DocumentationComptes rendus

Chalvin, Antoine, Lange, Anne et Monticelli, Daniele (dir.) (2011) : Between Cultures and Texts/Entre les cultures et les textes. Itineraries in Translation History/Itinéraires en histoire de la traduction. Frankfurt am Main : Peter Lang, 320 p.[Record]

  • Hanane Belgaid

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  • Hanane Belgaid
    Université Ibn Tofaïl, Kénitra, Maroc

L’ouvrage rassemble 24 des 42 contributions retenues pour la conférence qui s’est tenue à l’Université de Tallinn (Estonie) en collaboration avec le Centre d’étude de l’Europe médiane CEEM de l’INALCO (Paris) et l’Université de Tartu les 9 et 10 avril 2010. Le recueil offre un éventail large et diversifié traitant, d’une part, de l’histoire et de la théorie de la traduction et, de l’autre, de la traduction dans l’histoire. C’est Theo Hermans qui ouvre l’ouvrage par une introduction fort intéressante qu’il titre « How is translation possible ? ». L’accent est mis sur la difficulté de traduire un contexte étranger. Les trois exemples d’expériences traductives (« thick translation ») qu’il cite représentent parfaitement ce que Leon de Kock appelle « unresolved heterogeneity » (p. 12) ; les écarts idéologiques rendent la tâche de traduction laborieuse et malaisée. La traduction n’enregistre pas les correspondances qui existent entre les langues et les cultures, mais elle les crée. Hermans recense ensuite les théories qui, d’après lui, participent activement à l’écriture de l’histoire de la traduction et qui sont : 1. la théorie du polysystème d’Itamar Evan-Zohar et son structuralisme dynamique à multifacettes qui permet de mieux cerner les variables socioculturelles dans le temps et dans l’espace ; 2. la théorie de l’action de Pierre Bourdieu qui décrit les comportements des individus ou des groupes sociaux de manière rationnelle ; 3. la théorie narrative et la théorie de l’évolution avec ses trois axes : variation, sélection et stabilisation. Les directeurs ont réparti les communications en trois blocs thématiques, allant de l’histoire de la traduction dans l’Europe médiane — à quelques exceptions près — en passant par la traduction dans l’histoire de l’Estonie, pour finir avec plusieurs études de cas à l’international. Nous reprendrons, ici, cet ordre : 1. Théorie, méthodologie, état de la recherche (9 articles, dont 4 en français) ; 2. Histoire de la traduction en Estonie (9 articles tous en anglais) ; 3. Études de cas (4 articles en anglais et 2 en français). Outre son apport théorique non négligeable, ce livre est un vrai carnet de voyage traductologique en Europe médiane (Hongrie, Bulgarie, Ukraine, Slovénie et Estonie), mais qui nous emmène aussi en Italie, au Royaume-Uni, en Turquie, au Mexique et à Hong Kong. Le premier article signé Peeter Torop « History of translation and cultural autotranslation » tente de répondre à la question : que signifie le processus de traduction du point de vue méthodologique ? La notion de traduction « totale » lui est très chère. Par « totale », il entend une description exhaustive d’une langue, et ceci ne peut se faire qu’en multipliant les traductions. Certes, cela ne veut pas dire qu’on ne peut décider de privilégier une production traductive au détriment d’une autre, mais, plutôt, de chercher à comprendre quelles parties de la culture émettrice ont été traduites, et à l’inverse, quelles en sont les pertes. Dans la deuxième communication, Christophe Rundle nous fait sortir des sentiers battus des études traductologiques ou plutôt nous fait voyager à contre-courant ! Il nous invite à explorer la traduction dans l’histoire. Une invitation au voyage dans l’Italie fasciste des années 1930 et 1940 où le polar comme genre littéraire et le mouvement néoréaliste se sont propagés grâce à, ou à cause de — diraient les fascistes ! — l’influence des importations littéraires étrangères qui étaient majoritairement américaines. La traduction n’était pas considérée comme une menace au fascisme, du moins pas avant 1938, date à laquelle le racisme officiel est proclamé dans l’Italie mussolinienne. La culture fasciste est présente, mais la traduction comme moyen d’importation continue son petit bonhomme de …

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