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Bosseaux, C. (2007) : How Does It Feel ? Point of View in Translation, Amsterdam/New York, Rodopi, coll. “Approaches to Translation Studies”, volume 29, 247 p. [Record]

  • Serge Marcoux

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  • Serge Marcoux
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Depuis 2004, Charlotte Bosseaux enseigne la traduction à l’Université d’Édimbourg. Détentrice de plusieurs diplômes d’universités françaises et britanniques et auteure de plusieurs études sur Virginia Woolf, elle s’intéresse notamment à la théorie de la traduction, à l’utilisation des corpus en traductologie et à la narratologie. Dans cet ouvrage, où se rencontrent traductologie et narratologie, elle tente d’analyser la relation existant entre les personnages d’un roman et l’univers fictif dans lequel ils se meuvent, ce que Paul Simpson appelait en anglais le feel d’un récit. Nous apprenons à connaître ces personnages soit par la voix d’un tiers, le narrateur omniscient, soit par les dialogues ou monologues qui les mettent directement en scène, nous offrant leur point de vue ou perspective (le point of view auquel réfère le titre) à la première ou à la troisième personne. Si la traduction entraîne une modification du caractère d’un personnage, son univers fictif s’en trouvera-t-il remanié et, le cas échéant, à quel point ? C’est la question à laquelle l’auteure veut répondre en comparant, sur la base de corpus et de concordanciers, deux romans de Virginia Woolf, To the Lighthouse (1927) et The Waves (1931), et leurs traductions françaises. La première partie de l’ouvrage (chapitres 1, 2 et 3) est donc consacrée à l’élaboration d’un modèle théorique permettant de retrouver sur le plan du lexique et du style les traces que peut laisser un traducteur dans un texte. Le chapitre 4 nous présente Virginia Woolf et les deux romans auxquels sera appliqué ce modèle théorique. Enfin, les chapitres 5 et 6 exposent les résultats de la recherche, le premier en se concentrant surtout sur l’utilisation du discours indirect libre dans To the Lighthouse ; le deuxième sur les particularités lexicales et stylistiques des traducteurs dans The Waves. Depuis quelques années, les spécialistes de la narratologie ont concentré leurs recherches sur la question : « Qui parle à qui ? ». Curieusement toutefois, ils ont traité sur le même pied oeuvres originales et traductions, négligeant le fait que les oeuvres traduites s’adressent à un public linguistiquement et culturellement différent de celui pour lequel l’auteur a écrit, situation dont le traducteur se doit de tenir compte. De telle sorte que, pour reprendre la terminologie des formalistes russes et des structuralistes français, si l’histoire demeure essentiellement la même, le discours, lui, peut s’en trouver substantiellement modifié avec les conséquences qui en découleront sur l’univers fictif du récit. Au dix-neuvième siècle, les auteurs britanniques, Dickens en particulier, ont eu tendance à raconter l’histoire par la voix d’un narrateur omniprésent et omniscient. Les auteurs contemporains (pensons ici à Ian McEwan et à son Saturday) tentent plutôt de raconter leur histoire par le truchement des personnages qui nous dévoilent eux-mêmes leur caractère, leurs états d’âme et leurs pensées, ce qui a donné naissance à la technique du discours indirect libre, un discours indirect empruntant la forme du discours direct. Beaucoup plus fréquente en anglais qu’en français, cette technique peut difficilement se traduire littéralement et peut entraîner des glissements lorsque la voix du narrateur se superpose à celle d’un personnage. Il peut arriver que la présence du traducteur se révèle ouvertement soit par des notes de bas de page ou par des étoffements lorsque les contextes culturels exigent des explications. Le plus souvent toutefois, c’est la structure interne d’une langue qui exigera de lui des modifications par rapport au texte original. Enfin, la présence du traducteur peut se cacher derrière celle du narrateur et son identification ne sera perçue qu’à travers le « style » propre du traducteur, sorte d’empreinte digitale composée de stratégies de traduction et …

Appendices