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Hamilton, Grant et Lavallée, François (2012) : Tweets et gazouillis : pour des traductions qui chantent. Montréal : Linguatech éditeur inc., 163 p.[Record]

  • Michel Buttiens

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  • Michel Buttiens, Trad. A.
    Montréal, Québec

À l’heure où les Kim Thúy, Bernard Pivot et Alexandre Jardin se lancent dans la Twitterature et écrivent des romans ou des nouvelles (allez savoir) de 140 caractères, voilà que deux réviseurs québécois publient un recueil de conseils aux traducteurs sous la même forme condensée. Grant Hamilton et François Lavallée sont deux figures bien connues de la traduction à Québec, au Québec et au-delà de ses frontières, deux réviseurs respectés à juste titre. Le recueil qu’ils nous proposent renferme de nombreuses pistes de solutions des plus intéressantes. C’est la maison d’édition Linguatech qui s’est occupée de la livrée : typographie impeccable, mise en page soignée, jaquette élégante, couverture rehaussée d’une reproduction d’une oeuvre de Robert Dubuc. Un bel objet en somme, qui allie l’utile à l’agréable. En quatrième de couverture, l’acheteur potentiel est informé que l’ouvrage comprend un index de 3 000 entrées, soit en gros 40 pages sur les 160 que comporte le recueil. C’était en somme le prix à payer pour passer de deux outils virtuels à indexation intégrée, des fils Twitter, à un mode de présentation plus traditionnel sans perte de terrain sur le plan de la convivialité. Indépendamment de la qualité de l’ouvrage, on pourrait remettre en question la pertinence de sa publication même sous format papier. Si, comme l’a déclaré le co-fondateur de l’Institut comparé de twittérature, Jacques Fréchette, avec Twitter, « chaque chair de poule devient prétexte d’une expression », est-il pertinent d’en publier un recueil ? Loin de constituer de l’acharnement pédagogique, cette transition témoigne plutôt selon moi d’un désir candide de faire profiter le plus grand nombre de judicieux conseils de réviseurs hors pair, comme l’exprime François Lavallée, ainsi que d’une ouverture vers les médias modernes de Linguatech. La démarche de Grant Hamilton était encore plus directe : c’est la réponse à la question « en quoi Twitter peut-il aider les traducteurs ? » qui a mené à la publication de l’ouvrage. D’emblée, les deux auteurs reconnaissent la contrainte souvent décriée du nombre de caractères tout en soulignant les conséquences heureuses de cette restriction : limpidité de l’expression, facilité de mémorisation et court-circuitage des argumentations. Il leur arrive toutefois de contourner cette difficulté en consacrant plusieurs gazouillis au même terme : Grant Hamilton décortique le terme rassembleur en 6 fois 140 caractères (tweets 482 à 487) alors qu’il en consacre 4 au terme mandat (361 à 364). François Lavallée, souvent porté à faire travailler son lecteur par ailleurs, abuse moins de ces séries d’instantanés sans mise en contexte. À la réflexion, avec ces séries de gazouillis consacrés à un même terme, on n’est pas très loin d’un court article dans un ouvrage plus traditionnel du type Le traducteur averti ou Les trucs d’anglais qu’on a oublié de vous enseigner. À l’instar de la bande dessinée, où une série de gags en une case d’André Franquin, par exemple, tout en permettant d’aborder sous divers angles les mêmes facettes de son personnage Gaston Lagaffe, n’a pas la même saveur qu’une bande dessinée en une planche, ces séries de tweets demeurent des images autonomes ; il y manque le « récit », que le lecteur doit trouver par lui-même. Les deux auteurs adoptant à l’occasion des points de vue différents, il peut être utile d’examiner séparément leur démarche. Les tweets de Grant Hamilton présentent souvent l’avantage d’être très pratiques, et il a pris grand soin de les classer en 76 catégories précises si l’on excepte l’inévitable fourre-tout du type General Advice. Voici une entrée typique : « 342 Conférence : A FR conférence is a talk or lecture in EN, whereas an EN …

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