NouvellesNews

Le devenir des cellules SDFThe fate of homeless cells[Record]

  • Olivier Meilhac and
  • Jean-Baptiste Michel

…more information

  • Olivier Meilhac
    Inserm U.460,
    CHU Xavier Bichat,
    secteur Claude Bernard,
    46, rue Henri Huchard,
    75877 Paris Cedex 18, France.
    meilhac@bichat.inserm.fr

  • Jean-Baptiste Michel
    Inserm U.460,
    CHU Xavier Bichat,
    secteur Claude Bernard,
    46, rue Henri Huchard,
    75877 Paris Cedex 18, France.

L’anoïkis, du grec ancien « sans domicile fixe », représente un mode d’élimination physiologique des cellules par un mécanisme d’apoptose consécutif à une rupture des communications entre une cellule et son environnement ((→) m/s 2005, n° 2, p. 117). D’abord décrite pour des cellules épithéliales [1, 2], cette apoptose par détachement a été identifiée depuis dans d’autres types cellulaires, épithéliaux ou mésenchymateux. Alors qu’un excès de mort par anoïkis observé dans un contexte protéolytique (dans lequel les communications cellules-ma-trice extracellulaire sont rompues) participe aux maladies dégénératives, à l’inverse, une résistance marquée au phénomène d’anoïkis permet aux cellules cancéreuses de se disséminer. Les communications entre la matrice extracellulaire et les cellules s’effectuent essentiellement via les intégrines, hétérodimères qui, selon les isoformes qui les composent, ont des affinités plus ou moins prononcées pour la fibronectine, la vitronectine, le collagène… Cette liaison entre les intégrines et les protéines de la matrice extracellulaire est à l’origine d’une cascade de signaux inhibant l’apoptose. Le domaine intracellulaire des intégrines (notamment la sous-unité β) recrute des protéines se liant au réseau d’actine, ainsi que des protéines de signalisation comme FAK (focal adhesion kinase) et ILK (integrin linked kinase). L’activation de la sérine-thréonine kinase Akt est à l’origine de signaux anti-apoptotiques conduisant à l’inhibition de la transcription de gènes pro-apoptotiques et à l’activation de celle de gènes anti-apoptotiques. De plus, Akt, en phosphorylant Bad, inhibe sa dimérisaton avec Bcl-2, qui peut jouer son rôle anti-apoptotique au niveau mitochondrial (pour revue, voir [3]). L’absence de signaux de survie, comme dans le cas d’une rupture des liaisons matrice extracellulaire-intégrines, débride la transcription de gènes pro-apoptotiques et inhibe la fonction de protéines anti-apoptotiques comme Bcl-2, qui s’héterodimérise avec Bad. La « tensé-grité » (de l’anglais tensional integrity) correspond aux forces de tension produites par les communications entre le cytosquelette et l’environnement cellulaire (jonctions intercellulaires ou cellule-matrice) ; elle participe à l’envoi de signaux de survie, puisque, lorsque les microfilaments d’actine et les microtubules sont dissociés, un programme d’apoptose impliquant des voies similaires à l’anoïkis est mis en route [4]. Enfin, les communications intercellulaires impliquant les cadhérines dans les tissus semblent également être importantes dans l’envoi de signaux de survie. Les cadhérines-E pourraient, par l’activation du récepteur de l’epidermal growth factor (EGF), augmenter l’expression de Bcl-2 [5]. La perte de telles interactions participerait au déclenchement du phénomène d’anoïkis(Figure 1). Si beaucoup de travaux portent sur la signalisation intracellulaire associée au processus d’anoïkis, peu d’études s’intéressent aux communications extracellulaires du détachement. Même dans les situations d’anoïkis physiologique comme le renouvellement d’un épithélium, les événements déclencheurs du détachement de la cellule de son support sont mal connus. Différents médiateurs extracellulaires de l’anoïkis ont été proposés dans les maladies cardiovasculaires où l’apoptose est impliquée, comme la désendothélialisation, l’insuffisance cardiaque, la fragilisation de la plaque d’athérome et la disparition des cellules musculaires lisses dans les parois anévrismales [6]. L’excès d’activité protéase joue un rôle majeur dans la rupture des communications entre cellules et matrice péricellulaire ; ces protéases peuvent être d’origine inflammatoire (élastase, cathepsines, chymase, tryptase, granzymes) ou résulter de l’activation de zymogènes (activation du plasminogène, de la prothrombine…) [7-9]. Ces phénomènes d’activation tissulaire sont en majeure partie dus à la liaison de ces enzymes à des structures macromoléculaires (gel de fibrine, membranes cellulaires, substances amyloïdes), liaisons qui les rendent en partie inaccessibles à leurs inhibiteurs naturels circulants. Alors qu’un excès d’anoïkis mène à des situations pathologiques dégénératives, avec une raréfaction cellulaire et une accumulation de matrice de remplacement, la survie des cellules détachées de leur …

Appendices