Comptes rendus

Wyler, L. (2003) : Línguas, poetas e bacharéis – Uma crônica da tradução no Brasil, Rio de Janeiro, Rocco, 158 p.[Record]

  • Denise Capra de Almeida

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  • Denise Capra de Almeida
    Université de Montréal, Montréal, Canada

À l’instar des autres pays de l’Amérique latine, le Brésil a commencé depuis quelques années à se pencher sur son histoire de la traduction. Des auteurs comme Paulo Ronai (1987), Else Vieira Pires (1998), John Milton (1993 et 2001), Pagano et Vasconcelos (2003) et Campos (2004) ont en effet abordé le sujet. Le présent ouvrage de Lia Wyler vient toutefois combler un vide criant. Il est en effet le premier à embrasser l’intégralité de l’histoire brésilienne de la traduction, plus précisément de 1500 à 1979. Si l’auteure se limite à un bien bref panorama de la pratique traductrice dans ce pays, elle a l’immense mérite, en pionnière, d’ouvrir de nombreuses pistes de recherche. Rappelons toutefois, avant tout chose, que Lia Wyler est désormais internationalement connue et reconnue pour ses adaptations créatives de Harry Potter. Traductrice des cinq volumes jusqu’ici publiés, Lia Wyler a recréé le jargon haripotérien pour le plus grand plaisir des Brésiliens. Contrairement à ce qu’indique son titre, ce livre est loin d’être une chronique, expression peut-être due à la modestie de l’auteure qui n’a vu dans son livre qu’un récit synthétique. Pourtant la minutie des données et la vision de l’ensemble font état d’une recherche en profondeur. Cet ouvrage est un exemple de vulgarisation scientifique, une synthèse habile, rédigée dans un portugais impeccable et accessible, tant pour les chercheurs intéressés que pour les non-initiés. Que Wyler se réfère à la vie culturelle et politique brésilienne, ou qu’elle expose les grands événements qui ont marqué la pratique traduisante, elle donne à son texte une direction : survoler de façon claire et concise l’histoire de la traduction au Brésil, en guise d’introduction aux travaux qui ne devraient tarder dans ce domaine encore vierge. L’ouvrage aurait pu être intitulé : Esquisse d’une histoire de la traduction au Brésil. Chez Wyler, le caractère informatif du texte permet aux lecteurs d’acquérir une connaissance de l’histoire du Brésil, nécessaire à la compréhension d’une perspective historique du domaine de la traduction et des horizons correspondants. L’auteure reconstitue, par exemple, la naissance et la consolidation de la profession de traducteur et d’interprète au Brésil, en abordant des sujets tels que le désintérêt des Portugais pour le développement intellectuel de la colonie, la dissémination de la langue tupi, l’établissement tardif de la première maison d’édition brésilienne (1808), la domination culturelle française et les différentes formes de censure. L’ouvrage couvre la période qui va de la découverte du Brésil par les Portugais (1500) à la reconnaissance légale de la profession de traducteur (1979). Après une brève introduction, six chapitres se succèdent qui semblent, par leur présentation, donner à l’ouvrage une progression chronologique ; en fait, celle-ci se fait plutôt d’une manière thématique. Lia Wyler fait ainsi ressortir la non-continuité, une caractéristique de l’histoire de la traduction au Brésil. Dans l’introduction, l’auteure aborde la traduction dans la presse et dans les universités brésiliennes, les différentes approches de la recherche historiographique au Brésil, les variables et les racines de l’invisibilité du traducteur. Le premier chapitre est consacré à l’histoire de la pratique de la traduction orale au Brésil ; y sont étudiés notamment le contexte linguistique, la définition des rôles et l’institutionnalisation de la profession d’interprète. Le deuxième chapitre porte sur la traduction écrite durant la période coloniale, c’est-à-dire de 1500 à 1808. Dans le troisième chapitre, le lecteur trouvera une présentation intéressante de la problématique de la censure et des droits d’auteur à l’égard des traductions faites au Brésil après l’installation de la cour portugaise à Rio entre 1808 et 1821. Le quatrième chapitre relate les succès de la traduction théâtrale (1779 à 1960) et des romans-feuilleton (à …

Appendices