DocumentationComptes rendus

Gile, Daniel (2005) : La traduction : la comprendre, l’apprendre. Paris : Presses universitaires de France, 278 p.[Record]

  • Chantale Marchand

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  • Chantale Marchand
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Après Basic Concepts and Models in Translation and Interpretation Training (1995), Daniel Gile nous offre un ouvrage entièrement consacré à la traduction. On y trouve encore une fois les concepts et modèles chers à l’auteur et le même souci d’exposer en toute transparence ce qui se passe dans la salle de classe. L’ouvrage, qui se veut à la fois un outil de travail pour les pédagogues et un recueil de renseignements pour les étudiants en traduction, est divisé en huit chapitres. Gile se penche tour à tour sur l’enseignement de la traduction, la qualité, la fidélité, un modèle séquentiel de la traduction, l’acquisition de connaissances ad hoc, les langues de travail, des éléments de didactique et, enfin, des éléments de traductologie. La macroanalyse des textes à traduire est envisagée sous un angle résolument fonctionnaliste avec un accent important mis sur la loyauté professionnelle et la fidélité. Gile présente ainsi les difficultés auxquelles est confronté le traducteur dans cette quête, lesquelles incluent notamment la prise en compte des « informations personnelles » (lapsus, maladresses, mauvais choix terminologiques ou régionalismes traduisant l’origine de l’énonciateur) et leur inclusion ou omission selon la fonction du texte. Sous l’intitulé « La qualité de la traduction professionnelle : les fondements » (chapitre II), l’auteur fournit une excellente synthèse des principes de l’approche fonctionnaliste et du concept de skopos en illustrant par des exemples concrets comment les diverses « fonctions communicationnelles centrales » (p. 42) peuvent affecter les choix du traducteur. Il se penche également sur les fonctions de base (informer, expliquer et convaincre) tout en montrant que les intentions du lecteur peuvent elles aussi être diverses ; dans le domaine politique, par exemple, celles-ci consisteront parfois à vérifier si la totalité de l’information du texte original se retrouve dans la traduction, quelles informations ont été retenues ou la façon dont celles-ci ont été présentées. Cette approche fonctionnaliste, outre l’influence qu’elle exerce sur les décisions du traducteur, comporte l’avantage de « [l]’éloigner sensiblement […] d’une stratégie de correspondances linguistiques » (p. 46), observe Gile. Le traducteur, surtout s’il n’est pas rompu à l’exercice de la profession, a besoin de critères pour évaluer son travail. Gile en fait une liste lorsqu’il aborde la qualité en traduction (chapitre III). Par une équation mathématique, il montre que la qualité correspond à une somme de paramètres textuels et de paramètres extratextuels. Les premiers incluent la correction linguistique, la clarté, la justesse terminologique, les correspondances entre les textes d’arrivée et de départ et la présentation graphique ; les seconds comptent quant à eux la rapidité de la traduction, son coût, la qualité du contact avec le traducteur et la disponibilité de ce dernier. Pour chacun des paramètres, il existe un seuil minimum d’acceptabilité, rappelle-t-il. Ce qui revient à dire que l’étudiant doit apprendre à répondre à chacun de ces critères jusqu’à un certain degré et combler ses lacunes au fil de sa formation. Dans un souci d’ordre pédagogique, Gile a recensé les principales fautes et maladresses des étudiants. Faisant de nouveau appel au « modèle séquentiel de la traduction » (chapitre IV) présenté dans son ouvrage de 1995, il suggère des moyens pour prévenir et corriger celles-ci. Pour éviter les fautes de sens, les apprentis sont invités à analyser le texte à traduire en formulant des hypothèses à propos de l’énoncé de départ. Pour chaque unité de traduction, leur jugement est mis à l’épreuve puisqu’ils doivent déterminer si la formulation choisie est plausible ou si des recherches ad hoc supplémentaires et une nouvelle reformulation sont nécessaires. Un recensement intéressant des principales faiblesses méthodologiques à l’origine de fautes et de maladresses chez …

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