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Bandia, Paul F., ed. (2014) : Writing and Translating Francophone Discourse : Africa, The Caribbean, Diaspora. Amsterdam/New York : Rodopi, 235 p.[Record]

  • Kornebari B. Kumbe

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  • Kornebari B. Kumbe
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Publié sous la direction de Paul F. Bandia, Writing and Translating Francophone Discourse : Africa, The Caribbean, Diaspora est un numéro de TEXTXET dirigé par Cedric Barfoot et Theo H’haen. L’ouvrage met en évidence l’intersection symbiotique entre des recherches en études françaises et francophones, et des recherches en traductologie. Les auteurs s’inspirent des concepts développés dans plusieurs domaines tels la littérature, la production de films, les documents historiques, ainsi que les théories critiques de certains philosophes français et francophones. Ils ont en commun leur intérêt pour la traduction et sa conceptualisation en tant que pratique interlinguale et métaphore pour la communication interculturelle et transculturelle. L’ouvrage comporte une introduction, dix chapitres, des notices biographiques et un index. L’introduction de Paul F. Bandia, présente les fondements théoriques et les concepts à la base de l’ouvrage. Dédié à la mémoire d’Édouard Glissant, philosophe martiniquais décédé avant la publication de l’ouvrage, Writing and Translating Francophone Discourse est, en partie, inspiré de la Poétique de la relation et du concept de Tout-monde de Glissant. À la base de l’ouvrage figurent d’autres théories et concepts tels que le concept de bi-langue et bi-culture d’Abdelkébir Khatibi, le monolingualisme de l’Autre de Jacques Derrida, la littérature mineure de Gilles Deleuze et Félix Guattari, et les réflexions féministes de Hélène Cixous. Bandia remarque que les auteurs perçoivent la traduction comme un paradigme pour analyser les discours de représentation de l’altérité dans les textes qui portent sur l’Afrique, la Caraïbe et la Diaspora à travers la littérature, l’art en général, le cinéma, la danse et d’autres modes d’expression culturelle. Dans le premier chapitre, « From the French Antilles to the Caribbean : ‘Translation’ Within the Francophone Realm », Lieven D’hulst examine les rapports géopolitiques et linguistiques entre l’historiographie littéraire antillaise et caraïbe, et la langue française dans l’espace de la francophonie. D’hulst souligne la fonction de la langue en tant que véhicule de rapports entre les littératures et les cultures caraïbes. Il affirme que la traduction constitue un outil pour la créolisation et le métissage culturel ainsi que pour l’intégration, soit un concept élargi de la traduction interlinguale qui réunit une gamme de pratiques interculturelles et intersémiotiques. Une telle conception de la traduction rapproche l’acte de traduire et celui d’écrire de manière à échapper aux frontières linguistiques établies par les institutions. Ensuite, D’hulst remet en question les concepts de ‘intranslation’ et ‘extranslation’ pratiqués au sein de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) qui exclut la création des partenariats avec les communautés caraïbes. Le contexte décrit par D’hulst présente des alliances complexes entre des pratiques, concepts, institutions éditoriales et pédagogiques, et stratégies institutionnelles de la traduction interlinguale et la traduction culturelle. Dans le chapitre 2, « A ‘Flavor of Diversity’ : Intercreation and the Making of a Mosaic-Whole », Christine Raguet s’inspire de la notion de ‘perception de la diversité’ développée par Victor Segalen dans Essai sur l’exotisme (1978) pour aborder la problématique de la perception de l’Autre en traduction. Pour renforcer son argument, Raguet cite Antoine Berman qui déclare que « the language of the original shakes with all its liberated might the translating language » (p. 39) ainsi que Louis Cordonnier qui a défini les concepts de ‘ouvertude’ (openity) et ‘fermetude’ (closity) pour dénoncer la notion d’exotisme associée à l’ethnocentrisme. Raguet s’appuie sur le concept d’anthropophagie d’Oswald De Andrade dans Manifesto Anthropófago (1928), et d’Else Ribeiro Pires Vieira et Haroldo de Campos pour exposer le rapport exotisme/traduction/interculturalisme. Pour critiquer les stratégies de normalisation employées par les traducteurs, Raguet présente des extraits des traductions de deux romans anglo-jamaicains, All the Blood Is Red de Leone Ross …

Appendices