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Polymorphismes de Plasmodium vivaxComment les interpréter ? Quelles incidences en santé publique aujourd’hui ?Polymorphisms in Plasmodium vivax. How to interpret ? What consequences in health cure system ?[Record]

  • Dominique Labie

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  • Dominique Labie
    Inserm U.567,
    Institut Cochin,
    24, rue du Faubourg Saint-Jacques,
    75014 Paris, France.
    labie@cochin.inserm.fr

La fréquence du paludisme a au moins doublé au cours des trente dernières années. Touchant actuellement près de 500 millions de personnes par an, le paludisme est responsable de plus d’un million de décès, majoritairement en Afrique. L’explication en est sans doute l’interférence de plusieurs facteurs : résistance des parasites aux médicaments utilisés, résistance des moustiques vecteurs aux insecticides, changements climatiques, mais aussi facteurs sociaux tels que l’instabilité politique, la carence des services de santé et la pauvreté [1]. L’urgence du problème explique sans doute la multiplicité des abords, au premier chef desquels la recherche d’un vaccin. Une majorité de travaux ont été consacrés au Plasmodium falciparum, le seul massivement létal. Le Plasmodium vivax reste, cependant, le parasite dont la répartition est la plus étendue, responsable de 70 à 80 millions de cas morbides chaque année. Il est responsable, en très large part, de la morbidité du paludisme en Asie centrale, du Sud et du Sud-Est, en Amérique latine et au Moyen-Orient. En Afrique, il n’est observé que dans les régions orientales ou du sud. Sa presque inexistence en Afrique occidentale et centrale s’explique par l’absence de l’antigène Duffy, récepteur érythrocytaire normal des protéines de surface du mérozoïte de P. vivax. Ces données épidémiologiques et la fréquence accrue des déplacements font aussi craindre sa réémergence dans des régions d’où le paludisme a été éradiqué, mais où le vecteur potentiel de sa transmission existe toujours. Les conséquences, bien que moins immédiatement dramatiques, sont importantes, tant pour la politique de santé qu’au niveau économique. Un obstacle majeur aux travaux de recherche est encore l’absence d’un système de culture en continuité du parasite et la nécessité d’entretenir les souches dans les érythrocytes de singes [2]. Un projet de séquence du génome, à l’instar de ce qui a été fait pour le P. falciparum, est en cours, mais n’a encore que des résultats partiels [3]. C’est à partir de séquences identifiées que différentes équipes ont entrepris la recherche de polymorphismes sur des souches de P. vivax originaires de différentes régions dans le monde. Ce type de travail a un double intérêt. Il permet d’étayer les hypothèses concernant l’évolution du parasite et la transmission éventuelle d’un continent à un autre. Il est aussi indispensable dans la recherche de séquences codant pour des protéines de surface qui seraient éventuellement les cibles d’une approche vaccinale. Les résultats sont encore fragmentaires, ils nécessitent d’être comparés entre eux car ils peuvent, en effet, paraître discordants. Un premier travail, en 2000, mettait en évidence le polymorphisme de deux antigènes exprimés en surface [4]. En 2002, une série de travaux portait à nouveau sur le gène codant pour la protéine de surface 1 du mérozoïte, msp-1, Ces travaux ont été menés, notamment, en Italie à l’occasion d’un cas de paludisme apparemment autochtone observé en Toscane [5]. Une autre série d’observations est un travail collectif, coordonné au Japon, mais impliquant plusieurs pays d’Extrême Orient [6]. Tous se référaient à deux séquences de référence identifiées en Asie et au Brésil. Ils concluaient à l’existence d’un polymorphisme très important de MSP-1 et de recombinaisons multiples au niveau du gène. Dans la perspective d’une stratégie vaccinale, et pour comprendre l’apparition de souches résistantes aux médicaments, une équipe américaine du National Institute of Health a ensuite entrepris, sur quatre souches d’origine différente (Inde, Thaïlande, Brésil, Salvador), l’étude comparative d’une séquence de 100 kb, contenant de 18 à 26 gènes [7]. Les auteurs identifiaient, dans ce segment chromosomique, 191 polymorphismes ponctuels (SNP, single nucleotide polymorphisms) et 44 polymorphismes dus à des répétitions de taille variable. Ces polymorphismes étaient répartis de façon inégale, …

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