion, en plus d’avoir publié de nombreuses études sur le positivisme logique, Wittgenstein et le pragmatisme. Mais au-delà de ces difficultés, on doit dire que Putnam n’a jamais hésité à changer d’avis sur les différentes questions qui l’ont intéressé durant toute sa carrière, de telle sorte qu’une lecture pertinente de son oeuvre, totale ou partielle, nécessite d’entrée de jeu une certaine réflexion autour de son itinéraire philosophique. Pour toutes ces …

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