Comptes rendus

García Garrosa, M. de J. y F. Lafarga (2004) : El discurso sobre la traducción en la España del siglo xviii : Estudio y Antología [Le discours sur la traduction en Espagne au xviiie siècle : Étude et anthologie], coll. « Problemática literaria 61 », Kassel, Reichenberger.[Record]

  • Álvaro Echeverri

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  • Álvaro Echeverri
    Université de Montréal, Montréal, Canada

De toute évidence, l’Espagne est un des pays qui participent le plus activement au développement de la traductologie dans ces premières années du vingt-et-unième siècle. S’il y a quelques années les traductologues se montraient méfiants devant le nombre croissant de programmes de traduction dans ce pays, aujourd’hui il faut se féliciter du travail des chercheurs espagnols dans les différents domaines de la traductologie. Un tel travail a trouvé dans des revues comme Sendebar, Hermeneus et Trans ainsi que dans un grand nombre de publications de parution récente son moyen d’expression et de transmission. Dans cet horizon de progrès continu et d’effervescence éditoriale, il faut compter l’ouvrage de María Jesús García Garrosa et Francisco Lafarga : El discurso sobre la traducción en la España del siglo XVIII : Estudio y Antología, publié en Allemagne. Le livre est organisé en trois grandes parties : une étude préliminaire, l’anthologie proprement dite, et deux appendices. Ce compte rendu ne porte que sur l’étude préliminaire dans laquelle les auteurs abordent le discours traductologique qui a caractérisé la pratique de la traduction entre 1731 et 1826 en Espagne, une des lacunes encore existantes dans l’histoire de la traduction en Espagne. Comme c’est le cas des études historiques de ce genre, cette étude est fondée, principalement, sur l’analyse de paratextes (prologues, notes du traducteur, avertissements des éditeurs, etc.) ainsi que de textes théoriques et critiques parus dans les revues et journaux de l’époque. L’anthologie présentée dans cet ouvrage est constituée de 139 textes produits, en général, par des praticiens qui se sont vus dans l’obligation de justifier leurs décisions de traduction en regard des difficultés posées par les textes auxquels ils devaient faire face. On ne peut pas parler de nouvelles théories vu que les réflexions de ces traducteurs ne sont que les échos des théories bien connues et des idées venues de l’étranger. D’après les auteurs, deux thématiques retiennent l’attention des traducteurs de l’époque. La sempiternelle dichotomie opposant liberté et fidélité à l’égard du texte de départ et la répercussion des oeuvres traduites sur le développement de langue de Castille. En ce qui concerne le débat entre fidélité et liberté, l’analyse des textes recueillis permet d’affirmer que les traducteurs ont fait de grands efforts pour trouver un équilibre entre la littéralité absolue et la complète liberté dans laquelle, selon Antonio de Capmany, un des auteurs qui a le plus réfléchi à propos de la traduction à l’époque, le traducteur oublie sa tâche et « au lieu de peindre quelqu’un d’autre se peint lui-même » (p. 7). La prédilection pour la fidélité ou la liberté semble ne pas être seulement du ressort du traducteur vu que la nature du texte à traduire détermine, en grande partie, la stratégie adoptée par les traducteurs. Les textes littéraires, de par l’importance de la forme, seraient plus aptes à des traductions libres alors que les textes de nature scientifique, technique, religieuse ou didactique, de par l’importance du contenu, demanderaient des traductions plus littérales. Quant aux questions nettement linguistiques, les auteurs remarquent d’une part que les « traductologues » de l’époque avaient déjà fait le constat que la compétence bilingue n’est pas une condition suffisante pour l’exercice de la traduction. Et de l’autre, que les praticiens ne sont pas arrivés à se mettre d’accord sur la prétendue supériorité (du point de vue de la qualité expressive) de certaines langues par rapport à l’espagnol. À ceux qui justifiaient leurs difficultés de traduction par une prétendue infériorité de l’espagnol par rapport au latin et au grec, s’opposent ceux qui considéraient qu’il était possible d’exprimer en espagnol n’importe quelle idée exprimée dans n’importe …